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À fleur de vérité : Un cadeau divin

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Cousin adoré, pardonne-moi, de ne t’avoir pas étreint la semaine passée. Ce n’était pas un oubli, mais un bobo de santé. Tu sais, nous sommes des cousins fusionnels.

T’en souviens-tu, lorsque tu disais qu’un rhume rebelle avait pris en otage ta voix. Pour moi, c’était une méchante grippe, accompagnée de maladies opportunistes, qui m’avait valu quelques jours d’alitement. Je me remets doucettement. J’en espère autant pour toi. Sans être des frères siamois, quand tu éternues, je le ressens dans ma chair.

Bon, je vais m’arrêter de nous trouver des points communs. Je ne suis que le fou du roi, et toi, le roi. Je dors dans une chaumière, et toi, dans un palais. Ça se ressent à ton teint, alors que le mien est rembruni par le soleil. On ne pense pas forcément de la même manière. On ne se ressemble pas.

Mais j’ai un vilain défaut : je n’arrête pas de m’en faire pour toi. Cousin adoré, il faut peut-être revenir à tes bonnes résolutions d’alors, celles qui te poussaient à invoquer Dieu et à le supplier d’éloigner Satan de ta route. Parce qu’un quidam m’a fait remarquer que tes tracas quotidiens tirent leur source de tes «Inch’Allah» psalmodiés mais jamais ressentis. Je lui ai défendu de le dire, mais il croit mordicus qu’on ne saurait snober Dieu et s’en tirer à bon compte.

Sur un point, je lui donne cependant raison. Cousin, tu ne dis plus la Basmala : Bismillahi Rahmani Rahim (au nom de Dieu, clément et miséricordieux). C’est la plus grande miséricorde, et oublier la Basmala signifie oublier Dieu. Est-ce parce que tu as eu ce que tu voulais ou parce que tu es devenu subitement amnésique ? Dans l’un comme dans l’autre cas, c’est ta réputation qui en pâtit.

J’espère seulement que tu n’as pas changé de religion, parce qu’il paraît que «le pouvoir corrompt». Plus personne ne te reconnaît ! En un mot comme en cent : la déception et la frustration gagnent du terrain chez tes partisans.

En tout cas, cousin, je te comprends et je t’aime à mourir. Les Maliens ne te méritent pas. Tu es un cadeau divin.

Issiaka SISSOKO

Source : Le Reporter

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