Si le territoire malien, dans sa globalité, a retrouvé « une stabilisation », selon les termes de Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, il reste des points noirs, surtout dans le Nord-Mali : Tessalit, Tombouctou (où un camp terroriste avec un stock de 400 tonnes d’armes a été démantelé mi-décembre) et surtout Kidal.
Selon le lieutenant-colonel Jean-François Calvez, en charge des opérations tactiques et rencontré dernièrement à Gao, cette ville est « un bouillon de culture, où se concentrent tous les problèmes terroristes, où la tension est encore palpable ».
Le cas Kidal reste crucial. « La stabilisation de la nation malienne passe par sa pacification ou sa résolution. Attention à toute vision angélique ! On trouve dans cette zone plus de trafiquants que de terroristes, comme les Moktar Bel Moktar ‘‘Mister Marlboro’’. Régulièrement, les gens s’allient aux groupes terroristes armés pour maquiller leur trafic ». Depuis septembre, une quinzaine de djihadistes ont été arrêtés par les forces françaises et remis aux autorités maliennes. Mais dans cette nébuleuse sahélienne, difficile de cibler les terroristes potentiels. Moins de « gros mouvements comme au début de la crise », plus de petits groupes mobiles de 30 personnes, presque tous Maliens, entre 40 et 80 ans ‘‘d’apparence’’». À Gao, pourtant siège du Mujao, la population collabore, ce qui est moins le cas des populations nomades. « Le sentiment général d’impunité est parfois déroutant », admet le colonel Calvez, « et il faut lutter contre ».
C’est à Kidal aussi qu’ont été assassinés les journalistes de RFI. Des arrestations avaient eu lieu. Sans atteindre le meurtrier présumé. « Nous avons fait tout ce qui était possible pour traquer les assassins », se défend le militaire, « on avait dégagé 80 hommes en 4 heures, la traque a ensuite duré deux semaines avec 450 hommes… » En vain.