«Commettre une faute n’est pas grave, mais y persister est diabolique», a-t-on coutume d’entendre.
De Ouaga à Alger en passant par Bamako, il a toujours été question de la problématique de la paix dans notre pays. Nul n’est donc sans savoir que l’intégrité territoriale du Mali a été mise en question, victime de la sape affreuse de son fondement depuis l’ère Amadou Toumani Touré (ATT).
Triste et douloureux souvenir des crapuleuses tueries de Aguel Hock et des autres régions du grand Nord Mali ! Notre pays a été, en 2012, victime d’un complot international piloté par le régime colonialiste de la France coloniale. Les trois (03) régions dans le nord du pays ont été occupées par des forces djihadistes sorties de terre comme des champignons.
Kidal fut conçu pour abriter ces forces internationales sous le chapeau mal tissé du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Cette fusion des forces hétéroclites a, comme on le sait, donné naissance à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).
Aujourd’hui, Kidal est le Quartier général (QG) de la CMA, de la force française Barkhane qui s’est substituée à la force Serval venue au Mali pour fonder les bases de l’occupation de notre territoire par la France et son alliée indéfectible en l’occurrence la CMA.
Au cœur de la préparation par l’armée française de cette occupation coloniale du Mali, la délégation du Premier ministre Moussa Mara a été prise à partie par les combattants occultes de la CMA. Comme pour dire à nos autorités que Kidal est coupée dans les faits du territoire national. C’était en mai 2014.
Ce complot international ourdi contre notre peuple travailleur avait ses adeptes ici au Mali tapis dans les rayons de la nébuleuse démocratie qui leur permet de se maintenir aux affaires et de continuer à spolier notre peuple travailleur. C’est dire qu’il y avait dans leur agenda la partition de notre territoire.
Un accord de plus pour une paix illusoire a été préparé et signé en deux (02) étapes par les parties malienne et de l’Azawad. C’était respectivement le 15 mai par le gouvernement et le 20 juin 2015 par la CMA. Cet accord, il faut avoir le courage de le dire et de le reconnaître, a été colmaté à Alger dans le dos de nos masses travailleuses sans le moindre consentement de leur part. C’est cet accord que le régime IBK a voulu imposer à notre peuple sans l’accord préalable de celui-ci.
En dépit de la volonté du président IBK de gérer les Maliens sans les Maliens avec des forces hostiles au Mali, des personnalités ont fait entendre leurs voix contre cet accord dit d’Alger signé entre Ibrahim Boubacar Kéita et la force conjointe de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) gisant sous le rempart de la France coloniale avec ses acolytes de la sous-région ouest africaine. Cet accord, il faut le dire, n’a jamais été et ne saurait être du goût des Maliens fiers de leur pays et de leur peuple laborieux.
Les tournées d’explication dudit accord n’ont reçu aucun enthousiasme de la part de nos populations. Ceux qui ont effectué ces tournées au nom du président de la République auront gros sur leur conscience s’ils ne reconnaissaient le désintérêt porté contre cet accord dit de paix par des Maliennes et des Maliens épris de paix réelle et de justice équitable.
On peut dire aujourd’hui avec juste raison que l’accord d’Alger ne peut pas apporter la paix au Mali. Bien au contraire, il constitue le créneau irréfutable de la balkanisation forcée de notre territoire sans notre consentement. La presse qui constitue le quatrième pouvoir est montée au créneau pour dire à IBK que cet accord ne peut servir les intérêts supérieurs du Mali. Dès lors, il appartenait au président de demander aux Maliens de forger leur propre destin. Hélas !
En tout cas pour nous, l’accord était mort-né si nous devons nous assumer. Au-delà de tous les discours mafieux et sionistes de gouvernants français et de leurs acolytes de la sous-région Ouest-africaine, le ton de la discorde contre le Mali a été donné lorsque les armes destinées à notre armée, en 2012, en provenance de la Russie ont été illégalement bloquées à Conakry sur instruction, semble-t-il, de la France. Cela se comprenait aisément si l’on sait que lesdites armes pouvaient permettre à nos Forces de défense et de sécurité (FDS) de recouvrer avec brio l’intégrité du territoire national, chose qui ne pouvait arranger les ennemis du Mali.
Le jeu était donc clair: mobiliser le club des chefs d’État et de gouvernement des pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) contre les militaires patriotes qui avaient à cœur de servir dignement leur pays.
La suite est connue: le président illégal et illégitime en la personne de Dioncounda Traoré, jouant le jeu de la France, a tout simplement demandé une intervention française sur notre sol. C’était là une façon d’insulter la mémoire de tout un peuple et de ceux qui ont donné leur sang pour la sauvegarde de la dignité nationale et l’avènement de la ‘’démocratie’’ multipartiste au Mali.
La suite est également connue: les Maliens ont dit de vive voix que l’accord d’Alger ne pouvait servir la paix; pire, nos forces de défense et de sécurité n’ont plus la latitude de fouler le sol de Kidal sous peine de faire face à l’armada de guerre de la France coloniale de retour dans notre pays. Cette triste réalité et cette simple vérité qui crève les yeux de ceux qui veulent voir dans la problématique de la paix au Mali, IBK ne les avait perçues ou jugées à leur propre taille.
Aujourd’hui, le président, (tout au moins nous l’espérons), a compris que l’accord d’Alger ne saurait servir la paix dans notre pays. Comme on le dit souvent, «commettre une faute n’est pas grave, mais y persister est diabolique».
Lors de son adresse à la nation, à l’occasion du 59ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale, le président Ibrahim Boubacar Kéita a dit: «En ce jour anniversaire de notre indépendance, je tiens à réaffirmer l’attachement du gouvernement à cet accord, quitte à en discuter certaines dispositions, l’essentiel étant d’en conserver l’esprit.
Garant de cet accord et réaffirmant l’adhésion du gouvernement à sa mise en œuvre, je voudrais renouveler mon appel à nos frères signataires et les inviter à tout mettre en œuvre pour un retour à une normalité constitutionnelle et administrative dont l’absence hypothèque lourdement tous les efforts de développement…
Aussi, voudrais-je, en direction de nos frères du Nord, lancer un appel fraternel et sincère à plus de raison, pour que nos efforts, les efforts de toutes les parties ne tendent plus que vers la paix…».
Coup de tonnerre: la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), par la voix de son porte-parole, a immédiatement rejeté la main tendue du chef de l’État en affirmant l’inamovibilité dudit accord.
Au regard de ce discours, il semble que le président jette en fin un regard nouveau sur le contenu et la faisabilité de l’accord que les Maliens n’ont cesse de mettre en question et donc en cause. Va-t-on jusqu’à affirmer que IBK a regretté la signature de l’accord ou le fait de n’avoir pas vite été à l’écoute de son peuple par rapport à l’accord d’Alger, ou encore va-t-on conclure au retour à la réalité du président !
L’on va simplement se contenter de s’interroger: IBK a-t-il enfin compris qu’il s’était trompé ? Pour ne pas persister dans l’erreur, il convient aujourd’hui qu’il comprenne qu’il n’y aura jamais la paix au Nord tant que la France sera présente sur notre sol.
Il faut qu’il se rende à l’évidence qu’autant l’épervier ne peut œuvrer pour le bonheur des poussins de la basse cour, autant il reste illusoire de croire un seul instant que la France peut servir la cause de la paix au Mali. Cela est d’autant évident que c’est notre instabilité politique, économique, culturelle et idéologique qui la nourrit.
Il est temps que le président se départisse des discours diplomatistes pour demander à son peuple de prendre en main sa destinée car, comme le disent les Malinké: ‘’Sigui tè komé ban Mandé, tama dé ô bana !’’ Comme pour dire que si les négociations échouent, il faut donner mission à notre peuple et à son armée de libérer le territoire national, car comme Marx le dira: ‘’la force matérielle ne peut être battue que par la force matérielle’’.
Dans notre combat pour la préservation de l’intégrité de notre territoire, nous serons naturellement appuyés par nos vrais amis que sont les Russes, les Chinois, les Cubains, les Nord-Coréens, les Angolais, etc. Tout sauf penser un seul instant que la France peut servir la paix dans notre pays. Il reste entendu qu’hier, elle vivait de nous, qu’aujourd’hui elle s’accroche à ses intérêts chez nous par le truchement de ses représentants locaux.
La France étant partie intégrante du problème, elle ne saurait concourir en même temps à sa résolution. L’homme d’État et éducateur soudanais Mamadou Konaté avait coutume de dire: «Lorsque la cause est juste, la foi, le courage, la détermination ne peuvent pas échouer.»
Monsieur le président de la République, nous pouvons ensemble libérer notre pays de l’occupation franco-djihadiste si et seulement si la volonté politique est vraiment au rendez-vous !
Fodé KEITA
Inter De Bamako