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57e Anniversaire de l’armée: les acquis, les attentes et les défis

La vaillante armée du Mali célèbre demain samedi, son 57e anniversaire dans un contexte de défi sécuritaire qui se pose à notre pays, depuis 2012. Depuis l’accession à la magistrature suprême du président Ibrahim Boubacar Keita, la reconstruction de la grande muette pour sa montée en puissance reste son leitmotiv. Cette volonté politique se concrétise, depuis 2015 par l’adoption de textes législatifs et règlementaires en vue de l’amélioration des conditions de vie et de travail des militaires, dont une Loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM), le Statut général de la fonction militaire. Si beaucoup reste à faire pour une armée de tous les défis, force est de constater que de nombreux efforts ont été déployés par les plus hautes autorités et les partenaires du Mali. Nous avons enquêté pour vous !

Le Commandant en chef des Forces de défense et de sécurité, le président de la république, a instruit à ses gouvernements successifs un outil de défense à la hauteur des attentes des Maliens : ‘’ Il nous faut sans délais, des soldats, des policiers, des gardes et des gendarmes capables, bien équipés et prêts à répondre à l’appel du pays. Cela, dans un contexte où les ressources humaines et matérielles sont gérées de manière optimale conformément aux normes de la gouvernance vertueuse, sans laquelle il n’y a pas d’issue pour un Mali qui rêve de retrouver sa grandeur aujourd’hui contrariée’’, peut-on lire dans son discours du 20 janvier 2014.

Certes le Mali est loin du statut de foudre de guerre qui a fait sa notoriété par le passé, de cette force dont on se gardait soigneusement de chercher des noises lors des opérations à l’étranger. D’ailleurs, tous les spécialistes s’accordent à dire qu’il ne faut pas s’attendre à un miracle : il faudra encore plusieurs années pour que les FAMa retrouvent leur plein régime, leur véritable capacité opérationnelle.
C’est pourquoi, depuis sa nomination, le ministre de la Défense et des anciens combattants, Tiéna COULIBALY, est sur tous les fronts afin de redonner à l’armée malienne son lustre d’antan.

Un engagement constant
Lors de la cérémonie de présentation des vœux de l’armée au chef de l’Etat, le 11 janvier 2018, le Général M’Bemba Moussa Keïta a admis que l’année qui s’achève a été laborieuse pour les Forces de Défense et de Sécurité. Cependant, ces moments rudes de l’année n’ont pas empêché les Forces de défense d’honorer leur serment.
«Les groupes armés terroristes, par des actions lâches et harcèlements, de pose d’engins explosifs improvisés et de mines ainsi que par des assassinats ciblés, ont voulu installer la terreur chez la population et dans nos rangs. Ces actions ne feront pas reculer et n’entameront en rien notre moral et notre engagement d’honorer notre serment». Ce message fort et rassurant du CEMGA a renouvelé l’estime et la confiance du Chef Suprême envers son Armée.
Pour le Gal M’Bemba Moussa, le nom ‘’DAMBE’’ de l’opération en cours est révélateur de l’engagement et de la volonté inébranlable des FAMa pour son Peuple. Il précise également que les actions des FAMa ne sont pas seulement militaires, elles sont aussi civiles par la participation aux activités de développement.
En outre, le Général Keïta estime que la création de la Force conjointe du G5 Sahel est intervenue dans un contexte particulier. Il ajoutera que les FAMa seront au rendez-vous du calendrier pour son opérationnalisation complète. ‘’Nous poursuivrons les efforts avec les moyens mis en à notre disposition pour le succès des Armes du Mali et en éloignant de nous tout esprit de surenchère. Nous ne pouvons que compter sur nos propres efforts en considérant ceux des autres comme complémentaires’’, a-t-il conclut.
Quant au Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, il a promis que l’armée sera mise dans toutes les conditions quelques soit le coût. ‘’Tel est notre devoir. Telle est notre vocation. L’Armée doit être debout pour la patrie, car notre dignité et notre souveraineté n’ont pas de prix’’, a rassuré le Président IBK. Il admet que des progrès notoires ont été constatés dans l’atteinte des objectifs. Cependant, il a précisé qu’il reste encore beaucoup à faire pour regagner la confiance des populations.
‘’ Nous cherchons à construire une armée adaptée à la guerre asymétrique. Cela nécessite la mise en place des forces spéciales’’, a-t-il indiqué.

La vision et les objectifs opérationnels du commandement
A l’issue d’une visite dans les casernes en juillet 2017, le Chef d’Etat-major général des armées du Mali, le Général M’Bemba Moussa KEÎTA, a indiqué que l’armée dispose aujourd’hui de 2 chantiers majeurs, à savoir son quadrillage opérationnel pour la sécurisation des populations sur l’ensemble du territoire national et sa restructuration. Il a annoncé qu’un statut est en cours d’élaboration pour le personnel féminin qui représente plus de 2 300 éléments.
Il a expliqué et soutenu que c’est l’homme qui mène, gagne ou perd la guerre et que le matériel ne constitue qu’un amplificateur, un multiplicateur de forces. Le CEMGA invite en outre à faire attention à l’image des FAMa partout, à l’interne comme à l’externe. Et, de souligner les cas d’attaques, d’accusations de toutes sortes, via les réseaux contre les FAMa. Il a signalé que nous devons tout mettre en œuvre pour prendre en charge notre destin, car nos militaires meurent tous les jours malgré la présence des forces étrangères dans notre pays. Au Régiment des Commandos Parachutistes, le Général M’Bemba a expliqué que l’affaire dite des ‘’bérets’’ se conjugue désormais au passé, ‘’personne ne gagne dans la division’’. La cohésion, dit-il, est indispensable. Et, de souligner que le RCP est une force de capacité opérationnelle reconnue ou du moins c’est ce que l’on attend des commandos. Tout en renouvelant sa confiance au RCP, il a invité les anciens à être des guides pour la jeunesse. Pour le général Keita, l’un des soucis qui lui coupent le sommeil est bien la sécurisation du centre de notre pays. Il s’agit là, selon lui, de mutualiser les efforts pour faire avancer la paix. Le CEMGA a affirmé avoir fait le choix de faire appliquer les textes, les récompenses et punitions seront aussi appliquées et c’est à ce prix que l’objectif Mali sera atteint. Il a promis que les formations classiques se dérouleront désormais annuellement en fonction de la LOPM et que les effectifs doivent répondre aux besoins.

La montée en puissance
Le Président de la République, Chef Suprême des armées, son excellence Ibrahim Boubacar Keita a présidé le mardi 03 octobre dernier, la cérémonie de présentation des nouvelles acquisitions de l’armée de l’Air. Cette cérémonie s’est déroulée à la base 101 de Sénou en présence des membres du gouvernement et des autorités militaires. La présentation concernait 4 nouveaux appareils dont 2 avions de type Y-12 et 02 Hélicoptères MI-35. Ces nouvelles acquisitions sont la concrétisation de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM) qui ambitionne une montée en puissance des forces armées malienne en générale et de l’armée de l’Air en particulier.
Le Chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air, le Colonel-major Souleymane Bamba a souligné que ces avions ont été acquis sur le budget national. Il a noté que ces acquisitions témoignent de l’engagement personnel du Président de la République de doter les FAMa en équipements adéquats. Le Colonel-major Bamba a rappelé le contrat opérationnel assigné à l’armée de l’air dans le cadre de la réforme des forces de défense et de sécurité.
Selon le général BAMBA, l’ambition déclaré du président de la république est précis et bien compris au plus haut niveau du commandement des FAMAS : « l’armée de l’air devait monter en puissance pour être en mesure en l’espace de 4 ans, d’assurer le transport aérien d’un échelon tactique de 200 hommes en 24 heures, le déploiement d’un échelon d’urgence de la valeur d’un groupement tactique interarmées de 700 hommes en moins d’une semaine à n’importe quel point du territoire national, le déploiement rapide et le soutien aérien d’une force d’un volume globale de 6000 hommes dans la zone des opérations en moins de 03 mois ainsi que l’appui feu et l’appui en renseignement au profit des forces terrestre par tout temps de jour comme de nuit, la protection de la population et la participation à l’effort de développement socio-économique du pays ainsi que l’appui aux opérations de soutien à la paix par le transport de nos contingents vers les foyers de tensions ».

Acquisition de vecteurs aériens modernes
Le CEM-AA a affirmé que pour atteindre cet objectif, la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire a consacré un effort considérable pour l’acquisition de vecteurs aériens modernes et adaptés aux besoins avec des moyens de soutiens, les infrastructures nécessaires et surtout la formation du personnel exploitant pour une autonomie complète. Il a signalé que tous les aéronefs sont pilotés et maintenus par des aviateurs FAMa.
Faisant le bilan des activités aériennes, le Colonel-major Souleymane Bamba a déclaré que du 1er janvier au 1er octobre 2017, les avions de transport de l’armée de l’aire ont effectué 212 vols et transporté 4 504 personnes. Les autres aéronefs ont aussi effectué 1207 heures de vols en 380 missions opérationnelles sur le théâtre ‘’Dambé’’. Pour lui, toutes ces activités confortent l’armée de l’air en d’énormes défis de maintenance, d’équipements de soutien, d’infrastructures qui nécessitent un effort budgétaire conséquent. Il a ajouté que le parking de la base deviendra bientôt trop exigu pour accueillir les avions.
‘’En vue de permettre une gestion rationnelle et pérenne de la nouvelle flotte et une contribution encore plus efficace de la composante air à la réalisation des objectifs opérationnels assignés aux FAMa, il est urgent de réaliser des infrastructures et de mettre en place un budget organique spécifiquement dédié à l’entretien et à la maintenance des aéronefs. C’est à ce prix que nous pourrons maintenir notre flotte à un niveau opérationnel optimale’’, a souligné le CEM-AA.
Le Chef suprême des armées s’est réjoui de constater désormais que «nous avons de quoi mettre nos soldats à l’abri, de quoi riposter, de quoi poursuivre dans la nuit jusque dans leur terrier ceux qui faisaient bon commerce de la vie des Maliens, cela est plus que réconfortant».
Pour le président, il ne s’agit ni moins ni plus pour lui que d’un devoir : ‘’La mobilité sur le théâtre des opérations est une nécessité absolue. Désormais, cela ne sera plus lié aux caprices de tel ou tel partenaire. Nos FAMa pourront aller ou que ce soit sur le territoire national pour faire la relève des hommes qui auront servi et qui doivent eux aussi se reposer ’’ a noté le Président. Selon IBK, ce défilé aérien lui a fait prendre conscience de l’urgence de faire en sorte que toutes les unités du Mali, tous les corps de l’armée malienne, tous ceux qui ont la charge, la mission et la vocation de défendre la Patrie soient dans les meilleures conditions.
Le Chef Suprême des Armées a profité de l’occasion pour rassurer les Maliens d’autres arrivages d’équipement de nos militaires dont deux autres avions de combats de type MI-35 et 4 super Tucano. Ce qui veut dire que ce 20 janvier 2018 marquera l’annonce d’autres acquisitions.
« Les forces de défense et de sécurité sont l’outil de décision d’un Chef d’Etat. Qui que soit, tu ne peux parler avec satisfaction, défendre les intérêts de ton pays tant que tu n’es pas adossé à une défense nationale digne de ce nom. Si ta défense nationale repose sur qui que ce soit, tu n’es pas indépendant », a-t-il martelé.
Il s’est dit heureux de montrer au peuple malien comment son argent est utilisé et combien ses soldats sont déterminés à défendre la patrie. Le Président s’est réjoui de voir les avions pilotés par des jeunes militaires maliens. Cette armée selon lui est en éveille, l’armée de l’air aura encore l’occasion de se réjouir quand les super Tucano, les MI-35 et un autres CASA seront livrés. Il a annoncé la commande d’autres avions. Il a aussi promis qu’à l’heure de l’honneur, ils ne décevront pas et ils iront au bout. Le chef suprême des armées a signalé qu’il réalisera des infrastructures et la réhabilitation des camps.

Une lutte implacable contre le terrorisme
Le terrorisme est un phénomène criminel et complexe. Engagé dans le centre pays dans cette guerre asymétrique, les FAMAs payent un lourd tribut face aux terroristes qui les imposent un combat asymétrique, diffus et pernicieux.
Dans le centre du pays, les terroristes ont constamment recours aux engins explosifs, ces armes de la lâcheté ; des combattants passifs, difficilement visibles, mais assez redoutables. Dans les localités de Bulkessy, Boni, Tenenkou, Macina, Léré, Nampala, etc, les FAMas y font face au quotidien. Cela s’explique assez aisément par la posture offensive, dynamique adoptée par les FAMa sur le terrain.
Les FAMA sont résolument engagées à lutter contre les terroristes sur toute l’étendue du territoire national. Cette détermination induit une dynamique de mobilité. Cela est particulièrement perceptible aujourd’hui au centre du pays. Là, les patrouilles, les fouilles, les contrôles et autres actions empêchent et ôtent aux terroristes et aux ennemis de la paix toute liberté d’action et de mouvement. Traqués, persécutés, les terroristes ne souffrent plus l’attaque frontale avec les FAMa. Au demeurant, ils cherchent maintenant à les ralentir dans leur dynamique, histoire de gagner des délais pour pouvoir se réorganiser. C’est cela que les FAMa ont compris et exploitent à fond. L’emploi d’engins explosifs par les terroristes donne la preuve de leur essoufflement, de leur désarroi. En fait, ils sont progressivement neutralisés. C’est le moment propice de conjuguer les efforts dans une synergie d’action.

La LOPM, les acquis
Cette réforme prend donc en compte tous les efforts visant le renforcement des capacités des forces de Défense et de sécurité.
Votée par l’Assemblée nationale le 5 mars 2015, elle a été minutieusement élaborée pour doter notre pays d’un outil de Défense capable de relever des défis en tout genre. Elle se traduit par une restructuration profonde des forces armées et de sécurité maliennes permettant le renforcement des capacités opérationnelles avec un budget évalué à près de 200 milliards de F CFA, sur cinq ans.
C’est pourquoi, pour la hiérarchie militaire, cette réforme est un outil formidable qui traduit la grande volonté du président de la République, chef suprême des armées, Ibrahim Boubacar Kéita, de doter notre vaillante armée des moyens d’assurer ses missions régaliennes.
Cette réforme doit être soutenue à bras le corps par le peuple malien qui est la source de la puissance de l’Armée. En effet, c’est des Maliens que nos forces armées et de sécurité tiennent leur légitimité en tant que détentrice de la force létale. A ce titre, c’est aussi le peuple qui lui confère sa volonté de combattre l’ennemie. Notre soutien indéfectible est donc indispensable à l’efficacité de notre Armée.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que notre armée est en train de prendre un nouveau départ. Lors de la célébration du 22 septembre 2017, le président a eu cette phase pour l’armée ‘’Quand on met les FAMA en mission on leur donne les moyens de cette mission’’.
Parlant des acquis de la LOPM, quatre ans après son élaboration, le Col Diaran KONE ne manque pas de parler d’une révolution majeur. A travers sa mise en œuvre, a-t-il fait savoir, l’amélioration des dotations en équipements est une réalité. Ainsi, aujourd’hui, chaque militaire malien a trois uniformes par ans, des gilets pare-balle pour les hommes engagés dans les opérations, des casques lourds pour combattants. On note également avec lui l’acquisition de nombreux véhicules pour la locomotion, des équipements lourds ainsi que des munitions.

La formation comme fer de lance
Le renouveau au sein de nos forces armées et de sécurité passe nécessairement par la formation des hommes. Aujourd’hui, l’armée malienne dispose de 2 centres d’aguerrissement où des activités sont en cours. Aussi, depuis 2014, l’EUTM nous a permis de recycler 12 GTIA.
Certes, c’est formation sont très utiles parce que permettant à notre armée de procéder à la mise à niveau des hommes. Mais forces est de reconnaitre qu’elles sont, pour le moment loin de la ligne de front. Au moment où il est question du démarrage de la troisième phase de la formation de l’EUTM, les autorités compétentes et leurs partenaires parlent d’une délocalisation de ces sessions à de Koulikoro à Ségou puis Sikasso, et Kayes, etc.
Autre signe du renouveau, aujourd’hui, la réalisation d’un camp digne de ce nom est en construction à Nampala après les événements du 17 juillet 2016.
Ce qui est évident, c’est qu’aucun régime ne peut réussir sans une armée forte.

Recrutement, la transparence comme crédo
Le processus du recrutement 2017 dans l’armée était au centre d’une conférence de presse tenue le mardi 09 mai 2017 à la Direction de l’Information et des Relations Publiques des armées. Il s’agissait d’expliquer et de partager avec les journalistes la stratégie de transparence adoptée par le département de la défense dans le cadre du recrutement de 5000 nouveaux personnels, conformément à la loi d’orientation et de programmation militaire (LOPM).
Ce recrutement s’inscrit dans un esprit d’inclusivité, de transparence, de crédibilité et de redevabilité, a expliqué le conférencier. C’est pourquoi le processus a été étendu à toutes les localités du pays où cela était possible. Selon lui, les critères et conditionnalités ont été définis et les centres de dépôt des dossiers ont été clairement indiqués par localité.
En optant pour une nouvelle politique de recrutement basée sur la transparence, les autorités militaires ambitionnent des hommes volontaires et engagés pour la patrie et non des ‘’chercheurs’’ de salaires. C’est dans contexte que les différents recrutements ont été opérés à Bamako et dans les régions du pays. Il s’agit en plus clair, selon le conférencier de ‘’donner plus de chance aux méritants’’. Pour lui, il faut que ceux qui seront recrutés soient engagés. En somme, cet exercice de communication atteste de la volonté de transparence et de crédibilité du commandement. Le colonel a noté que l’armée est une question d’aptitude physique, morale et intellectuelle. Il a invité à renier la corruption, car tant qu’on ne change pas de choix, on n’aura pas l’armée de nos besoins. Il a conclu en affirmant que l’armée malienne regorge de combattants intrépides et que c’est la combativité du soldat qu’il faut améliorer.
De nos jours, on enregistre pas moins de 10 000 hommes appelés sous le drapeau depuis la LOPM, selon des sources sécuritaires.

DDR, la phase cruciale
Après la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger le15 mai 2015 et son parachèvement le 20 juin 2015 par l’ensemble des parties prenantes au conflit au Nord de notre pays, les regards ont été tournés vers le processus de sa mise en œuvre. Parmi les échéances prévues, l’étape consacrée à l’intégration des combattants dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des forces armées et de sécurité du pays a suscitée et continue de susciter beaucoup d’attention et de débats. Cependant, cette intégration est une disposition clé de l’Accord, qui conditionne le redéploiement des forces armées et de sécurité dans les régions du Nord du Mali et un fondement du règlement du conflit.
Les préoccupations ci-dessus servent de viatique au processus du Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR). Le processus du DDR arrive progressivement à sa phase cruciale. Chacun des ex-combattants aspire à une nouvelle vie. Divers choix et opportunités s’offrent : la vie civile et les forces armées et de sécurité. Mais dans tous les cas l’exercice n’est pas facile. Il requiert quelques viatiques et/ou ingrédients essentiels. Entre la volonté ou le choix de tel ou tel domaine, et la capacité réelle d’y exercer, des critères constituent toujours une épreuve. Pour les éléments désireux de faire carrière dans les Forces de défense et de Sécurité (FDS) du Mali, cela apparait tributaire d’abord de la capacité d’absorption des armées et services. Encore que les mouvements signataires ont déclaré chacun détenir plusieurs milliers de combattants. Nombre d’entre eux sont des déserteurs à répétition des FDS. Certains se sont auto octroyés des grades de leur choix. Des fois, sans se sourciller de l’adéquation grade- emploi, etc. Imaginer que tout le monde veuille être général ! Imaginer que tout le monde ne réponde pas aux critères primaires de telle ou telle profession.
Les mouvements armés ont annoncé de gros effectifs de combattants. En son temps, c’était surtout pour bénéficier d’espèces sonnantes et trébuchantes. Aujourd’hui, c’est l’heure des comptes. Il faut attendre de voir concrètement tout cela, en fonction bien évidemment de la capacité de résorption de l’armée malienne. Assez souvent, ces effectifs modulent l’accompagnement et l’appui des Partenaires Techniques et Financiers (PTF). En somme, le succès du processus DDR résulte de la responsabilité des acteurs, de la validité et la fiabilité des critères d’éligibilité, du réalisme des effectifs annoncés ou disponibles et surtout de la volonté de toutes les parties. Il ne faut point douter de ce que la commission nationale DDR, en toute responsabilité, assure sa responsabilité avec honneur. Surtout, le franc-parler et franc-agir de son président y contribueront. La sécurité et la paix, dans un contexte de post-crise, sont tributaires du succès du DDR, dont la réussite appelle les viatiques évoqués plus haut. Alors, chacun doit se mobiliser pour la réussite du DDR. Il importe alors que chacun s’engage.
Critères logiques d’intégration
En attendant que la commission d’Intégration en coordination avec le Conseil National établissent ensemble les critères, les quotas et les modalités de l’intégration des combattants dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des forces armées et de sécurité, certains critères logiques d’intégration sont déjà retenus. Il s’agit de l’appartenance à une unité combattante d’un mouvement signataire de l’accord issu du processus d’Alger, la définition de l’emploi de l’élément au niveau de l’unité combattante, l’expérience professionnelle, les limites d’âges, de grades, l’aptitude et les exemptions de mandats de dépôt et être de nationalité malienne, ce qui constitue, entre autres, des garde-fous et autant de conditionnalités à remplir au bénéfice d’une intégration inclusive.
Pour ce qui concerne les quotas, les effectifs des ex-combattants à intégrer au sein des forces armées maliennes et de sécurité, il sera tenu compte non seulement des dispositions de l’Accord, mais aussi de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire qui projette le format futur des Forces Armées Maliennes.
Concernant l’attribution des grades et des fonctions de commandement, certes, l’accord prévoit une plus grande représentativité des ressortissants du nord dans les Forces armées reconstituées, y compris dans les structures de commandement, mais les erreurs commises dans les précédentes intégrations seront évitées en vue de maximiser les chances de réussite du présent processus. Donc, le respect de la pyramide des grades dans notre armée sera un impératif dans l’attribution des grades, vu que celui-ci consacrent l’aptitude à exercer des fonctions déterminées.
Il faut retenir que par souci de conformité avec la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire, les officiers supérieurs dont la fin de la disponibilité à servir est de 2 ou 3 ans ne seront pas intégrés. Parce que leur service prendra fin, juste au terme des formations normales que tous les intégrés seront amenés à faire, alors que des formations spéciales ne seraient pas recommandables pour leur catégorie.
Toutefois, les membres des mouvements anciennement officiers des forces armées et de sécurité du Mali seront réintégrés au moins aux mêmes grades. Ceux qui ne remplissent pas les conditions et ceux qui choisiront de ne pas être intégrés pourront bénéficier d’une pension de retraite, d’une pension proportionnelle ou d’une pension d’invalidité ou tout autre arrangement suivant le cas.

Les enjeux de l’Intégration.
L’intégration d’ex-combattants sous le leadership du Gouvernement, non isolée, en harmonie et en cohérence avec les autres aspects de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix est un élément de résolution définitive du douloureux conflit du Nord. Sa réussite peut contribuer également à renforcer les capacités opérationnelles des FAMas.
La réussite du processus d’intégration permettra aussi la prise en compte de l’importance de la représentation significative de toutes les populations du Mali au sein des forces armées et de sécurité, d’aller vers une véritable réconciliation et bâtir une véritable Armée Nationale, républicaine et apte à relever les défis de sécurité au Mali et ailleurs.

Mesures d’accompagnement.
L’intégration des combattants dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des forces armées et de sécurité nécessite toujours la mobilisation à travers l’intensification de la sensibilisation de nos compatriotes par des Medias spécialisés en communication de défense, selon des sources du ministère de la défense.
Les résultats attendus de l’opération d’intégration ne seront effectifs que s’ils sont en harmonie et en cohérence avec les autres aspects de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix ; en plus de certaines mesures d’accompagnement qui constituent d’autres centres d’intérêt de grande importance, entre autres, la réalisation de nouvelles infrastructures au profit de notre armée ainsi qu’un suivi et évaluation réguliers de son parcours par la commission d’intégration.

Le rôle clé des populations
Aujourd’hui, notre contexte sécuritaire exige une bonne collaboration entre l’armée et la population. Sur la question, le colonel Diaran KONE, directeur de la DIRPA, précise que le but aujourd’hui de l’armée en construction est de chercher à s’approcher davantage d’elles. Pour cela, il ajoute que des actions civilo-militaires (l’assistance médicale à la population et l’assistance vétérinaire) sont mises en œuvre.
‘’ Nous cherchons à gagner leur sympathie et leur confiance’’ a-t-il dit, avant de conclure que la bonne santé de la collaboration FAMA- population constitue un baromètre de sécurité non négligeable. Le partage d’information devient indispensable, dit-il. Le soutien aux FAMa est un devoir et une exigence pour chaque citoyenne et citoyen. Sur ce point, le centre du pays focalise particulièrement les attentions aujourd’hui, sans bien évidemment oublier ou négliger les autres localités du pays en proie à une insécurité inquiétante. Les populations y sont donc interpellées.

Un statut général novateur
Pour permettre à la réforme d’avoir les résultats escomptés, les autorités ont aussi élaboré des textes d’accompagnement. Notamment, la révision du Statut général de la fonction militaire. Selon l’un des officiers que nous avons rencontré, le statut général de la fonction militaire constitue une innovation majeure. Pour la première fois, dans les textes de l’armée, il est clairement consigné la prise en charge des militaires tombés sur le théâtre des opérations. Aussi, il est contenu dans ledit document, la prise en charge de leur famille et de leurs ayant-droits.
De même, des mesures et de récompense et de sanction pour les militaires sur les théâtres d’opérations sont prévues. Le nouveau statut prévoit ainsi de renforcer les capacités des hommes de commandement sur le terrain. Aussi, est-il prévu une procédure très brève de radiation des militaires fautifs sur le terrain. Le nouveau statut formalise les critères de promotion dans l’armée. Cette loi qui été adoptée par l’assemblée nationale du Mali en mai 2017, consacre la transposition des 15% de la solde de base des militaires, en indice de solde. En effet, dans le temps, les forces armées percevaient cette somme au titre d’une prime, tandis que la police l’avait répercutée sur sa grille indiciaire, et ce faisant sur les pensions de retraite.
L’attribution de la prime de risque par les autorités de la Transition a permis de corriger la grande disparité existant entre les différents corps dans la prise en compte du risque. Malgré tout, seuls les militaires de certains corps dont ceux des services de transmission, de santé des armées, la Garde nationale et la Gendarmerie nationale bénéficiaient de la prime de risque et ce, à des taux qui diffèrent. Les députés ont relevé que le fait d’appliquer de façon similaire ces 15% à tous le corps risque de désavantager certains hauts gradés qui par les avancements sont pointés au-delà de ces 15%.
Pour les militaires tombés sur le champ de l’honneur, le statut prévoit, une somme de 1 million de Fcfa et une quantité importante de vivres qui sont accordées aux familles de tous les militaires ayant perdu la vie sur le théâtre d’opération. En termes claire, cette modification permettra au personnel militaire de bénéficier des mêmes avantages en activité tout comme à la retraite, que les autres corps des forces de défense et de sécurité. L’adoption de ces nouveaux textes contribuera à éviter certaines injustices, dit-on.
Dans la même veine, les autorités de notre pays ont décidé d’octroyer à nos forces armées et de sécurité des logements décents. Ainsi, un chantier de réalisation de 1000 logements sociaux est en cours depuis 2016, dans la localité de Kati Kambila.

1000 logements sociaux au profit des familles de militaires
La cérémonie de pose de la première pierre de ces 1000 logements sociaux à Kambila au profit des militaires a eu lieu, le samedi 30 avril 2016 à Fanafié, sous la co-présidence du ministre de la Défense et des Anciens Combattants, Tiéman Hubert Coulibaly, et de son homologue de l’urbanisme Dramane Dembélé.
Ce programme de logements sociaux comprend 800 logements de type F3 en dalle et 200 logements de type F4 en dalle, à construire sur un site de niveau de viabilisation supérieur à trois, conformément à la stratégie nationale de logement. Son coût de réalisation est estimé à plus d’un milliard de FCFA.
La réalisation de ce projet consacre l’expression manifeste de l’intérêt que le Président de la République, Ibrahim Boubacar Keita, accorde à l’amélioration des conditions de vie et d’existence des Forces Armées et de sécurité, notamment en ce qui concerne les logements à un prix subventionné.
Les dits logements sont en train d’être réalisés par la Société pour la promotion des maisons construites (SOPROMAC) dans un cadre de partenariat public-privé entre le ministère en charge de la Défense, celui de l’habitat et la Banque malienne de solidarité (BMS), dans un mécanisme ‘’prêt acquéreur’’ à la fin des travaux. Ils seront cédés à un prix subventionné, dont le coût des terrains et la viabilisation seront supportés par l’Etat malien.
Ces maisons seront remboursées sur 25 ans, soit 300 mensualités, à travers des prêts acquéreurs avec la banque malienne de la solidarité. C’est une première d’une part au point de vue qualité d’ouvrage sur un même site pour 1000 familles et d’autre part, en terme de collaboration entre l’Office Malien de l’habitat, les bénéficiaires et la société immobilière. Le département de l’urbanisme et de l’habitat veillera pour la pleine réussite de l’opération.
Cette cité de Kati-Kambila accueillera bientôt 1000 logements de type F3 et F4 au profit des militaires. Les types F3 ont une surface égale à 84 m2 bâtie sur des terrains de 200 m2. Ils comprennent un salon de 23m2, une chambre principale de 16m2, une chambre secondaire de 12m2 et un magasin avec une toilette intérieure.
En ce qui concerne les types F4, ils ont une surface de 102 m2 bâtie sur des terrains de 200m ou 300m2. Ils comprennent un salon de 28 m2, une chambre principale de 16 m2, deux chambres de 12 m2, une toilette commune et la chambre principale à sa toilette.
La viabilisation de la cité est de niveau 3 qui comprend les voix principales en bitume, les voix secondaires en latérite compatible, des collecteurs et des caniveaux des différentes dimensions. Le réseau électrique qui sera connecté à l’EDM S.A sera alimenté de trois forages de haut débit. Les équipements prévus sont les écoles, les centres de santé et les lieux de culte. La SOPROMAC a pris l’engagement de respecter le délai contractuel ainsi que toutes les normes fixées par le Ministère de l’habitat et de l’urbanisme.

Par Abdoulaye Ouattara

 

Source:  Info-Matin

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