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Affaires « Avion présidentiel et équipement militaires » : Dossiers clos?

L’impunité s’érige en règle sous IBK. Un exemple parmi tant d’autres : les suites réservées aux scandales liés à l’achat de l’avion présidentiel et le contrat d’équipements militaires. En effet, plusieurs mois après que les dessous de ces sulfureux dossiers eurent été éventrés, c’est le statu quo qui prévaut malgré les promesses et autres déclarations du chef de l’Etat. Aucune tête n’est tombée comme on pouvait légitimement s’y attendre. Au contraire, les ministres, cadres et autres agents impliqués dans ces deux gros scandales s’en sont tirés à bon compte. Il se la coule douce… Pour l’opinion, le traitement réservé à ces dossiers traduisent à la fois le manque de volonté du chef de l’Etat de lutter contre la corruption et surtout de poursuivre certains membres du sérail.

avion boeing falcon luxe presidence malienne

IBK avait décrété 2014, l’année de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Abonné aux grosses expressions, il avait, lors d’un discours, tenu des propos que les Maliens gardent encore à l’esprit: «…au risque d’en faire une rengaine, j’insiste sur la gestion rigoureuse de nos deniers… La gestion rigoureuse de nos ressources passe par le contrôle de la corruption sur deux fronts : la lutte contre l’impunité et les réformes systémiques….Oui, je dis et redis que l’argent des Maliens est sacré et qu’il faut désormais l’utiliser à bon escient. C’est pourquoi, je décrète l’année 2014, année de la lutte contre la corruption… Nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Incha’Allah…».

Annonce circonstancielle ou non ? La question est posée. Et pour cause. Les Maliens aussi bien que le Fmi, qui avait recommandé des sanctions judiciaires à l’encontre des délinquants financiers, attendent toujours les poursuites pénales contre les ministres, cadres et autres agents cités dans des scandales, notamment l’achat de l’avion présidentiel et l’équipement des forces armées. Du coup, IBK a brisé le mythe de « kankelentigui » forgé autour de sa personnalité avant son accession au pouvoir.

Que dit le vérificateur général

Le préjudice financier causé à travers ces deux affaires, se passe pourtant de tout commentaire. Le rapport du vérificateur général sur le sujet, assorti de fortes recommandations, avait, en son temps, fait tombé plus d’un Malien des nues. Faut-il rappelé, ce rapport a recensé plusieurs irrégularités et anomalies qui ont ponctué le passage, l’exécution et reproche au ministre de la Défense et des Anciens combattant et celui de l’Economie et des Finances, au moment des faits, de passer, exécuter et régler irrégulièrement les deux contrats d’acquisition et de fourniture.

Le document a évalué le montant total des irrégularités financières à 28 549 901 190 FCFA dont 12 422 063 092 FCFA au titre de la fraude. Entrant dans les détails, le document mentionne que l’avion présidentiel aura coûté au total 18 915 933 276 FCFA dont 17 555 495 175 FCFA payés à la société AIC et relatifs au prix d’achat de l’aéronef incluant 100 dollars US de frais bancaires. 2 850 000 FCFA ont été payés à la société AIC relatif à la rémunération de l’agent fiduciaire. 1 028 039 063 FCFA ont été payés à la société Sky Colour au titre des frais de recherche. 329 548 538 FCFA ont été versés à la même Sky Colour relativement aux frais d’inspection de l’appareil, aux frais d’immatriculation, aux honoraires d’avocat, à l’armement de l’avion, à la maintenance et à la peinture de l’appareil, à l’achat de fuel pour convoyage de l’appareil à Bamako, etc.

Quant à la fourniture aux forces armées maliennes de matériels HCCA, de véhicules et de pièces de rechange, elle aura coûté 69 183 396 494 FCFA. Le Vérificateur général et ses collaborateurs imputent l’origine des irrégularités à l’ancien ministre de la Défense et des Anciens combattants, signataire des deux contrats et au ministre de l’Economie et des Finances. Ces deux autorités administratives ont fait une interprétation erronée et une application inappropriée de la disposition réglementaire relative à l’exclusion de certaines commandes publiques du champ d’application du Code des marchés publics (CMP).

Les auteurs non inquiétés

Dans le rapport, il est indiqué qu’il y a eu dénonciation des faits au procureur de la République par le Vérificateur général relativement au détournement et à la complicité de détournement de fonds publics par l’engagement irrégulier des finances publiques; à l’utilisation frauduleuse et au détournement de deniers publics d’un montant de 9 350 120 750 FCFA ; au délit de favoritisme ; au faux et à l’usage de faux ; au trafic d’influence ; aux fraudes fiscales portant sur le non-paiement des droits d’enregistrement et des redevances de régulation, en l’absence de toute autorisation légale d’exemption.

Depuis, Rien. D’ailleurs, des observateurs étaient, du reste,  unanimes à dire que cette affaire ne connaitrait aucune procédure judiciaire aboutissant à des sanctions à hauteur de souhait. Le temps semble leur donné raison. En effet, au-delà d’être éjectés du gouvernement, le 10 janvier dernier, les ministres soupçonnés se la coule douce. Aucun d’entre eux n’a encore (même une seule fois) fait le tour du bureau du juge du Pôle économique et financier qui aurait été, d’ailleurs, prié de freiner ses ardeurs, après avoir  lancé la machine des investigations. Et parmi les noms cités dans ces sulfureux dossiers, il y a l’ancienne ministre de l’Economie et des Finances, Bouaré Fily Sissoko ; Mahamadou Camara, ancien ministre de l’Economie numérique et de la Communication ; et de Moustapha Ben Barka, ex-ministre en charge de la promotion de l’investissement.

De la situation, les Maliens en déduisent que le régime IBK n’a aucune volonté politique réelle de poursuivre ces auteurs présumés. Une analyse abondamment corroborée par la nomination de Moustapha Ben Barka au poste de Secrétaire général adjoint de la présidence de la République. Et le fait que les ministres Fily Sissoko et Mahamadou Camara, après leur départ du gouvernement, continuent à sillonner les allées du pouvoir.

Un trou de 153 milliards CFA

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’on s’attendait à d’autres dérapages économiques. C’est ainsi qu’on avait pas fini d’ergoter sur ces scandales qu’est survenu la publication, le 4 mai dernier, des rapports 2013 et 2014 du Bureau du vérificateur général qui a (encore) révélé un trou de 153 milliards de FCFA de manque à gagner pour l’Etat malien engendré par une mauvaise gouvernance.

Le Vérificateur général avait, dans le cadre d’une politique de lutte contre la corruption et la délinquance économique et financière, proposé au chef de l’Etat trois sanctions majeures à l’encontre des corrupteurs et des corrompus : des sanctions administratives infligées par les autorités de tutelle, des amendes prononcées par les juridictions financières sur la base des infractions à la législation budgétaire et financière, et enfin, des poursuites pénales par les procureurs compétents. Ces recommandations sont restées, semble-t-il, dans la salle d’audience du palais de Koulouba. Puisqu’ jusqu’à ce jour, l’on a vu aucun cadre jugé pour des faits de corruption ou de détournements d’argent public. Le ridicule ne tue plus au Mali, comme clamé par IBK lui-même lors de la réception du rapport annuel 2012 du Végal.

Mais les Maliens se posent de nombreuses questions sur la volonté du président Keïta à dénouer certains dossiers compromettants pour des membres de son entourage. Aussi, l’on se pose des questions sur la teneur de certains discours d’IBK qui disait encore, il y a quelques jours (à l’occasion de la journée internationale de lutte contre la corruption), que « nul ne s’enrichira impunément sur le dos du Mali …Quiconque sera coupable d’une faute grave, qui qu’il soit, répondra devant le juge ». Pauvre Mali !

IBD

Source: L’Aube

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