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Abbe Pierre Dioma, professeur de théologie : « Tout chrétien à l’âge de la raison peut jeûner »

La communauté chrétienne catholique du monde a débuté, mercredi 2 mars 2022, le carême. Ce temps de dévotion à Dieu, de prière, de pardon, de partage et de pénitence commence le mercredi des cendres et prend fin le samedi saint, ce qui correspond à une période de 40 jours. L’Abbé Pierre Dioma, professeur de Bible donne quelques enseignements sur le carême des chrétiens catholiques.

 Mali-Tribune : Quel est l’origine du carême ?

L’Abbé Pierre Dioma : Le carême tel que nous le connaissons aujourd’hui ne fut instauré qu’au IVe après Jésus-Christ. Les premiers chrétiens respectaient une diète les mercredis et vendredis ainsi qu’une semaine de jeûne avant Pâques. Au IVème siècle. Ils étendirent cette période à 40 jours avant Pâques, en référence au jeûne du Christ (Mt 4,1-2).

Mali-Tribune : Comment se déroule le jeûne chrétien ?

L’Abbé P. D. : Je dirai plutôt « comment se déroule le carême chrétien » dont le jeûne n’est qu’un aspect. Le carême chrétien est défini par le Christ en trois phases dans Mt 6,1-8.16-18 : l’abstinence (ou le jeûne), le partage (aumône ou charité) et la prière.

L’abstinence comporte ce qu’on appelle ordinairement le jeûne. Il ne s’agit pas nécessairement « d’une privation totale de nourriture et de boisson pendant 24 heures mais, d’un effort qui aide à se libérer du superflu et de l’inutile. C’est s’abstenir de tout ce qui meuble inutilement notre vie sur le plan de la nourriture, des distractions, des plaisirs de la vie etc. Cela nous rend forts contre les attaques du démon (Mt 17,21), qui lui, vit dans la gabegie.

Ce dont on se prive pourra servir à aider les pauvres notamment les veuves, les orphelins, les déplacés, les sans-abris, les parias de la société etc. C’est le partage ou la charité, deuxième pilier du carême.

Se priver de nourriture et d’eau, ce n’est pas déplacer le moment de les consommer, mais c’est vraiment s’en priver pour nourrir ceux qui ont faim, habiller ceux qui sont nus, visiter les prisonniers, accueillir les étrangers (Mt 25,34-36), protéger la veuve et l’orphelin (JC 1,27).

C’est aussi le pilier qui requiert le renforcement des vertus et relations consolidant un vivre ensemble agréable dans la famille, la communauté et le pays. On regarde l’autre avec les yeux de Dieu pour voir en lui un frère, une sœur à aimer et non un loup à abattre. Voir en l’autre l’image de Dieu nous amène au dernier pilier du carême : la prière. Un des piliers du carême est la relation du chrétien avec son Dieu à travers la prière et la lecture/médiation de la Parole de Dieu. Pendant le carême on multiplie les prières au niveau personnel, familial et au niveau communautaire.

Les chemins de croix, les marches de carême et les recollections des différents groupes l’illustrent brillamment. Pour nous résumer, laissons la parole au prophète Isaïe : « le jeûne qui me plait n’est-ce pas ceci : faire tomber les chaines injustes, délier les attaches du joug, rendre la liberté aux opprimés, briser tous les jougs ? N’est-ce pas partager ton pain avec celui qui a faim, accueillir chez toi les pauvres sans abris, couvrir celui que tu verras sans vêtement, ne pas te dérober à ton semblable ? Alors ta lumière jaillira comme l’aurore, tes forces reviendront vite » Is 58, 6-8.

 Mali-Tribune : Pourquoi avoir choisi quarante jours pour le jeûne ?

L’Abbé P. D. : Le mot « Carême » vient du latin quadragesima (dies) qui veut dire quarantième (jour). Il fait référence aux quarante jours et quarante nuits que notre Seigneur Jésus-Christ a passé dans le désert sans manger ni boire résistant au diable (Mt 4,1-2). Le peuple de Dieu a fait quarante ans de marche au désert pour arriver à la Terre Promise. Le prophète Elie a marché aussi quarante jours et quarante nuits pour arriver au Sinaï où Dieu lui apparut (1 R 19,8). Le chiffre 40 est donc le symbole du temps d’attente (2 S 15,7) et de maturation (Gn 25,20 ; 26,34), de l’épreuve qui prépare à la rencontre de Dieu (Ex 24,12.15-18). Quarante jours symbolisent donc une démarche à la rencontre de Dieu (Ex 34,27-28 ; 1 R 19,8).

En réalité, entre le mercredi des centres (début du carême) et Pâques, il y a 46 jours dont 6 dimanches. Le dimanche est le jour de la résurrection de notre Seigneur Jésus Christ. C’est donc un jour de fête. Le chrétien ne « jeûne » pas les dimanches. Ainsi nous retrouvons les 40 jours pleins.

Mali-Tribune : Est-ce que le jeûne est une obligation sur tous les chrétiens ?

L’Abbé P. D. : Dans l’amour, il n’y a pas d’obligation ni de crainte car « quand on aime, on n’a pas peur. L’amour parfait chasse la peur. En fait, on a peur quand on attend une punition. Celui qui a peur n’aime donc pas de façon parfaite » (1Jn 4,18). L’amour est libre et rend libre. Il n’y a donc pas d’obligation dans le carême. Seulement, il est recommandé que les chrétiens qui le peuvent vu leur travail et leur état de santé, observent le jeûne le mercredi des cendres et surtout le vendredi saint. Mais Dieu n’est pas « un gendarme ! ».

L’Eglise recommande aussi un régime maigre les vendredis de carême, c’est-à-dire ne pas consommer de la viande. Vous savez, notre Seigneur Jésus-Christ a versé son sang un vendredi. Pour en faire mémoire, les chrétiens s’abstiennent de manger de la viande qui implique le fait de tuer un animal. Tout chrétien à l’âge de la raison, 7 ans environ, peut jeûner en tenant compte de son état de santé et de ses activités.

Propos recueillis par

Marie Thérèse Coulibaly

(stagiaire)

Source: Mali Tribune

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