« Si nous avons décidé d’être là, c’est parce que l’APDP a compris qu’elle a des missions à partager avec les hommes de médias. Ces missions, exposait le président Haidara, sont en lien avec la promotion des droits humains, une composante essentielle de la démocratie et de l’Etat de droit », a déclaré Oumarou AG. Fondement de nos engagements respectifs, précise-t-il dans son discours, la protection des droits humains demeure le combat de l’APDP. La personne humaine étant sacrée, sa vie privée se doit d’être préservée conformément à la législation, a-t-il expliqué aux journalistes. En l’occurrence, la thématique retenue pour ce 6ème anniversaire était : « La protection des données personnelles et les médias ». Un choix qui, annonçait Oumarou, n’est pas fortuit. Parce que le droit à la liberté d’information garantit que les médias puissent exercer leurs missions essentielles de façon démocratique. Lesquelles missions sont d’ailleurs garanties par la loi fondamentale, c’est-à-dire la constitution du 25 février 1992.Comme mentionné dans son discours, il faudra que les médias exercent conformément aux principes démocratiques et républicains, leurs fonctions d’information des citoyens, en tenant compte de l’intérêt du pays. Ce droit fondamental à la prise de parole et le droit au respect de la vie privée dont émanent les données personnelles ne sont ni absolus, ni hiérarchisés. Le problème de la conciliation entre la liberté d’expression et la protection des données personnelles est, sans doute, l’un des plus difficiles à résoudre. Ce, poursuivait le président de l’APDP, au motif qu’il y a une antinomie fondamentale entre la première (liberté d’expression) fondée sur des possibilités illimitées de rassemblement et de circulation de l’information, et la seconde (protection des données personnelles) exigeant des strictes limitations afin d’assurer le respect de la vie privée.
Sans détour, le président Oumarou illustrait, en l’occurrence, que de nombreux pays sont, de nos jours, parvenus à adopter des textes de protection de données à caractère personnel. Des textes qui ont permis une coexistence à valeur constitutionnelle. Mais dans notre pays qui est le Mali, dira-t-il, face au silence de la loi n°2013-015 du 21 mai 2013 portant protection des données à caractère personnel qui ne prévoit pas de dispositions particulières par rapport à certains aspects, les membres de l’APDP ont ainsi voulu tenir cette rencontre avec les hommes de médias. Ce, afin d’échanger sur les dispositifs de ladite loi afin qu’elle ne soit pas une entrave à la liberté de la presse. De son côté, Modibo Fofana, non moins président de l’association des professionnels de la presse en ligne du Mali (APPEL-Mali), a estimé que cette rencontre s’inscrit dans le cadre du partenariat entre l’APDP et la presse afin d’outiller les journalistes sur le respect des données à caractère personnel. Il est tout à fait évident que les questions de données à caractère personnel se posent aujourd’hui, si nous essayons de voir tout ce qui se passe comme dérapage déontologique des images ; vidéos, va-t-il dire. À l’entendre, les journalistes doivent travailler à alerter l’opinion nationale sur le danger d’utilisation de ces données personnelles. L’APPEL-Mali est conscient de son rôle, et est prêt à accompagner l’APDP. ET de profiter de l’occasion pour appeler les autorités à légiférer « rapidement » sur le secteur de la pesse en ligne. En charge d’expliquer la thématique « protection des données personnelles et les médias », Arouna Keita, directeur des affaires juridiques et contentieux de l’APDP soulignait que les données personnelles se définissent comme toute information facilitant l’identification d’une personne parmi les autres. C’est-à-dire : le nom : prénom ; l’immatriculation…D’après lui, beaucoup de journaux fermeront boutique, s’il faut appliquer la loi sur la protection des données à caractères personnel. À titre d’exemple, précisait-il, « On ne doit pas publier la photo d’une personne sans son consentement, le faire c’est violer la loi et elle peut porter plainte pour cela. C’est pareil pour l’enregistrement d’une personne à son insu…».
Mamadou Diarra
Source: Journal le Pays- Mali