Via son communiqué du 5 novembre 2021, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de la commune VI de Bamako a fait part de l’arrestation du Dr. Kalilou Doumbia, ex-secrétaire général de la présidence et certains responsables militaires, pour « tentative de déstabilisation » du pouvoir intérimaire au Mali. Vu leurs conditions d’arrestation et le traitement qu’ils subissent en prison, le collectif des avocats des inculpés est finalement sorti, via son communiqué du 26 novembre, pour dénonciation des faits.
Responsables civils comme militaires, ils sont actuellement cinq (5) à être détenus en prison, pour « tentative de déstabilisation » des militaires au pouvoir depuis le 20 août 2020, date à laquelle l’ex-président IBK a été détrôné sous pression de la rue. Ancien secrétaire général de la présidence de la République, le Dr. Kalilou Doumbia a été enlevé, pour cette affaire, sur la route de l’Université, le 6 septembre 2021.C’est par la suite que le monde a été informé que le professeur avait été enlevé par les agents de la SE (sécurité d’Etat). Aussi impliqué dans l’affaire, le colonel-major Kassoum Goita a été enlevé le 4 octobre 2021, suivant le communiqué du collectif des avocats. Ahmed Saloum Sandy a lui aussi été enlevé, le 16 septembre 2021. A cela s’ajoute l’arrestation du commissaire de police de Kayes, Moustapha Diakité. Ce dernier avait été envoyé à la Sécurité d’Etat, selon les avocats, par son directeur général sous le prétexte d’une mission conjointe. Préjugé être dans le coup, l’adjudant Abdoulaye Diallo a été invité à reprendre son service à la Sécurité d’Etat. Il a été mis aux arrêts après son arrivée à la SE. Ainsi, par son communiqué du 26 novembre, le collectif des avocats des inculpés dit avoir pris « acte » du communiqué publié, le 5 novembre dernier, par le procureur du tribunal de la commune VI de Bamako. Lequel communiqué parle d’une « tentative de déstabilisation » du pouvoir par les personnes arrêtées. En clair, les avocats des inculpés ont voulu, par leur communiqué, informer l’opinion nationale et internationale des conditions d’arrestation et de traitement qu’endurent leurs clients en détention. « Le collectif informe l’opinion nationale et internationale que ses clients affirment, presque tous, avoir été gardés dans des lieux secrets ; torturés et finalement présentés, par pur formalisme, le 3 novembre dernier, à la Brigade de recherche de la gendarmerie du camp I de Bamako, soit près de 2 mois pour certains ».A cette brigade du camp I, les inculpés ont signé « des déclarations extorquées, en l’absence de leurs avocats, voire en dépit de leur demande insistante, avant d’être conduits, le même jour, devant le juge d’instruction »,lit-on dans le communiqué des avocats. Ainsi, le collectif se dit « inquiet des dérives enregistrées au niveau de la Sécurité d’Etat, en violation des textes de création de la structure ».
Les conseils du Dr. Kalilou Doumbia et consorts précisent qu’ils déplorent l’ouverture d’une information judiciaire sur la base de ces arrestations « illégales et d’aveux extorqués avec un semblant de tolérance de la justice ». Loin d’apprécier les conditions de détention de leurs clients, les avocats se disent infligés « de la violation continue des droits de la défense, notamment l’absence d’avocats pendant l’enquête préliminaire, et le refus de la justice de délivrer la copie du procès-verbal qui en est résulté ».Le pire, c’est que la justice aurait également empêché les détenus de se faire examiner par un médecin de leur choix. En tout cas, la pratique a fait l’objet de dénonciation dans ce communiqué. « Le collectif des avocats des inculpés dénonce le refus du juge d’instruction d’autoriser les détenus à se faire examiner par un médecin de leur choix, en violation de l’article 10 de la constitution malienne, pendant qu’au même moment, il s’envole lui-même pour un contrôle médical en France », mentionne-t-on. Les spécialistes du droit font part, en l’occurrence, de leur inquiétude par rapport à l’état de santé physique et psychologique de certains détenus, « en raison des maltraitances subies tout au long de leur séquestration ». D’où leur appel pour l’implication du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme, voire pour celle des organisations de défense des droits de l’homme.
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS