L’engagement de l’État dans l’accord avec l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a un incident financier de près de 70 milliards de FCFA cette année. Avec un budget déficitaire de plus de 300 milliards de FCFA, comment et par quel mécanisme l’Etat pourrait-il recourir pour respecter ses engagements ? Eléments de réponse.
L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a plié le gouvernement. Après une semaine de discussions, elle a arraché un accord à l’Etat et le patronat malien, au nom notamment de la justice sociale. L’Etat a respecté presque tous les 12 points de revendication. L’incidence financière de cet engagement est estimée à près de 70 milliards de FCFA pour la seule année 2019. Un responsable du ministère du Travail, de la Fonction publique, Chargé des Relations avec les Institutions répartit comme suit cet engagement : plus de 9 milliards FCFA pour la prise en charge de l’augmentation de l’âge à la retraite, plus de 13 milliards pour la grille salariale, plus de 15 milliards pour le recrutement massif.
Il y a aussi l’engagement de l’Etat de plus de 17 milliards de FCFA pour la relance du trafic ferroviaire au plus tard en fin août prochain et la prise en charge des arriérés de salaire des travailleurs. Une autre source ajoute qu’au-delà de ces points, la réduction du prix de certains produits alimentaires comme le riz, la viande va également nécessiter un effort financier de la part de l’Etat.
A ce stade, il est difficile d’évaluer ce montant, a-t-elle indiqué. Malgré la crise de trésorerie dans le pays, le ministre porte-parole du gouvernement, Amadou KOITA, lors de son point-presse hebdomadaire, a rassuré que l’Etat respectera tous ses engagements. Alors, avec un budget déficitaire de plus de 300 milliards FCFA, quelle approche l’Etat pourrait adopter pour respecter ses engagements ? Plusieurs solutions s’offrent au gouvernement, selon des économistes joints par nos soins. Fasséry Doumbia, gestionnaire et expert en audit, pense que l’Etat peut faire des économies en réduisant davantage son train de vie. « L’Etat peut prendre des mesures pour diminuer les charges de fonctionnement des Institutions de la République.
Il faut élargir les mesures d’austérité à d’autres départements», a indiqué M. Doumbia. Car ces structures coûtent cher à l’Etat, a-t-il soutenu. Outre ces actions, l’Etat peut aussi améliorer le niveau de mobilisation des recettes fiscales, douanières et domaniales qui sont en deçà des objectifs. Enfin, le gouvernement peut créer les conditions favorables pour booster encore l’économie. Cela aura également une incidence sur la mobilisation des recettes, a-t-il expliqué. De son côté, Youssouf Sissoko doute de la capacité du gouvernement à obtenir ce fonds à partir notamment des recettes fiscales internes.
L’insécurité a gagné une grande partie du territoire où l’administration fiscale est absente. Cette situation, a commenté M. Sissoko, donne peu de chance à l’Etat. « Il y a beaucoup de localités qui échappent depuis 2012 à l’impôt et autres taxes fiscales.
Dans cette condition, il sera très difficile de mobiliser autant d’argent en un laps de temps », a soutenu M. Sissoko. Donc, affirme-t-il, « les recettes fiscales du pays ne se reposent que sur une partie du territoire national. » Ces poches non recouvrées représentent un gap financier estimé à des milliards de FCFA.Face à l’urgence de la mise en œuvre de l’accord conclu entre l’Etat et l’UNTM, il pense que l’alternative la plus sûre serait pour le gouvernement de se tourner vers les partenaires techniques et financiers. Auprès de ceux-ci, l’Etat peut s’endetter comme il en a l’habitude, a indiqué Youssouf Sissoko.
Hamadoun MAIGA
Source: AZALAÏ EXPRESS