Le bureau exécutif du Syndicat national des banque, assurances, et établissements financiers, microfinances et commerce du Mali (SYNABEF) a déclenché une grève illimitée depuis dimanche 9 juin jusqu’à la libération de son secrétaire général, Hamadoun BAH, arrêté suite à une plainte pour « faux et usage de faux ». En plus d’Hamadoun Bah, d’autres syndicalistes sont également en incarcération à la police. Le SYNABEF exige leur libération totale pour mettre fin à sa grève illimitée.
L’affaire fait des remous. Au sommet de l’Etat, les conciliabules se multiplient pour résoudre cette situation dont les conséquences peuvent affecter notre économie. Evaluant l’évolution de cette affaire, le bureau du SYNABEF a tenu le samedi 8 juin une réunion extraordinaire à son siège. A l’issue de laquelle il a décidé de poursuivre avec l’arrêt de travail.
« Nous ne comprenons pas qu’au Mali, un Etat de droit que l’on puisse mettre sous mandat de dépôt un syndicaliste dans le cadre de l’exercice de ses activités syndicales », s’est étonné Abdoulaye KEITA, 1er secrétaire général du SYNABEF, précisant que le secrétaire général, conformément à la loi sur la liberté syndicale, a validé le PV de mise en place d’un bureau syndical à la BDM.
Selon des sources, Papa Sadio TRAORE, à l’origine de la plainte, a estimé avoir été empêché d’être candidat pour un autre mandat lors du renouvèlement de la section syndicale de la BDM. Ce dernier, selon les mêmes sources, a retiré sa plainte contre M. BAH.
Dénonçant des entorses à la procédure, le bureau exécutif du SYNABEF, pour maintenir la pression sur les autorités, a décidé un nouveau mot d’ordre de grève illimitée. Cette grève illimitée a commencé ce dimanche 9 juin et restera en vigueur jusqu’à la libération de Hamadoun BAH ainsi que les autres camarades arrêtés.
« Nous invitons les autorités à s’impliquer davantage. Nous sommes au courant des efforts qui sont consentis, mais notre camarade n’est pas encore libéré. Nous ne pouvons pas travailler tant que notre premier responsable est en détention. Si nous avons la libération de nos camarades, notre objectif n’est pas d’aller en arrêt de travail. Notre objectif n’est pas de paralyser le pays. Notre objectif n’est pas de porter atteinte à la stabilité du pays », a déclaré le responsable syndical qui s’est réjoui de la réussite des 72 heures d’arrêt de travail observés la fin de la semaine dernière.
Selon lui, les banques concernées ont observé la grève sur l’ensemble du territoire national. « Nous demandons à nos militants de se mobiliser pour la réussite de ce mot d’ordre jusqu’à la libération de nos camarades », a-t-il exhorté.
Cette situation, selon Mamadou SYLLA, un jeune entrepreneur, impacte fortement ses activités parce que, explique-il, il lui faut de la liquidité pour faire fonctionner son entreprise de transfert d’argent.
« Nous sommes très sollicités à l’approche des grands événements, comme les fêtes religieuses, la fermeture des banques réduit nos capacités financières à répondre à certaines sollicitations », a indiqué le jeune SYLLA, relevant aussi qu’ils sont exposés à des risques.
« Aujourd’hui, nous ne pouvons plus aller déposer l’argent dans nos comptes comme d’habitude lorsque l’on atteint un seuil. Ce qui constitue un gros risque pour nous », a-t-il relevé.
Pour sa part, Abdoulaye TRAORE, chef de famille, pense que cette situation est une violation du droit des clients. Selon lui, ce genre de situation ne doit pas arriver privant ainsi des milliers de personnes de leur droit de toucher leur argent.
« En cette période, les gens ont besoin de leur argent pour s’acquitter de leurs charges. Il faut que nos familles trouvent à manger. Avec la fête qui s’approche, ce sera davantage difficile », a indiqué M. TRAORE, soulignant que cette situation va affecter de nombreuses entreprises et par ricochet l’économie nationale.
A la veille, le secrétaire général du SYNABEF a été présenté à un juge avant d’être reconduit à la Maison centrale d’arrêt de Bamako où il est incarcéré depuis le jeudi dernier.
Outre le SYNABEF, de nombreuses sections syndicales affiliées à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), ont exprimé leur soutien et solidarité.
PAR SIKOU BAH