Suite à l’assassinat de trois jeunes bouchers à la commune I du district de Bamako au cours de la semaine dernière par les jeunes de la commission chargée de veiller nuitamment sur la sécurité des personnes et de leurs biens dans ladite commune, les bouchers, par confraternité, ont décidé, ce lundi 5 novembre 2018, de se faire entendre à travers l’observation d’une grève de quelques jours dans l’optique de réclamer que justice soit rendue.
Certains habitants de la commune I du district de Bamako ont, dans le cadre de la lutte contre l’insécurité et le banditisme et aussi de la participation à la sécurisation des personnes et de leurs biens, envisagé de mettre en place un comité de patrouille et de surveillance de nuit dans leur quartier, pour ainsi contribuer à mettre hors d’état de nuire tout groupuscule de brigands ou malfrats.
Mais faut-il que l’Etat délègue la sécurisation des populations à des milices capables du pire ? En tout cas, la grève que les bouchers ont déclenchée depuis hier repose cette problématique. En effet, courroucés par la situation vécue en commune I de Bamako, ils ont décidé un débrayage pour revendiquer que justice suite à l’assassinat de trois de leurs confrères, alors qu’ils étaient sur le point de rejoindre l’abattoir aux environs de quatre heures du matin.
Par mauvaise compréhension et suite à des discussions, les jeunes du comité de vigilance chargé de la veille nocturne sur ladite commune, ayant pris ces travailleurs pour des voleurs, ont assassiné deux d’entre eux. Le grand-frère de ces deux victimes, intervenant pour justifier que ses frères n’étaient nullement des truands a, lui aussi, subi le sort de ses frères. Par conséquent, les bouchers de Bamako ont par esprit de fraternité, décidé de déclencher une grève ce lundi 05 novembre 2018 pour exiger que justice soit purement et simplement rendue dans cette situation. Ce, pas au nom de la famille des défunts, mais plutôt au nom de l’ensemble des bouchers du Mali sans exception.
Comme répercutions de cette grève, nous ne constatons que la souffrance des femmes par la flopée de clientes chez les vendeurs de poisson dans certains marchés de Bamako comme celui de Bacodjicoroni, Kalabancoro où par déception, les femmes sont obligées d’acheter des poissons.
À entendre certaines acheteuses de condiments que nous avons interrogées sur cette problématique, l’observation de cette grève joue énormément sur elles car, indiquent-elles, c’est difficile de faire une bonne cuisine sans assaisonner de la viande aux ingrédients qui nécessitent la préparation d’une bonne sauce. « Je ne sais vraiment pas ce que je dois préparer comme sauce sans acheter de la viande », nous confie Ami (Anonyme) acheteuse de condiment à Kalaban Coro. Pour elle, le travail de surveillance que font les jeunes durant toute la nuit est vraiment bien, mais leur façon d’agir n’est pas du tout appréciable, surtout qu’il s’agit d’un cas où le boucher tué avait clairement évoqué que ses deux jeunes frères n’étaient pas des voleurs. Donc, dit-elle, il faut que la justice fasse vraiment son travail pour que de pareilles circonstances ne se reproduisent.
Quant aux jeunes bouchers interrogés à Kalaban Coro et dont nous tairons les noms, il importe, pour eux, que les limiers fassent correctement leur travail. Car, évoquent-ils, des situations dramatiques pareilles n’arrangent personne au Mali, surtout en ce moment de crise. « Il faut que la justice soit rendue. Nous ne demandons que cela car personne n’a le droit de se rendre justice à soi- même », ont-ils expliqué avant de terminer par ceci : « Qui prendra en charge les dépenses et les charges de la famille de ces trois bouchers froidement assassinés alors qu’ils n’ont rien fait de mal à personne ? Surtout que le grand frère tué en dernière position a trois femmes !».
Mais ce ne sont pas les jeunes tueurs qui sont fautifs dans cette situation. Car, précisent-ils, le fautif dans cette affaire ne serait d’autres personnes que les agents de l’Etat qui n’arrivent pas à maintenir la sécurité au sein de la capitale malienne où n’importe qui peut faire du n’importe quoi sans s’attendre à des sanctions sévères à cause de la corruption. Des témoignages rappellent aussi que ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se passe au niveau de la commune I du district de Bamako. Chose qui suscite la question de savoir si les dossiers relatifs à de tels crimes sont judicieusement gérés conformément à la loi.
Mamadou Diarra
Source: Le Pays