Dès les premiers instants du procès, Madame Bouaré Fily a poignardé Soumeylou, dont le décès a été acté, pour une seconde fois. Même mise devant le fait accompli, comme elle-même insinue, la Maman nationale, n’a pu démissionner… Pendant ce temps, Ben Bouillé, à l’époque super argentier au trésor, n’a pu justifier l’écart de 15 milliards de FCFA à la comptabilité publique.
Quant à Nouhoum Dabitao, il a présenté plusieurs procès-verbaux, bordereaux d’ordres d’entrée et d’affectation des équipements. Lui aussi n’a pas pu justifier l’absence de montant relatif aux logos des FAMA. Et dire que Dabitao a présenté des documents de 2019 alors que l’affaire remonte à 2013, il y a de quoi être dubitatif.
Concernant Drabo, il a été entendu sur les décaissements liés à la formation, maintenance et transport des matériels. Le Général a été confondu aux dures réalités des chiffres avec le témoignage de Madame Diarra, membre de la commission de réception.
Dans une récente vidéo, l’avocat émérite Maître Kassoum Tapo a confirmé que l’ardoise atteignait la barre symbolique de 69 milliards pour l’avion présidentiel. Mais c’est la clairvoyance du Vérificateur général qui a décelé ce chiffre ronfleur finalement revu à la baisse à hauteur de 40 milliards de FCFA. Alors, où est le sérieux dans cette bataille de chiffres ? Était-ce un vol organisé ? Il semble que certains ont bel et bien léchés les babines…
C’est lors de l’intervention de Madame Koumba Diarra membre de la commission de réception que des incohérences dans la réception ont été constatées. En effet, deux tableaux faisant ressortir des dissonances ont été exposés, toute chose qui a soulevé des doutes sur la comptabilité matière du ministère de la « guerre ». Elle n’a pas pu expliquer ces écarts étant seulement membre de la commission de réception et ayant participé à cet exercice à six reprises.
Cependant, la Cour a été très prompte, intelligente et méticuleuse lorsqu’elle a redirigé les travaux sur une éventuelle double facturation et sur les frais de transport d’un montant de 9 milliards de FCFA. Chapeau à ses membres !
Pour Sow, Directeur des finances et du matériel, au ministère de la Défense, il lorgnait très peu les certificats fournis par le Général Drabo. C’était une passoire réglementée à l’aveuglette, sans contrôle. Tout était bienvenu dans la République du “Faussaire”… et de “l’obscurantisme”.
Dans la gestion de la Res publica, un cadre de l’administration n’a pas le droit de dire qu’il ne savait pas. Et comme si elle avait signé par compromission ou sous la menace d’un fusil, Madame Bouaré Fily Sissoko semble rattrapée par la théorie de l’imprévision et du risque.
Si, globalement, les prévenus tentent tant bien que mal d’apporter des preuves qui les disculpent, la transparence des procédures de réception des équipements et la légitimité des documents fournis permettent d’entrevoir des irrégularités qui sèment le doute dans l’esprit des juges. Comme si l’on était dans un scénario de film hollywoodien dont les protagonistes donnent l’impression d’être dans un réseau en bande organisée. Je pense que la justice malienne a tout à gagner dans ce procès afin de soigner davantage son image qui commençait à être écornée.
Issiaka SIDIBÉ