En crise diplomatique avec le Mali, la France a annoncé son soutien à la Côte d’Ivoire dans le dossier des 49 militaires détenus au Mali. Ce soutien risque de radicaliser la position de Bamako et nuire à la solution africaine et à l’amiable souhaitée par les deux peuples.
« La junte française » a finalement pris position dans la crise entre le Mali et la Côte d’Ivoire. Elle a apporté son soutien à la Côte d’Ivoire. « Notre soutien est total auprès du gouvernement de la Côte d’Ivoire pour ces soldats qui sont aujourd’hui emprisonnés », a déclaré, selon nos confrères de l’AFP, M. Darmanin à l’issue d’une rencontre avec le président ivoirien Alassane Ouattara. « La France et la Côte d’Ivoire sont très engagées dans la lutte contre le terrorisme. Nous devons continuer à aider évidemment, pour la stabilité de l’Afrique », a ajouté le ministre français qui a évoqué les possibilités d’aide de la France pour les “grands évènements sportifs”.
Depuis des moments, la question des 46 soldats ivoiriens détenus au Mali depuis juillet suscite des tensions entre Bamako et Abidjan. Si le Mali a qualifié ces militaires de ‘’mercenaires’’, la Côte d’Ivoire a indiqué qu’ils sont régulièrement venus pour participer à la sécurité du contingent allemand des casques bleus au Mali. Leur libération a été demandée non seulement par la Côte d’Ivoire, mais aussi par l’ONU et la Cedeao.
Il faut rappeler que rien ne va entre Bamako et Paris depuis fin 2021. A la Tribune des Nations Unies le 24 septembre dernier, le Premier ministre par intérim, le colonel Abdoulaye Maïga, s’en est violemment pris à la France. «Le monde se souviendra qu’après avoir été abandonné en plein vol, le 10 juin 2021, par la France qui a décidé unilatéralement de retirer la force Barkhane du Mali, mon pays a été ensuite poignardé dans le dos par les autorités françaises. La précision est d’autant plus utile que nous refusons tout amalgame avec le peuple français que nous respectons », a déclaré le colonel Abdoulaye Maïga, avant d’ajouter : « Les autorités françaises profondément anti-françaises pour avoir renié les valeurs morales universelles et trahi le lourd héritage humaniste des philosophes des lumières, se sont transformées en une junte au service de l’obscurantisme. Obscurantisme de la junte française nostalgique de pratique néocoloniale, condescendante, paternaliste et revancharde, qui a commandité et prémédité des sanctions inédites, illégales, illégitimes et inhumaines de la Cedeao et de l’Uemoa contre le Mali ».
Ce soutien de la France à la Côte d’Ivoire risque de radicaliser Bamako qui, pourtant, a toujours exprimé sa disponibilité pour une solution amiable à la crise. Les autorités ivoiriennes, si elles souhaitent la libération rapide de ces 46 militaires, ne doivent pas tomber dans le piège de la France.
B. G