Les leaders de l’Association des Elèves et Etudiants du Mali (AEEM) ont rendu visite à la famille Abdoul Karim Camara dit Cabral. Une première depuis l’assassinat, le 17 mars 1980, du leader estudiantin. C’était hier, à Wolofobougou – Bolibana, après la prière du vendredi.
C’est en entonnant l’hymne national du Mali que les membres de l’AEEM ont fait leur entrée dans la famille Cabral. Assis sous une bâche, aménagée par la circonstance, les frères et compagnons de lutte du leader estudiantin ont accueilli le groupe d’étudiants venus, à bord de deux bus, pour rendre hommage à leur héros commun parti trop tôt, âgé seulement de 24 ans.
Pardonner….mais jamais oublier
Tout de blanc vêtu dans un boubou, Mohamed Bassirou Camara, l’un des deux frères aînés du défunt prend la parole au nom de la famille. «Nous pardonnons», débute-t-il. «Nous pardonnons aux assassins de notre frère. Nous pardonnons tout le mal qui nous a été fait», assure-t-il. «Cependant, ajoute le sexagénaire, nous n’oublions pas». «Nous n’oublierons jamais tant que nous ne saurons pas où a été enterré notre frère». En cet instant précis, il se tut. Ses mains tremblaient, derrière la monture de ses lunettes on pouvait apercevoir ses yeux rouges, sa gorge se nouait sous l’effet de la colère.
La gravité du moment n’échappe à personne. Un silence de deuil de martyr s’abat sur le public. «Aider nous à savoir la vérité sur le lieu où notre frère a été enterré», il rompt le silence. Joignant l’acte à la parole, il remet au secrétaire général de l’AEEM des documents qui selon lui peuvent aider la jeune génération à comprendre des choses. A la suite de Mohamed Bassirou Camara, le Pr Farouk Camara dit Farigou lance un appel aux autorités actuelles. Nous savons, dit-il, que le président Ibrahim Boubacar Keita, n’est ni de près ni de loin mêlé à l’assassinat de Cabral, alors nous lui demandons de mettre tout en œuvre pour nous dire où se trouve le corps de notre frère. Il en a les moyens, conclut-il.
« Chaque élève malien est un Cabral »
En prenant la parole à la suite des frères Camara, le secrétaire général de l’AEEM, Abdoul Salam Togola alias Willy a su trouver les mots justes pour réconforter la famille éplorée. Il n’était pas question pour eux, indique-t-il, de fêter le 27e anniversaire de la création de l’AEEM sans rendre hommage à Cabral. «Être Malien, c’est être reconnaissant, alors c’était un devoir pour nous de vous rendre visite», affirme-t-il. Aujourd’hui, explique le leader estudiantin, il y a trois millions d’élèves et étudiants au Mali, aucun d’entre nous n’a oublié le sacrifice de Cabral. «Pour autant que l’école existe au Mali, l’esprit de Cabral sera là. Car, chaque élève malien est un Cabral».
Selon Abdoul Salam Togola, la découverte de la vraie tombe d’Abdoul Karim Camara n’est plus une affaire de la famille mais de tous les élèves et étudiants du Mali. Une séance de bénédiction pour le repos de l’âme du défunt a mis fin à la cérémonie.
Mamadou TOGOLA