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Les plaies maliennes un an après l’opération Serval

Un an après l’offensive française dans le centre du pays pour repousser les islamistes radicaux, la vie reprend peu à peu ses droits au Mali. Mais la paix reste précaire.

Jean Yves Drian ministre defense français soldats serval

as besoin de lire le panneau communal rouge et blanc pour comprendre que l’on est arrivé à Konna. Sur le bord de la route, où transhument les maigres bergers peuls et leurs troupeaux, les véhicules calcinés des djihadistes annoncent la petite ville du centre du pays où commença l’intervention française au Mali, le 11 janvier 2013.

Konna porte encore les stigmates de l’opération déclenchée pour mettre un terme à l’avancée des groupes armés terroristes vers le sud du pays. Au débarcadère de pêche, les entrepôts où ils logeaient ne sont plus qu’un amas de tôle tordue. Dans la cour de la sous-préfecture détruite, des véhicules en ruine gisent au milieu des douilles comme des épaves de bateaux prisonnières de la vase.

Héros français

« Pour des raisons de sécurité, on attend des instructions de l’État avant de les dégager », explique le maire de la ville, Ibrahima Diakité, au frais dans le vestibule de sa maison. Aiguille de perfusion plantée dans le bras pour soigner un paludisme, il doit peaufiner l’organisation du premier festival de Konna, prévu du 17 au 19 janvier. « Konna est entrée dans l’histoire du Mali », souligne-t-il non sans fierté. Il inaugurera à cette occasion la statue de Damien Boiteux, premier mort français de l’opération. Le pilote d’hélicoptère a déjà donné son nom à une rue et à plusieurs petits commerces. Derrière une bâche d’où émerge un béret bleu vissé sur un visage blanc, sculpteur et peintre apportent la dernière touche au monument.

Non loin de l’odorant marché aux poissons étalé entre le fleuve Niger et la terre ferme, l’imam de la grande mosquée se souvient de sa rencontre avec ceux qui disaient combattre au nom de l’islam. « Le maire, le sous-préfet, les militaires n’étaient plus là. J’étais la dernière autorité », raconte, assis sur une natte, le grand homme à la barbe blanche, chèche enroulé autour de la tête et chapelet tombant sous la poitrine. « Quand on a dû prier ensemble, j’ai senti qu’on ne partageait ni le même cœur, ni la même religion. » Au réveillon du 31 décembre, aucun pétard n’a retenti à Konna. « Les gens sont encore traumatisés. Certains fidèles ne viennent plus à la mosquée depuis que ces gens sont venus. »

Dans sa petite salle de classe vide où il enseigne en peul et en français, Boubacar Diallo revit les événements avec entrain. Il raconte comment il a rassuré ses petits élèves avant de les raccompagner chez eux un à un lorsque les groupes armés sont entrés dans la ville le 10 janvier. Puis il déplie fièrement un drapeau noir encadré de deux kalachnikovs, qu’il a courageusement décroché de la mairie au nez et à la barbe des djihadistes. « Ce drapeau m’énervait, et il énervait les gens », sourit-il.

Sur un mur de la classe, des affiches en bande dessinée enseignent aux enfants comment identifier les restes d’explosifs de guerre. 13 personnes en sont mortes au Mali depuis le début du conflit, selon l’ONU. Dans les environs de Konna, des terres sont incultivables à cause de leur présence. Pour les écoliers des régions du Nord, occupées pendant plusieurs mois, le chemin vers les bancs en bois et les tableaux noirs est encore long. 32 % des écoles de la région de Gao n’ont pas rouvert. Dans la région de Kidal, seulement trois écoles fonctionnent, contre 57 avant la crise.

Militaires maliens : lourd bilan

Un an après, le bilan officiel des militaires maliens morts à Konna la veille de l’intervention française est vague. « Il y en a eu beaucoup, assure un sergent malien sous couvert d’anonymat. La ville avait été infiltrée avant l’offensive. On manquait de munitions, et certains dans nos rangs ne parvenaient pas à manier les armes lourdes. »

L’effectif des troupes françaises devrait descendre à 1 000 d’ici à la fin de l’hiver. « Il faut voir ça comme le signe d’une amélioration de la situation, non ? » interroge le maire de Konna. Les véhicules blancs de la Minusma traversent régulièrement la ville en convois. 5 500 Casques bleus sont aujourd’hui déployés au Mali sur les 11 200 attendus initialement. Le secrétaire général de l’ONU s’est dit récemment « vivement préoccupé par les conditions de sécurité précaires qui règnent dans le nord du Mali ». Entre octobre et décembre, quatre Casques bleus et deux journalistes français ont été tués par les terroristes.

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