« Il est mort », déclarait sans concession Donald Trump avant même le vote de la Chambre des représentants. Jeudi, les députés américains ont adopté, de justesse, un texte visant à remplacer l’Obamacare, la loi sur le système de protection de santé promulguée sous Barack Obama. Il s’agit de la première victoire législative pour le nouveau président américain après son échec du 24 mars, quand, faute d’accord au sein de sa majorité, elle avait dû retirer sa première version de la loi.
Le vote final, très serré, illustre l’aspect controversé du texte actuel: 217 voix contre 213. Les 193 démocrates ont voté non, et 20 républicains majoritairement modérés ont fait défection. « C’est un grand jour mais seulement une étape du processus », a prévenu Paul Ryan, le président de la Chambre des représentants. Car, désormais, le débat va se déplacer au Sénat, où le texte pourrait être profondément remanié.
Des sénateurs républicains s’opposent
Quelques sénateurs républicains ont d’ores et déjà annoncé leur opposition au texte dans son état actuel, principalement car il ferait perdre à des millions de gens modestes leur assurance. Dans l’Ohio, le sénateur Rob Portman s’inquiète notamment pour ceux qui sont traités pour addiction à l’héroïne ou aux opiacés, un fléau qui touche villes et campagnes aux Etats-Unis. Sur le fond, la loi reviendrait sur plusieurs acquis d’Obamacare, adoptée en 2010.
« Peut-être le pire débat de la Ve République »
Les Américains ne seraient plus obligés de souscrire une assurance maladie et n’auraient plus à payer d’amende en cas de non-couverture. Les financements publics de Medicaid, le programme fédéral d’assurance pour les plus modestes, seraient progressivement réduits et la couverture minimum instaurée par Obamacare serait allégée, à la discrétion des gouverneurs des 50 Etats fédérés. Ce qui induirait de faire payer davantage aux personnes ayant des antécédents médicaux, ou de ne plus couvrir certains soins comme les soins maternité ou les hospitalisations.
« Ce n’est pas du football », a déploré la sénatrice démocrate Elizabeth Warren. « On n’est pas là pour marquer des points. Trumpcare va dévaster le système de santé américain. Des familles vont se retrouver ruinées. Des gens vont mourir », a-t-elle dit.
« On va l’achever »
Il ne fait peu de doute pour le président américain que l’Obamacare va être abrogé très rapidement. « On savait que (le système de protection, NDLR) n’allait pas marcher, je l’ai prédit il y a longtemps », a-t-il martelé. Avant d’assurer que l’Obamacare va s’écrouler sous sons propre poids: « C’est clair que c’est un échec, c’est mort (…). On va l’achever et on va continuer à faire beaucoup d’autres choses. »
Après cette victoire législative, Donald Trump n’a pas boudé son plaisir. « Ce sera une victoire incroyable lorsque cela passera au Sénat », s’est félicité Donald Trump dans la roseraie de la Maison Blanche, où entre 60 et 70 élus républicains l’avaient rejoint juste après le vote pour saluer cette étape « historique ». « Ça a vraiment permis de rassembler tout le parti républicain », a noté le président, auquel les parlementaires rayonnants ont rendu un hommage appuyé.
« Les quatre prochaines années seront formidables, et les huit prochaines aussi, mais nous allons commencer par une grande première année », a-t-il ajouté, satisfait d’avoir commencé à remplir l’une de ses principales promesses de campagne.