Le président de la République, IBK, les membres de la famille du défunt Seydou Badian Kouyaté, les présidents des Institutions de la République, les membres du gouvernement, les membres du corps diplomatique, les représentants des organisations internationales, les délégations du Sénégal et du Congo étaient présents aux obsèques nationales du médaillé d’or de l’indépendance. C’était jeudi 3 janvier 2019, au Boulevard de l’indépendance.
Seydou Badian Kouyaté, homme politique, ancien ministre est aussi l’écrivain qui a publié : « Sous l’Orage, La Mort de Chaka, Les Dirigeants africains face à leurs peuples, Le Sang des Masques, Les Noces Sacrées, La Saison des Pièges… » Il est décédé le 28 décembre 2018. Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, est venu s’incliner devant la dépouille du disparu qui a été décoré de la médaille de Grand officier de l’Ordre national. Le général de brigade, Amadou Sagafourou Gaye a dit que Seydou Badian était : «l’un des derniers survivants de l’âpre lutte pour l’indépendance du Mali ». Selon Amadou Koïta, ministre de l’Emploi, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne et Porte-parole du gouvernement : «le grand baobab est tombé ». Il a ajouté que Seydou Badian, de son patronyme Niomboïna, est né le 10 avril 1928 à Bamako. Militant de l’Union Soudanaise-Rassemblement Démocratique Africain (US-RDA), Seydou Badian était un proche du premier Président de la République du Mali, Modibo Keïta, sous le régime duquel il a occupé les postes de ministre de l’Economie Rurale et du Plan et ministre du Développement en 1962. Il est arrêté et déporté à Kidal, après le coup d’Etat de 1968. Il est revenu au Mali après la révolution du 26 mars, qui a entraîné la chute du général Moussa Traoré. Il repose désormais au cimetière de Niaréla. Le président de la République du Congo était représenté à la cérémonie par la Première Dame, Mme Antoinette Sassou Nguesso et le ministre de l’Enseignement supérieur, Anatole Oly. Le ministre congolais a déclaré que le chagrin de la perte de Seydou Badian est partagé également par l’ensemble du peuple congolais. Le ministre de la Culture du Sénégal, Abdoul Latif Coulibaly, accompagné de deux ministres sénégalais, a signalé sa grande connaissance du défunt qu’il considère comme son maitre. Il a qualifié Seydou Badian de ministre africain de la République des Lettres.
B.D. /Canarddechaine.com
Obsèques de Seydou Badian Kouyaté : Les invités s’expriment
Lors des Funérailles nationales de Seydou Badian, nous avons interrogé quelques invités. Lisez leur point de vue !
Ibrahima Ly, Secrétaire général de l’UM RDA FASO JIGUI
C’est une grande perte pour la Nation malienne et il fait partie des derniers médaillés d’or de l’indépendance. Il nous quitte en laissant un grand vide et en nous laissant dans des situations que nous avons connues aux premières heures de l’indépendance, qui avaient ces problèmes, qui ont pu trouver leurs solutions, avec les grands hommes de cette époque, avec peu de moyens, ils avaient tout simplement foi en la République du Mali. Nous, qui sommes les enfants nés dans les années 60, aux premières heures de l’indépendance, quoi de plus normal, que de venir accompagner un papa et de participer avec le peuple du Mali, la patrie reconnaissante, tout ce que ce grand homme, j’ai nommé le docteur Seydou Badian Kouyaté, a puis faire pour notre pays, de l’hymne national, à l’hymne des pionniers, au premier plan quinquennal du Mali et fidèle compagnon du président Modibo Kéita et de façon invariable.
Cheikh Oumar Gologo
Aujourd’hui, c’est une icône nationale qui disparait. Quelqu’un qui symbolise l’unité de la Nation, qui symbolise le Mali rayonnant, qui symbolise l’espoir pour la jeunesse, donc, aujourd’hui, nous devons de lui rendre cet hommage mérité, en espérant que le cheminement qu’il a tracé sera suivi par les générations futures. Nous voulons tous, aujourd’hui, un Mali émergent, un Mali où les inégalités sociales seront réduites, un Mali où chacun et chacune puisse se trouver dans la paix, la quiétude, dans l‘épanouissement. Tonton Seydou Badian, qu’Allah t’accompagne dans son paradis éternel, nous continuons de prier pour toi et nous continuons de suivre la voie que vous et d’autres pères de l’indépendance ont tracée pour que le Mali soit ce qu’il est aujourd’hui !
Professeur Bakary Cissé
Je suis honoré de participer à cette cérémonie, parce que Seydou Badian Kouyaté est une référence pour le Mali, c’est un exemple vivant de patriotisme et les jeunes générations, à l’indépendance du Mali, se sont inspirées des œuvres de Seydou Badian Kouyaté, de son œuvre et de son comportement. Il constitue jusqu’à nos jours, un référentiel et je conseille vraiment que les leçons apprises par ce grand homme public du Mali et d’Afrique soit davantage partagé au niveau de toutes les communautés du Mali. C’est un élément par rapport auquel tout le monde doit pouvoir se rectifier. C’est un jour triste pour le Mali.
Daouda Coulibaly, citoyen
Je viens pour les funérailles nationales de Seydou Badian. Je lui souhaite un séjour meilleur que celui d’ici. Je prie pour que Dieu illumine sa tombe que Dieu nous accorde la foi et des pensées pieuses. Ceci est la volonté de Dieu. Que Dieu lui accorde la paix. C’est vraiment tout ce que je lui souhaite.
Amadou Konda, Conseiller des Affaires étrangères
Je viens assister aux funérailles du Seydou Badian Kouyaté, à plusieurs titres. Premièrement, je trouve que ce sont eux, les bâtisseurs du Mali et deuxièmement, parmi les bâtisseurs, à mon avis, il était le seul qui restait et il est donc normal que l’Etat fasse de ses funérailles, une obligation pour les citoyens et aviser de participer à ses funérailles pour dire un dernier au revoir. C’est une grande personnalité, culturelle, politique, que le monde entier a perdue aujourd’hui. Seydou a été pour beaucoup, pour la jeunesse malienne, surtout, la jeunesse africaine qui l’a connu à travers l’ouvrage « Sous l’Orage ». Il a dit lui-même qu’il a écrit cet ouvrage à l’âge de 25 ans, mais nous constatons toujours les réalités de cet ouvrage. Comme on le dit, c’est une bibliothèque qui s’en est allée, mais heureusement, c’est une bibliothèque qui n’a pas brûlé.
Abdoul Niang, journaliste
Nous accompagnons aujourd’hui un grand baobab à sa dernière demeure. Il est une figure de proue de l’indépendance malienne, je peux même dire l’indépendance africaine, parce que l’USRDA, qui était une section du RDA, qui a eu à participer à la lutte globale de décolonisation du continent africain, donc, Seydou Badian, acteur et témoin privilégié de cette page glorieuse de notre histoire n’est pas un petit homme : homme de science, de culture, homme politique également, à travers tous ses parcours, que ce soit son parcours littéraire, que ce soit son parcours politique, il a été guidé par un souci constant, qui est le rayonnement du Mali, qui est la grandeur du Mali et la reconnaissance de nos valeurs culturelles et leur adaptation aux réalités contemporaines, donc je crois que l’homme recouvre beaucoup de dimensions, c’est tout à fait normal que la nation toute entière lui rende cet hommage et le président de la République est à saluer pour cette initiative, combien reconnaissante, ça nous renvoie à un ancien discours, selon lequel la Nation reconnait chaque fils valeureux.
Lassana Kéita, professeur de lettres à la retraite
Seydou Badian mérite mieux. Avant sa mort, on aurait dû profiter du savoir de cet homme. Malheureusement, on ne l’a pas fait. Ces funérailles-là, je crois qu’il les a forgées avant sa mort, parce que c’est une tête. Le mérite d’IBK, c’est d’avoir organisé des funérailles nationales pour lui. Seydou a tout donné pour le Mali. J’ai suivi son interview, la nuit, avec une télévision congolaise, c’est extraordinaire, il n’a pas vu l’argent, il n’a pas vu les effets de la vie. Seydou a vu son pays. C’est étonnant ! Comment peut-on avoir des sommités comme ça et se trouver dans la médiocrité où nous sommes, avec le pays qui brûle partout ? Je dis pas qu’il ne s’agit pas seulement de lui organiser des funérailles, il a une orientation, une philosophie, c’est ce qui va servir ce pays, jusqu’à la fin du monde. Si on n’exploite pas ça, je crois que ça ne sert à rien de parler de ces hommes. Ils ont un héritage, ils nous ont laissé la bravoure, la vertu, ces vertus qui ont caractérisé nos ancêtres, c’est ce qu’ils ont imitées. Seydou a fait l’essentiel de ses études en France, mais on a vu qu’il n’a pas dérapé. Quand il était ministre, il a vu la duplicité de ses conseillers, parce qu’on lui a fait comprendre que les actions qu’il voulait entreprendre, c’est l’échec. Il vaut mieux échouer dans l’action, il a dit qu’il il n’abandonne jamais, il a préféré se débarrasser de ces conseillers, mais, maintenant, qu’est-ce qu’on voit ? C’est la mollesse, c’est le laxisme au vu et au su de tout le monde, on a laissé le Mali aller à l’eau. Le Mali ne mérite pas ça. Seydou Badian ne mérite pas ça. Je me souviens qu’une fois, il a dit : ceux qui sont partis très tôt ont été plus tranquilles que lui. C’est quelqu’un que j’ai connu, pas de façon approfondie, je l’ai souvent invité au lycée Massa Makan, parce qu’un homme comme ça, il faut l’amener devant les jeunes, les adolescents, pour qu’ils puissent s’en inspirer. Les mots me manquent, parce qu’un homme comme ça, 90 ans d’existence, vous voyez bien : « Sous l’Orage qu’il a écrit à 24 ans, avec les Dirigeants africains face à leur peuple, la Mort de Chaka, Noces sacrées, le Sang des Masques, la Saison des pièges. » Les idées de Seydou sont là, pour ceux qui veulent l’exploiter, mais tout dépend de l’Etat. L’Etat est le moteur de la Nation, nous avons besoin d’un Etat qui puisse réparer. Le Mali ne mérite pas la situation actuelle.
Daba Diawara, président du PIDS
Tonton Seydou a été notre guide. En tant que pionnier de l’indépendance, nous avons cheminé ensemble, au sein de l’Union Soudanaise RDA et il a été le premier président d’honneur de mon parti, le parti de l’Indépendance de la Démocratie et de la Solidarité, c’est dire que je suis très honoré par les obsèques nationales qui sont organisées pour lui aujourd’hui. Seydou Badian est un homme d’Etat, un exemple que tous les Maliens doivent suivre, parce que toute sa vie, il n’a cessé d’appeler le Mali à se lever, le Mali à se tenir debout, à faire face à toutes les adversités. Tonton, dors en paix, le chemin que vous avez tracé, nombreux serons prêts à l’emprunter !
Cheikh Harouna Sangaré, président de l’UMUM
Nous remercions les plus hautes autorités du Mali, d’avoir donné assez d’importance à ces obsèques, puisque Seydou Badian était un homme qui a consacré toute sa vie pour le Mali, un homme qui a toujours appelé les Maliennes et les Maliens à l’entente, à la cohésion sociale, à l’entraide, donc, le Mali a certes perdu un grand homme, mais, il restera dans les mémoires de tous les Maliennes et les Maliens. Chaque jour que nous allons chanter notre hymne national, nos souvenirs iront vers lui, nous prions « Allah Soubhana Wa Talla » pour qu’Allah accueille son âme au paradis éternel, que la paix règne dans notre pays et que notre pays puisse retrouver la stabilité et la prospérité que nous attendons.
Propos recueillis par Baba Dembélé
Canard Déchainé