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Abdoulaye Diop, ministre des Affaires Étrangères: ‘‘ce qui est en cours au niveau de l’AES n’est pas un épiphénomène, c’est un engagement sérieux’’

En marge du Forum de Crans Montana de Bruxelles, le vendredi dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP, a accordé une interview à nos confrères de RT. Dans cette interview, le chef de la diplomatie malienne a abordé entre autres la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) et ses visions ; les voies et moyens pour la souveraineté politique et économique au sein de l’AES ; les résultats sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme… Nous vous proposons l’intégralité de son interview.
Abdoulaye Diop vous êtes le ministre des Affaires étrangères du Mali. Merci infiniment d’avoir accepté de répondre à mes questions pour RT en français.
Merci à vous. Merci infiniment, c’est un plaisir.
Alors, comment se porte l’Alliance des États du Sahel ?
C’est une question que je vous pose parce que vous venez justement de participer à un panel dans le cadre du forum Crans Montana ici à Bruxelles, un forum qui est consacré à des questions internationales, des questions stratégiques, notamment liées au continent africain.
Alors, sur quoi les discussions ont porté et comment se sont déroulés, les discussions lors de ce panel ? C’était assez intense.
Bon, c’était assez intense mais aussi assez intéressant pour nous parce qu’il y avait beaucoup de demandes ou en tout cas de besoins de la part de nos auditeurs ou des participants de mieux comprendre la dynamique de l’AES.
Il y avait certainement aussi de notre côté une nécessité de pouvoir vraiment parler de l’AES nous-mêmes et qu’il puisse entendre de nous-mêmes, notre vision pour nos pays, nos préoccupations et dans quel sens nous voudrions avancer.
Je pense que les discussions nous ont permis quand même de réaliser que l’AES n’est pas un épiphénomène même si elle a été créée en réponse à une menace existentielle contre nos pays et celle-ci est aujourd’hui utilisée comme une opportunité pour renforcer le travail en commun pour la sécurisation de nos pays et ça commence à donner des résultats probants sur le terrain.
Partant de cette situation sécuritaire améliorée nous allons maintenant vers le renforcement de l’intégration économique et commerciale entre les trois pays avec les projets structurants et aller vers une intégration des peuples et répondre aux aspirations de nos populations, notamment les jeunes et les femmes en créant les conditions d’une prospérité partagée.
Est-ce qu’il y a eu un consensus lors du panel justement sur cette question des résultats que vous obtenez sur le terrain contre l’insécurité ?
Bon, on n’a pas été spécifiquement contredit par rapport à çà mais je pense qu’il y a des faits réels si nous ne prenons que la situation du Mali en particulier par rapport au succès qui a été obtenu à Kidal qui est l’une des régions du Mali qui, pendant 10 ans, n’était pas sous le contrôle de l’État malgré la présence importante des forces internationales françaises comme celle des Nations Unies.
L’État malien avec ses investissements, le renforcement des capacités et les partenariats que nous avons développé nous ont permis aujourd’hui de faire en sorte que non seulement Kidal revienne dans le giron de l’État malien aujourd’hui et que l’État malien contrôle l’ensemble de son territoire national, ça c’est un fait.
Bon, il y a aussi une coopération sur le terrain avec le Burkina et le Niger.
Et aujourd’hui dans beaucoup de localités y compris au Mali, certains groupes terroristes ou en tout cas certains terroristes viennent même se rendre aux autorités.
Et si nous regardons le niveau d’ensemble de sécurité dans la région au Mali, par exemple dans la région de Mopti il y a 2 ans ou un peu moins, il y avait des massacres intercommunautaires, des gens mourraient par centaine.
Nous pensons que toute cette situation est aujourd’hui derrière nous, il y a eu des échanges par rapport à ça. C’était une discussion pour se comprendre et nous ne pensons pas que nous avons besoin d’arriver à un consensus mais à la fin je pense que notre message principal c’était que, vraiment ce qui est en cours est beaucoup plus sérieux que les gens le pensent et quand nous nous référons aux conclusions du Modérateur nous pensons qu’il a accepté avec nous qu’il vaut mieux que les acteurs extérieurs regardent avec un plus grand sérieux ce qui se passe au niveau de l’espace de l’Alliance des États du Sahel. Parce qu’il est profond, parce qu’il est sérieux et qu’il est bon que nous puissions vraiment l’analyser avec objectivité, parce que c’est une nouvelle donnée géopolitique.
Voilà qui redessine les cartes dans la région, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas
Il faut en tenir compte.
Est-ce que vous avez eu justement à vous justifier sur la réponse globale contre l’insécurité que vous évoquez avec vos partenaires de l’AES et d’autres partenaires ? Dans quel sens ?
Lors de ce panel est-ce que vous avez eu justement à détailler cette réponse globale que vous apportez ?
Bon, nous en avons parlé, nous avons expliqué aux uns et aux autres que même par rapport au partenariat que nous Mali ou en tout cas le Niger et le Burkina, nous n’avons pas de préférence particulière en termes de partenariat mais nous cherchons l’efficacité pour nos pays.
Si on prend le cas de la Russie en particulier pour le Mali, le choix a été parce que la Russie répondait à nos besoins, à nos préoccupations et à la diligence qui était requise pour avoir des armes adéquates pour pouvoir lutter contre le terrorisme et que par exemple avec l’Union européenne nous avons pris l’exemple de l’EUTM ( la mission de formation de l’Union européenne au Mali) dans l’exécution de laquelle nous avons demandé que ça puisse changer et que nous avions un programme qui va sur le binôme train and equip c’est à-dire former et équiper nos hommes.
Pendant des années, vous savez, l’EUTM sa formation sur le terrain au Mali ; l’armée malienne était même obligée d’amener ses propres munitions et l’Union européenne nous a fait savoir qu’elle ne peut pas donner d’armement étal et quand la guerre a éclaté en Ukraine tout ça s’est volé en éclat et on a déversé des armes étals dans cette zone.


Nous nous sommes interrogés, est-ce que la vie humaine en Ukraine à la même valeur que la vie humaine au Sahel ?
Donc tous les jours nous avons dit que ce sont ces incohérences qui nous ont amené à nous tourner vers des partenaires qui sont en mesure de répondre à nos demandes parce que nous faisons face à des menaces existentielles de groupes terroristes violents qu’on ne peut pas combattre avec des bâtons. Donc il est nécessaire que nos partenaires sortent un peu souvent des schémas de poids de mesures ou en tout cas de double langage face à des situations que nous puissions regarder. Mais dans tous les cas notre appréciation est claire.
L’avenir de nos pays ne se décidera pas à Washington à Paris ou même à New York, c’est entre les mains de nos populations, c’est entre nos mains et nous devons compter sur nous-mêmes et ça ne veut pas dire que nous n’allons pas travailler avec d’autres mais le secours viendra d’abord de nous-mêmes et ensuite nous allons voir les termes sur lesquels nous allons travailler avec les autres.
Nous sommes ouverts à tous les pays même dans l’exploitation des ressources que ça soit minière, des ressources naturelles et autres de nos pays, il faut que ça se fasse sur des termes qui bénéficient d’abord à nos populations qui s’inscrivent dans le cadre de la transformation structurelle de nos économies c’est-à-dire sur le coton… Si nous les transformons dans nos pays nos ressources minières aussi, nous n’allons pas les exporter de façon brute et s’il y avait cette transformation ça créerait plus d’emploi, ça éviterait que nos jeunes gens soient attirés dans les groupes terroristes, sur la voie de la migration ou dans les rues pour contester les régimes politiques.
Donc vous avez abordé la question de la transformation des économies du Sahel également ?
Absolument ! C’était une dimension essentielle parce que nous avons dénoncé le fait que, ou en tout cas, une des aspirations de l’AES, c’est de sortir du modèle économique post ou néocolonial qui est en place et qui ne crée pas des conditions nécessaires.
Autant nous demandons la souveraineté politique, nous pensons qu’il est important qu’il y ait une souveraineté économique qui rabat les cartes des discussions avec les partenaires pour que nous puissions aller d’égal à égal et aller dans les partenariats gagnant – gagnant.
Est-ce que la question du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO a été abordée lors de ce panel ?
Cette question a été abordée, nous avons été suffisamment clairs dans les échanges pour expliquer les conditions dans lesquelles ceci s’est passé ; ce que nous dénoncions à l’époque. C’était surtout la propension de ces organisations, d’abord à prendre des sanctions illégales et illégitimes contre les populations parce que dans le cadre de la CEDEAO, la fermeture des frontières, on l’a dit et on le redit il n’existe aucun document dans le cadre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine ; les sanctions financières qui ont été prises par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest à travers vraiment la prise de contrôle des avoirs financiers de nos États n’est pas prévue aussi dans aucun texte. Par rapport à ça donc nous avons dit que ce sont ces mesures qui étaient illégales qui ont été utilisées et pire nous pensons que les sanctions qui ont été prises ne visent pas nécessairement le retour à l’ordre constitutionnel.
L’objectif recherché c’était vraiment de punir les populations et d’en faire des boucliers humains ; et en sanctionnant ces populations qu’elles allaient pouvoir se lever contre les régimes qui sont en place et qu’on puisse arriver à un renversement de ces régimes. Donc c’est toutes ces questions et le fait aussi que nous avons rappelé ce qui a vraiment été le point culminant c’est la menace d’intervention militaire au Niger un des États membres de l’organisation sous injonction étrangère qui allait créer un désordre dans la région.
Pour un pays, comment on peut attaquer une armée dans un pays qui lutte depuis plus de 10 ans contre le terrorisme mais c’était vraiment avoir la libre circulation des terroristes au lieu d’avoir la libre circulation des personnes et que nos pays, le Mali et le Burkina ont décidé d’entrer en guerre si cette menace se matérialisait.
C’est ce qui a stoppé cette menace mais ça a affecté la crédibilité et la confiance de nos pays en ces organisations qu’elles n’étaient plus en tout cas dans une posture de défendre nos populations, de défendre nos intérêts et qu’elles présentaient désormais une menace.
Nous nous sommes sortis juste dans l’analyse de cette situation de la réponse à la CEDEAO et en allant vraiment en disant que l’AES c’est vrai, elle a été créée dans une situation qu’on peut considérer comme elle était contre une mesure, elle s’est élevée contre quelque chose mais aujourd’hui nous travaillons pour nos pays, pour notre souveraineté, pour renforcer l’intégration économique et commerciale entre nos pays mais pour aussi travailler à matérialiser l’idéal d’intégration qui ne nous a jamais quitté, le Mali , le Burkina, le Niger.
Justement il y a un sommet très bientôt de la CEDEAO le 7 juillet prochain, est ce que vous allez vous intéressez justement à ce rendez-vous ?
Et queue pensez-vous des initiatives du président Sénégalais justement pour tenter de convaincre les pays de l’AES de revenir au sein de la CEDEAO qui finalement ne renonce pas au Mali, ne renonce pas au Niger, ne renonce pas au Burkina Faso, Il y a comme une forme de regret ?
Nous saluons toutes les voix, tous les efforts qui sont faits dans la région pour essayer d’avoir un dialogue d’une meilleure compréhension entre les pays de l’AES et les autres pays de la CEDEAO parce que nous appartenons au même espace géographique et que nous sommes condamnés à vivre ensemble et que nous devons créer les conditions par rapport à cela.
Mais ceci étant dit, nous pensons qu’il est important que les gens réalisent que ce qui est en cours au niveau de l’AES n’est pas un épiphénomène c’est un engagement sérieux de ces pays qui ont pris une voie, qui ont décidé de se mettre ensemble.
On ne s’est pas mis ensemble aussi par accident parce que l’espace du Liptako Gourma si vous savez c’est un espace géographique, culturelle, climatique qui est commun à nos pays avec une certaine homogénéité y compris au sein de nos populations et même du point de vue de la culture.
D’ailleurs avant l’Alliance des États du Sahel, il y a une organisation qui existe encore qui s’appelle l’autorité du Liptako Gourma donc cet espace existait que certains ont appelé espace des trois frontières donc nous avons décidé d’utiliser cet espace pour un, la sécuriser, deux, renforcer l’intégration économique et commerciale des projets structurants entre nos pays et en sorte que nos pays puissent parler d’une seule fois et que cette option qui a été prise est une option sérieuse. Elle s’inscrit dans la durée donc il est important que toutes les initiatives qui se manifestent prennent en compte la décision de ces pays de continuer sur cette voie mais en n’excluant pas de parler aux autres.
Le dialogue on est obligé parce qu’on est condamné, parce que personne ne va déménager de cet espace ; nous devons pouvoir travailler pour trouver les conditions d’une coexistence de l’AES avec d’autres organisations.
Quel rôle est amené à jouer

En marge du Forum de Crans Montana de Bruxelles, le vendredi dernier, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Abdoulaye DIOP, a accordé une interview à nos confrères de RT. Dans cette interview, le chef de la diplomatie malienne a abordé entre autres la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) et ses visions ; les voies et moyens pour la souveraineté politique et économique au sein de l’AES ; les résultats sur le terrain dans la lutte contre le terrorisme… Nous vous proposons l’intégralité de son interview.
Abdoulaye Diop vous êtes le ministre des Affaires étrangères du Mali. Merci infiniment d’avoir accepté de répondre à mes questions pour RT en français.
Merci à vous. Merci infiniment, c’est un plaisir.
Alors, comment se porte l’Alliance des États du Sahel ?
C’est une question que je vous pose parce que vous venez justement de participer à un panel dans le cadre du forum Crans Montana ici à Bruxelles, un forum qui est consacré à des questions internationales, des questions stratégiques, notamment liées au continent africain.
Alors, sur quoi les discussions ont porté et comment se sont déroulés, les discussions lors de ce panel ? C’était assez intense.
Bon, c’était assez intense mais aussi assez intéressant pour nous parce qu’il y avait beaucoup de demandes ou en tout cas de besoins de la part de nos auditeurs ou des participants de mieux comprendre la dynamique de l’AES.
Il y avait certainement aussi de notre côté une nécessité de pouvoir vraiment parler de l’AES nous-mêmes et qu’il puisse entendre de nous-mêmes, notre vision pour nos pays, nos préoccupations et dans quel sens nous voudrions avancer.
Je pense que les discussions nous ont permis quand même de réaliser que l’AES n’est pas un épiphénomène même si elle a été créée en réponse à une menace existentielle contre nos pays et celle-ci est aujourd’hui utilisée comme une opportunité pour renforcer le travail en commun pour la sécurisation de nos pays et ça commence à donner des résultats probants sur le terrain.
Partant de cette situation sécuritaire améliorée nous allons maintenant vers le renforcement de l’intégration économique et commerciale entre les trois pays avec les projets structurants et aller vers une intégration des peuples et répondre aux aspirations de nos populations, notamment les jeunes et les femmes en créant les conditions d’une prospérité partagée.
Est-ce qu’il y a eu un consensus lors du panel justement sur cette question des résultats que vous obtenez sur le terrain contre l’insécurité ?
Bon, on n’a pas été spécifiquement contredit par rapport à çà mais je pense qu’il y a des faits réels si nous ne prenons que la situation du Mali en particulier par rapport au succès qui a été obtenu à Kidal qui est l’une des régions du Mali qui, pendant 10 ans, n’était pas sous le contrôle de l’État malgré la présence importante des forces internationales françaises comme celle des Nations Unies.
L’État malien avec ses investissements, le renforcement des capacités et les partenariats que nous avons développé nous ont permis aujourd’hui de faire en sorte que non seulement Kidal revienne dans le giron de l’État malien aujourd’hui et que l’État malien contrôle l’ensemble de son territoire national, ça c’est un fait.
Bon, il y a aussi une coopération sur le terrain avec le Burkina et le Niger.
Et aujourd’hui dans beaucoup de localités y compris au Mali, certains groupes terroristes ou en tout cas certains terroristes viennent même se rendre aux autorités.
Et si nous regardons le niveau d’ensemble de sécurité dans la région au Mali, par exemple dans la région de Mopti il y a 2 ans ou un peu moins, il y avait des massacres intercommunautaires, des gens mourraient par centaine.
Nous pensons que toute cette situation est aujourd’hui derrière nous, il y a eu des échanges par rapport à ça. C’était une discussion pour se comprendre et nous ne pensons pas que nous avons besoin d’arriver à un consensus mais à la fin je pense que notre message principal c’était que, vraiment ce qui est en cours est beaucoup plus sérieux que les gens le pensent et quand nous nous référons aux conclusions du Modérateur nous pensons qu’il a accepté avec nous qu’il vaut mieux que les acteurs extérieurs regardent avec un plus grand sérieux ce qui se passe au niveau de l’espace de l’Alliance des États du Sahel. Parce qu’il est profond, parce qu’il est sérieux et qu’il est bon que nous puissions vraiment l’analyser avec objectivité, parce que c’est une nouvelle donnée géopolitique.
Voilà qui redessine les cartes dans la région, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas
Il faut en tenir compte.
Est-ce que vous avez eu justement à vous justifier sur la réponse globale contre l’insécurité que vous évoquez avec vos partenaires de l’AES et d’autres partenaires ? Dans quel sens ?
Lors de ce panel est-ce que vous avez eu justement à détailler cette réponse globale que vous apportez ?
Bon, nous en avons parlé, nous avons expliqué aux uns et aux autres que même par rapport au partenariat que nous Mali ou en tout cas le Niger et le Burkina, nous n’avons pas de préférence particulière en termes de partenariat mais nous cherchons l’efficacité pour nos pays.
Si on prend le cas de la Russie en particulier pour le Mali, le choix a été parce que la Russie répondait à nos besoins, à nos préoccupations et à la diligence qui était requise pour avoir des armes adéquates pour pouvoir lutter contre le terrorisme et que par exemple avec l’Union européenne nous avons pris l’exemple de l’EUTM ( la mission de formation de l’Union européenne au Mali) dans l’exécution de laquelle nous avons demandé que ça puisse changer et que nous avions un programme qui va sur le binôme train and equip c’est à-dire former et équiper nos hommes.
Pendant des années, vous savez, l’EUTM sa formation sur le terrain au Mali ; l’armée malienne était même obligée d’amener ses propres munitions et l’Union européenne nous a fait savoir qu’elle ne peut pas donner d’armement étal et quand la guerre a éclaté en Ukraine tout ça s’est volé en éclat et on a déversé des armes étals dans cette zone.
Nous nous sommes interrogés, est-ce que la vie humaine en Ukraine à la même valeur que la vie humaine au Sahel ?
Donc tous les jours nous avons dit que ce sont ces incohérences qui nous ont amené à nous tourner vers des partenaires qui sont en mesure de répondre à nos demandes parce que nous faisons face à des menaces existentielles de groupes terroristes violents qu’on ne peut pas combattre avec des bâtons. Donc il est nécessaire que nos partenaires sortent un peu souvent des schémas de poids de mesures ou en tout cas de double langage face à des situations que nous puissions regarder. Mais dans tous les cas notre appréciation est claire.
L’avenir de nos pays ne se décidera pas à Washington à Paris ou même à New York, c’est entre les mains de nos populations, c’est entre nos mains et nous devons compter sur nous-mêmes et ça ne veut pas dire que nous n’allons pas travailler avec d’autres mais le secours viendra d’abord de nous-mêmes et ensuite nous allons voir les termes sur lesquels nous allons travailler avec les autres.
Nous sommes ouverts à tous les pays même dans l’exploitation des ressources que ça soit minière, des ressources naturelles et autres de nos pays, il faut que ça se fasse sur des termes qui bénéficient d’abord à nos populations qui s’inscrivent dans le cadre de la transformation structurelle de nos économies c’est-à-dire sur le coton… Si nous les transformons dans nos pays nos ressources minières aussi, nous n’allons pas les exporter de façon brute et s’il y avait cette transformation ça créerait plus d’emploi, ça éviterait que nos jeunes gens soient attirés dans les groupes terroristes, sur la voie de la migration ou dans les rues pour contester les régimes politiques.
Donc vous avez abordé la question de la transformation des économies du Sahel également ?
Absolument ! C’était une dimension essentielle parce que nous avons dénoncé le fait que, ou en tout cas, une des aspirations de l’AES, c’est de sortir du modèle économique post ou néocolonial qui est en place et qui ne crée pas des conditions nécessaires.
Autant nous demandons la souveraineté politique, nous pensons qu’il est important qu’il y ait une souveraineté économique qui rabat les cartes des discussions avec les partenaires pour que nous puissions aller d’égal à égal et aller dans les partenariats gagnant – gagnant.
Est-ce que la question du retrait des pays de l’AES de la CEDEAO a été abordée lors de ce panel ?
Cette question a été abordée, nous avons été suffisamment clairs dans les échanges pour expliquer les conditions dans lesquelles ceci s’est passé ; ce que nous dénoncions à l’époque. C’était surtout la propension de ces organisations, d’abord à prendre des sanctions illégales et illégitimes contre les populations parce que dans le cadre de la CEDEAO, la fermeture des frontières, on l’a dit et on le redit il n’existe aucun document dans le cadre de l’Union économique et monétaire ouest-africaine ; les sanctions financières qui ont été prises par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest à travers vraiment la prise de contrôle des avoirs financiers de nos États n’est pas prévue aussi dans aucun texte. Par rapport à ça donc nous avons dit que ce sont ces mesures qui étaient illégales qui ont été utilisées et pire nous pensons que les sanctions qui ont été prises ne visent pas nécessairement le retour à l’ordre constitutionnel.
L’objectif recherché c’était vraiment de punir les populations et d’en faire des boucliers humains ; et en sanctionnant ces populations qu’elles allaient pouvoir se lever contre les régimes qui sont en place et qu’on puisse arriver à un renversement de ces régimes. Donc c’est toutes ces questions et le fait aussi que nous avons rappelé ce qui a vraiment été le point culminant c’est la menace d’intervention militaire au Niger un des États membres de l’organisation sous injonction étrangère qui allait créer un désordre dans la région.
Pour un pays, comment on peut attaquer une armée dans un pays qui lutte depuis plus de 10 ans contre le terrorisme mais c’était vraiment avoir la libre circulation des terroristes au lieu d’avoir la libre circulation des personnes et que nos pays, le Mali et le Burkina ont décidé d’entrer en guerre si cette menace se matérialisait.
C’est ce qui a stoppé cette menace mais ça a affecté la crédibilité et la confiance de nos pays en ces organisations qu’elles n’étaient plus en tout cas dans une posture de défendre nos populations, de défendre nos intérêts et qu’elles présentaient désormais une menace.
Nous nous sommes sortis juste dans l’analyse de cette situation de la réponse à la CEDEAO et en allant vraiment en disant que l’AES c’est vrai, elle a été créée dans une situation qu’on peut considérer comme elle était contre une mesure, elle s’est élevée contre quelque chose mais aujourd’hui nous travaillons pour nos pays, pour notre souveraineté, pour renforcer l’intégration économique et commerciale entre nos pays mais pour aussi travailler à matérialiser l’idéal d’intégration qui ne nous a jamais quitté, le Mali , le Burkina, le Niger.
Justement il y a un sommet très bientôt de la CEDEAO le 7 juillet prochain, est ce que vous allez vous intéressez justement à ce rendez-vous ?
Et queue pensez-vous des initiatives du président Sénégalais justement pour tenter de convaincre les pays de l’AES de revenir au sein de la CEDEAO qui finalement ne renonce pas au Mali, ne renonce pas au Niger, ne renonce pas au Burkina Faso, Il y a comme une forme de regret ?
Nous saluons toutes les voix, tous les efforts qui sont faits dans la région pour essayer d’avoir un dialogue d’une meilleure compréhension entre les pays de l’AES et les autres pays de la CEDEAO parce que nous appartenons au même espace géographique et que nous sommes condamnés à vivre ensemble et que nous devons créer les conditions par rapport à cela.
Mais ceci étant dit, nous pensons qu’il est important que les gens réalisent que ce qui est en cours au niveau de l’AES n’est pas un épiphénomène c’est un engagement sérieux de ces pays qui ont pris une voie, qui ont décidé de se mettre ensemble.
On ne s’est pas mis ensemble aussi par accident parce que l’espace du Liptako Gourma si vous savez c’est un espace géographique, culturelle, climatique qui est commun à nos pays avec une certaine homogénéité y compris au sein de nos populations et même du point de vue de la culture.
D’ailleurs avant l’Alliance des États du Sahel, il y a une organisation qui existe encore qui s’appelle l’autorité du Liptako Gourma donc cet espace existait que certains ont appelé espace des trois frontières donc nous avons décidé d’utiliser cet espace pour un, la sécuriser, deux, renforcer l’intégration économique et commerciale des projets structurants entre nos pays et en sorte que nos pays puissent parler d’une seule fois et que cette option qui a été prise est une option sérieuse. Elle s’inscrit dans la durée donc il est important que toutes les initiatives qui se manifestent prennent en compte la décision de ces pays de continuer sur cette voie mais en n’excluant pas de parler aux autres.
Le dialogue on est obligé parce qu’on est condamné, parce que personne ne va déménager de cet espace ; nous devons pouvoir travailler pour trouver les conditions d’une coexistence de l’AES avec d’autres organisations.
Quel rôle est amené à jouer

Source: Info-Matin

 

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