Homme de principe très dur avec lui-même, Barry a été un des plus grands défenseurs de la culture malienne en général et des langues nationales en particulier. Militant infatigable du mouvement démocratique, Abdoulaye Barry aura participé à toutes les luttes politiques, syndicales, culturelles, de notre pays.
Il a vécu toutes les difficultés inhérentes à ce genre d’engagement : mutations arbitraires, arrestations, sans jugement, qui ne fîrent que raffermir son sentiment patriotique.
Homme de grande culture, il a toujours fait preuve de tolérance, d’ouverture d’esprit et d’honnêteté intellectuelle. Ces qualités lui ont permis de jeter les ponts entre les différentes tendances du mouvement démocratique.
Né en 1940, à Bamako, Abdoulaye Barry avant sa mort le 22 septembre 1991, n’a ménagé ni son temps, ni ses ressources, ni sa santé pour les causes qu’il défendait.
Inscrit à l’école rurale de Bamako-Coura (actuelle Ecole Mamadou Konaté) en novembre 1947, il obtint son certificat d’Etudes primaires élémentaires en 1953 et son brevet au collège technique de Bamako (actuelle lycée Technique).
Nommé instituteur adjoint en novembre 1958, Barry réussit au certificat d’aptitude pédagogique en 1960 et en lower certificate de Cambridge la même année. C’était à l’issue d’un stage de formation de Maîtres d’Anglais. Assistant, à l’institut national des langues et cultures orientales de Paris (INALCO) Abdoulaye Barry obtient en 1986 le diplôme de sociolinguistique de l’école des Hautes études en sciences sociales de Paris.
La vie et l’œuvre de Abdoulaye Barry sont intimement liées à la Coopérative Culturelle « Jamana ».
Membre fondateur et vice-président de la Coopérative, Barry a occupé en son sein différentes fonctions. Il a notamment été directeur de la série langues nationales des Editions Jamana. Rédacteur en chef de Sorofé, (journal parlé sur cassettes de Jamana en langues nationales) et de Jekabaara, journal en bamanan de la CMDT, et de l’ODIPAC.
Il fût aussi membre du comité de rédaction de la revue culturelle Jamana et directeur de publication du journal « Les Echos ». Barry a été directeur de « Jamablon », le centre de cultures maliennes de la Coopérative Jamana… Membre fondateur du groupe d’études et de réflexion pour la promotion des langues nationales (Benbakan dungew) créé en 1975, Barry a publié de nombreux articles dans des revues spécialisées sur le bamanan en France, en Norvège, au Japon et au Mali.
Rédacteur en chef de la revue Sankoré Jama de l’institut des sciences humaines, Barry a enseigné la langue et la littérature bamanan à l’Institut national des Arts de 1979 à 1987.
Traducteur de l’hymne nationale du Mali et du chant national des pionniers en bamanan en 1980, co-traducteur de l’international en bamanan en 1981, auteur de l’hymne aux langues nationales en 1981, il était membre du jury du baccalauréat français pour l’épreuve de langue bamanan à Paris en 1985 et 1986.
Après la victoire du mouvement démocratique, précisément en avril 1991, Abdoulaye Barry sera nommé directeur de la DNAFLA. Poste qu’il occupera jusqu’à sa mort le 22 septembre 1991.
L’itinéraire de Barry est aussi celui des combattants pour la démocratie au Mali. Et l’histoire retiendra son apport exceptionnel dans l’avènement du 26 mars 1991. Mais déjà, il importe de savoir que Abdoulaye Barry a été parmi les initiateurs de l’appel au peuple malien, de la « lettre ouverte au président de la République », du comité de suivi de la lettre ouverte, un des premiers responsables de la création de l’Adéma-Association et de l’Adéma-Parti africain pour la solidarité et la justice.
Présent sur tous les fronts de la lutte démocratique depuis sa tendre jeunesse, Barry aura essayé partout, de mettre ses actes en conformités avec ses idéaux.
Paix à son âme !
M.C.
Source: Le 26 Mars