Des informations qui nous sont parvenues à propos des négociations en cours entre le CNSP et la mission spéciale de la CEDEAO au Mali conduite par Son Ex. Goodluck Jonathan, nous relevons quelques points qui risqueront de créer des frustrations ou des malentendus entre les maliens dans un avenir assez proche si adoptés. Il est clair que certains points de discussion/ négociation doivent se faire entre maliens et non entre la communauté internationale (CEDEAO) et le CNSP. Il s’agit notamment de :
• Toutes les décisions concernant la forme et le leadership de la transition ;
• La feuille de route de la transition ;
• La durée/ chronogramme de la transition ;
• Les différents organes transitoires et leurs missions;
• L’organisation et la tenue des élections à venir (présidentielles, législatives et référendaires)
• La taille et la composition du gouvernement de transition ;
• Le sort des institutions existantes ;
• Tous les contours de la transition.
Les négociations actuelles entre la mission de la CEDEAO et le CNSP doivent plutôt se focaliser sur :
• Un accord global avec le CNSP vers une transition civilo-militaire apaisée et acceptée de tous (par toutes les parties prenantes) ;
• Des dispositions pour accorder une immunité judiciaire aux acteurs militaires des évènements du 18 aout 2020 ;
• Des dispositions vers un retour à l’ordre constitutionnel normal (qui n’a d’ailleurs pas été bouleversé car la constitution de 1992 reste d’actualité et n’a jamais fait l’objet de suspension par le CNSP) ;
• La levée de l’embargo et des sanctions de la CEDEAO contre le Mali ;
• La libération et toutes les questions concernant le sort réservé à l’ancien président M. Ibrahim Boubacar Keita et autres.
Pour une transition inclusive et apaisée, le choix de la personne militaire ou civile qui aura la lourde tâche de la diriger doit se faire par des représentants des forces vives maliennes (CNSP, société civile, partis politiques, organisations des femmes et des jeunes, mouvements signataires de l’Accord de Paix et de Réconciliation d’Alger, barreau, syndicats, etc.). Cela doit être de même pour le choix de tous les membres des organes transitoires qui seront mis sur place. La CEDEAO pourrait jouer un rôle de facilitateur ou d’arbitre dans la mise en place des organes transitoires et du choix des différents responsables si elle le souhaite. En ce que je sache le MALI n’est pas un pays sous tutelle !
Après la signature d’un accord entre le CNSP et la CEDEAO, les maliens y compris le CNSP doivent se retrouver autour d’une même table (forum inclusif de toutes les forces vives de la nation) pour enfin décider d’une transition appropriée, de sa feuille de route et de tous ses aspects. Le Mali est dans une phase importante et cruciale de son histoire qu’il doit nécessairement réussir !
Bamako le 23 aout 2020
Assoumane A. MAIGA
Source : Assoumane A. MAIGA