Le dossier brûlant dit «affaire Mali Manganèse» fait aujourd’hui débat dans le secteur minier. Insécurité juridique au Mali ou le triomphe d’un faux décret ? Cette question mérite d’être posée. Toujours est-il que, selon certaines sources, dans ce sulfureux dossier, quatre ministres seraient impliqués. De quoi s’agit-il en fait ?
En 2008, par Arrêté n°08-3720/MEME-SG du 31 décembre 2008, le gouvernement du Mali avait attribué à la Société Métal Mass le permis de recherche pour le manganèse de Tassiga dans le Cercle d’Ansongo (région de Gao). Cela a permis, après quatre années de recherche et d’un important investissement à la Société Métal Mass, de produire un rapport à l’intention du gouvernement portant sur la teneur élevée du manganèse de Tassiga, les quantités disponibles en termes de tonnage.
Le gouvernement du Mali, satisfait de ce travail, attribua par décret N°2011-441/PM-RM du 15 juillet 2011, un permis pour l’exploitation par la Société Métal Mass du manganèse de Tassiga. L’article 3 de ce décret dispose que «la convention ainsi faite est établie pour 30 ans». Et l’article 5 du même décret dispose clairement que «le gouvernement du Mali ne pourra en aucune manière retirer la mine, sauf en cas de non-respect par Métal Mass des engagements souscrits». Ce qui est aussi important à signaler, c’est que Métal Mass, après les études effectuées par ses soins, vient à la conclusion que l’exploitation du manganèse de Tassiga peut s’étaler sur une durée de 70 ans, à raison de 30 000 tonnes par mois.
Or, voilà que, contre toute attente, la crise de janvier 2012 éclata. La Société Métal Mass qui, à peine débutait l’exploitation de la mine, fut contrainte de déguerpir et cela, sans avoir le temps de sauvegarder ses installations (véhicules pick-up ; machines lourde et autre logistique). Donc, la cause de l’arrêt des travaux n’était nullement une volonté manifeste de Métal Mass, encore moins son incapacité à tenir ses engagements. Car, au demeurant, même l’Etat malien n’avait pu tenir ses engagements vis-à-vis des populations au Nord du pays. Il a tout simplement détalé.
Vint alors Serval pour la libération du Mali, courant janvier 2013. Bonne nouvelle pour la Société Métal Mass. Ronald Slaugter, président de ladite société, revint au Mali pour la reprise de ses activités. Le constat sur le terrain fut amer pour cet ami du Mali : l’ensemble de ses véhicules sont emportés par les combattants du Mnla. Quant aux engins lourds, ils ont tout simplement été désossés par les islamistes et les pièces furent vendues au marché noir en Mauritanie, en Algérie et au Burkina Faso. Prenant son mal à cœur, Ronald Slaugter décida de reprendre néanmoins ses activités, sur la base d’un nouvel investissement. Coup de massue : la mine a été revendue à une autre société. En fait, au moment où le Nord vivait le martyr, des ministres corrompus, tout à leur aise, vendait le Mali, sans tenir compte des lois qui régissent et organisent de telles opérations.
En effet, selon certaines sources, Diango Cissoko, ex-Premier ministre, contre toute moralité et en dépit des mises en gardes de la direction des mines, a commis le pire en retirant la mine par décret N°2012-718/PM-RM du 20 décembre 2012. Ils prirent en catimini ce décret illégal, sans notifier à Ronald Slaugter, l’intention du gouvernement du Mali à reprendre la mine.
Découvrant malgré lui la supercherie, le président de Métal Mass attaqua le décret illégal. Mais, la suite n’honore pas le Mali. Une cabale contre la République, dont les auteurs sont l’actuel ministre des mines Boubou Cissé et Me Diarra, celui des Investissements et avocat défenseur du décret illégal, appuyés par une batterie de magistrats. C’est pourquoi, à propos de Boubou Cissé, Lamine Dia Touré, Expert minier agrée, écrivait ceci : «Le ministre Boubou Cissé devient boulimique et même insatiable en humant le vent des projets porteurs. Il a aussi détourné les projets de création de l’Ecole des mines et de la raffinerie d’or, au détriment de la Chambre des mines, l’initiative des opérateurs miniers nationaux. L’élaboration du Cadastre minier et la reprise de l’instruction et de la délivrance des titres miniers lui ont donné l’occasion de commettre un délit d’initié. Pour négocier les titres miniers annulés et certains miniers avancés, il a facilité la création de sociétés avec l’aide de certains notaires, pour postuler à ces permis avancés dans une période de trois (3) mois. Il a aussi négocié avec des chinois et des qataris l’attribution de certains titres miniers leur permettant d’exploiter lesdits titres au stade de recherche. De quelle manière ?»
Peut-on croire au redressement du pays, comme le prétend IBK, au regard du soutien de deux ministres de son administration aux actes illégaux commis par d’autres et contre la République ?
Dans notre prochaine parution, nous vous livrerons en détail, les preuves qui soutiennent l’insécurité juridique au Mali.
Affaire donc à suivre !!!
Serge BAMBA
Source: L’oeil du Mali