L’Algérie accuse le Mali de violation des droits de l’homme à Tinzawatène, en marge de la célébration du 75e anniversaire de l’adoption des conventions de Genève de 1949. «Nous devons œuvrer pour mettre fin aux violations et aux menaces des armées privées » utilisées par certains pays au Mali, et les tenir responsables de ce qu’ils commettent en «violation du droit international», a déclaré l’Ambassadeur algérien, Ammar Benjameh, à Genève. Cette situation reflète les tensions croissantes entre les deux pays, notamment autour de la question de la sécurité et des droits de l’homme dans la région.
Le représentant permanent de l’Algérie auprès des Nations Unies a appelé à la nécessité pour l’ONU de travailler afin de mettre fin aux violations faites par des armées privées qu’utilisent certains pays au Mali contre, dit-il, des civils.
Dans son discours, au siège du Haut-Commissariat aux droits de l’homme à Genève, lundi 26 août 2024, à l’occasion du 75è anniversaire de l’adoption de la Convention de Genève, l’ambassadeur algérien a insisté sur la nécessité pour l’ONU de faire en sorte que les auteurs de ces violations des droits de l’homme répondent de leurs actes.
Selon plusieurs sources, l’Algérie envisagerait sérieusement de soumettre un Projet de résolution à l’ONU pour imposer une zone d’exclusion aérienne au nord du Mali vers Tinzawaten, avec la possibilité de permettre à l’armée algérienne de recourir à la force pour mettre fin aux tueries contre les civils.
Pour Ammar BENJAMEH, ces violations et les menaces qu’elles provoquent et les dangers qu’elles représentent pour la région, il est nécessaire de demander des comptes aux parties à l’origine des violations en faisant allusion aux autorités maliennes et russes.
Alors qu’il siège au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies, l’Algérie veut profiter de son mandat pour régler ses comptes avec le Mali au sein de l’organisation moniale.
Cette prise de position du voisin algérien arrive au moment où des trolls annoncent que des civils ont été tués, dont des enfants, dans des frappes de drone menées le dimanche dernier.
Ces opérations aériennes qui ont eu lieu à Tinzawaten, tout près de la frontière avec l’Algérie, là où l’armée malienne et ses alliés russes avaient subi fin juillet des pertes face aux séparatistes et aux djihadistes.
«L’armée de la junte malienne et les mercenaires russes du groupe Wagner (…) ont exécuté plusieurs frappes de drone venu du Burkina Faso à Tin Zaouatine, à quelques mètres du territoire algérien », a accusé un responsable du groupe terroriste du CSP qui fait état d’un bilan provisoire de vingt et un civils tués, dont onze enfants, des dizaines de blessés et « des dégâts matériels énormes ».
« Celles-ci ont ciblé dans un premier temps une pharmacie, ensuite d’autres frappes ont suivi en visant des attroupements humains », a poursuivi leur porte-parole, Mohamed Elmaouloud Ramadane, dans un communiqué.
Selon la plateforme AES-Info, le terroriste Mouslim Abou Hamza a été éliminé lors de frappes de drones des forces armées maliennes menées le 25 août 2024 près de Tinzaoutène. Cinq autres combattants qui l’accompagnaient ont également été neutralisés.
Selon cette source, Mouslim Abou Hamza était un cousin proche de Chafghi Ag Bohada, une figure emblématique d’Ançar Dine. Sa mort représente un coup dur pour ce groupe terroriste actif dans la région.
Cette sortie du diplomate algérien à Genève est la preuve que les relations entre l’Algérie et le Mali continuent de se détériorer. Les activités des Forces armées maliennes à la frontière algérienne suscitent une vive inquiétude à Alger, qui ne cesse de renforcer sa position avec notamment la dénonciation de l’accord d’Alger en janvier 2024 par le président de la transition, Assimi GOITA.
Parmi différents griefs, le gouvernement du Mali reproche à l’Algérie d’héberger des bureaux de représentation de certains groupes signataires de l’accord de 2015 devenus « des acteurs terroristes ». Le régime malien « exige des autorités algériennes de cesser immédiatement leur hostilité ».
Les quatre conventions de Genève fournissent les règles fondamentales de la protection des victimes de conflits armés.
Le 75e anniversaire de l’adoption des conventions de Genève de 1949 offre une bonne occasion de réaffirmer notre engagement à respecter le droit humanitaire international et à prendre des mesures pragmatiques en vue de promouvoir les objectifs humanitaires qui le sous-tendent. Nous appelons les autres à faire de même.
Par Abdoulaye OUATTARA