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Abolition de la peine de mort au Mali : «Elle est en contradiction avec la loi fondamentale», estime M. Nicolas Huet, chargé de mission à la FIACAT

Dans le souci d’informer et de sensibiliser les populations sur l’utilité de l’abolition de la peine de mort, une rencontre de leaders d’opinions maliens pour l’abolition de la peine de mort s’est tenue le jeudi dernier à Bamako et à Paris autour d’un séminaire de sensibilisation pour l’abolition de la peine de mort. Ladite rencontre a été organisée par la Fédération Internationale de l’Action des Chrétiens Contre la Torture (FIACAT) et son affilié au Mali, l’ACAT Mali. Elle a regroupé une vingtaine de participants composés de leaders religieux et coutumiers, membres d’organisations de la société civile, journalistes, membres de la Commission Nationale des Droits de l’Homme Malienne (CNDH) et des parlementaires. En marge de la rencontre, nous avons échangé avec le chargé de mission de FIACAT pour connaitre davantage sur les objectifs de cette importante rencontre.

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L’Express de Bamako : Pouvez-vous vous présentez à nos lecteurs ?

Nicolas Huet : Je suis Nicolas Huet, chargé de mission à la FIACAT, la FIACAT qui est une fédération internationale de l’action des chrétiens pour l’abolition de la torture. Elle regroupe sur les quatre (4) continents 30 associations affiliées dont fait partie ACAT créée en 1996 et reconnue en 1988. La FIACAT travaille sur la torture, de la peine de mort et a un statut consultatif auprès des Nations Unies d’observateurs auprès de la commission des droits de l’homme et du peuple et membre fondateur et du pilotage de la coalition de lutte contre la peine de mort.

 

L’Express de Bamako : Pouvez-vous nous parler de la thématique abordée au cours de ce séminaire et comment elle s’est déroulée?

Nicolas Huet : Ce séminaire était intitulé «séminaire de sensibilisation sur l’abolition de la peine de mort au Mali». Cette rencontre a été l’occasion de débattre sur l’abolition de la peine de mort au Mali à travers les différentes présentations sur l’islam et la peine de mort, la chrétienté et la peine de mort ou encore la peine de mort, le rôle des médias sur l’abolition de la peine de mort.

 

L’Express de Bamako : Quels sont les obstacles que vous rencontrez ?

Nicolas Huet : Ladite rencontre a été une occasion d’insister sur plusieurs raisons pour lesquelles la population Malienne dans sa grande majorité soutienne le maintient de la peine de mort et de recenser les arguments religieux et coutumiers susceptibles de convaincre les populations sur la peine de mort pour son abolition notamment le fait que le principal argument est que les autorités musulmanes sont contre l’abolition de la peine de mort puisque dans les écrits ou sur certaines interprétations il y a un problème et un gros problème à cerner la volonté politique pour se saisir de la question et pour ça nous devons mettre en place des stratégies.

 

L’Express de Bamako : Peut-on connaitre ces stratégies ?

Nicolas Huet : Il est important d’agir sur les différentes strates de la population malienne il s’agit des autorités étatiques notamment des parlementaires et de la population civile. On sait le rôle très important des décideurs coutumiers, religieux, griots dans la société malienne et donc nous avons décidé du plaidoyer auprès des organisations internationales des délégations des pays comme, la France, la Suisse … pour alimenter les débats sur la peine de mort et l’autorité malienne. Nous serions prêts également à mettre en place un autre séminaire avec ces organisations pour justement continuer à sensibiliser la population qui est souvent mal informée ou désinformée de l’utilité de l’abolition de la peine de mort.

 

L’Express de Bamako : Pourquoi faut-il abolir la peine de mort, particulièrement au Mali? 

Nicolas Huet : Plusieurs études révèlent que la peine de mort est inefficace, car dans plusieurs pays où la peine de mort est abolie la finalité n’a pas augmenté. Il est important de différencier abolition de la peine de mort à l’impunité. Les criminels doivent être jugés et mis en prison. Il est important que tout crime commis doive être puni. Car la mort n’enlève pas la sanction. La peine de mort est réversible et le problème est que beaucoup d’innocents ont été jugés coupables, de crime, de délit, contraint à la peine de mort. Une fois que la condamnation est prononcée l’exécution réalisée malheureusement on pourra plus retourner en arrière. Dernier argument, la peine de mort touche les plus vulnérables (les populations moins riches) ou l’accès à la justice c’est-à-dire les avocats pour se défendre.

 

L’Express de Bamako: Quel appel avez-vous à lancer ?

Nicolas Huet : L’abolition de la peine de mort est un combat de tous les jours et les organisations de la société civile, les coutumiers et religieux peuvent combattre en sensibilisant la population. Concernant l’Etat Malien, nous aurions demandé la poursuite des travaux. Mais on lui demande un cadre d’échange regroupant tous les acteurs de la société civile afin d’abolir la peine de mort.

 

Enfin nous demandons expressément à l’Etat Malien d’abolir la peine de mort pour tous les crimes, de ratifier le second protocole du pacte international relatif au droit civil et politique ; de sponsoriser la prochaine résolution des nations unies, un moratoire universel et le soutien du protocole africain qui sera présenté prochainement à l’Union Africaine.

A.C.S

Source: L’Express de Bamako

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