il y a quatre (04) ans que le colonel Assimi Goïta, devenu général d’armée grâce aux conclusions des Assises nationales pour la refondation (ANR), évinçait du pouvoir le président de la transition, le colonel à la retraite, Bah N’Daou.
Ce 24 mai 2021, une autre lueur d’espoir venait de naître, avec comme slogan «la rectification de la transition». Combien évocateur, il embrigade les masses populaires, désespérées par des promesses électoralistes jamais tenues par les démocrates. Et une autre errance débute pour le peuple malien.
Le 24 mai 2021, la transition civile imposée par la communauté internationale prend fin. Le vice- président de la transition malienne, l’ancien colonel, Assimi Goïta, écarte le président Bah N’Daou et le Premier ministre Moctar Ouane de la gestion de la transition. Prenant les pleins pouvoirs, les officiers qui ont renversé, le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) redonnent de l’espoir au peuple malien. Ils s’appuient sur des slogans mobilisateurs: «Souverainisme», «Panafricanisme», «Patriotisme», «Rectification de la transition», «Réduction du train de vie de l’État», «Lutte sans merci contre la corruption et la délinquance financière» pour galvaniser les Maliens à les accompagner dans leur croisade contre tous ceux qui ne marchent pas dans leur direction. Avec comme chef d’orchestre, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, un revanchard notoire et un véritable marchand d’illusions.La situation socio-politique du Mali, à l’arrivée des militaires au pouvoir, exigeait l’inclusivité. Le pays avait et a toujours besoin de tous ses fils pour le tirer le Mali, confronté à une crise multidimensionnelle depuis 2012, vers le haut. Les ressources humaines de qualité ne manquent pas pour réaliser ce travail. Elles existent dans tous les domaines. Il suffisait d’un appel patriotique pour qu’elles se retrouvent. L’homme, qui était censé incarner ce changement, s’est montré hostile à toutes les propositions de sortie de crise. Il s’est auto-proclamé porte-parole de la guérilla verbale, reniant son passé dans le délitement de l’État malien. Ce qui est sûr, l’Histoire retiendra qu’il il a accompagné (plusieurs fois ministre, directeur) les démocrates affairistes dans tous coups bas contre notre pays. Ça, il ne pourra jamais le nier, malgré ses diatribes contre la gestion de la démocratie.Issu du rang du Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), regroupement hybride, dont les manifestations violentes contre le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ont de nouveau poussé les militaires à prendre le pouvoir en août 2020, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga n’a trouvé d’autres moyens que de prendre sa revanche sur le Mouvement démocratique. En un laps de temps, il a dilapidé son capital de confiance auprès des militaires qui croyaient certainement à sa capacité de rassembler les Maliens autour de la transition pour une sortie heureuse de la crise. Hélas ! La conscience politique de la transition a été prise dans son propre piège de manipulateur et de concepteur de slogan creux. Et le dernier né, de son vocabulaire de va-t-en guerre, «la clarification», a mis fin à ses fonctions à la primature. Et, il est sorti par la petite porte, laissant le pays dans une situation désespérante.Pour un pays en guerre, le temps joue contre les autorités qui devaient aller à l’essentiel au lieu de s’adonner à des créations de slogans sans lendemain, soutenus par une propagande au nom de Mali Koura.
Malheureusement, ce Mali Koura, présenté comme une solution à la démocratie, s’est montré pire dans la gestion des affaires publiques. Les réformes, annoncées pour porter cet autre Mali, en rompant avec les mauvaises pratiques démocratiques qui ont porté un coup dur à la marche progressiste du Mali, sont restées au stade d’effet d’annonce. Que de gâchis !Que de gâchis ! La lutte contre la corruption sur laquelle les Maliens espéraient pour une rupture totale avec des années de gabegie, de bradage, d’affairisme, de fractionnement de marchés publics, de détournements de deniers publics, de surfacturation des soi-disant démocrates n’a pas connu d’avancées significatives. La corruption a pris des proportions inquiétantes. Des femmes et des hommes nommés par les militaires qui critiquaient il n’y a pas si longtemps la corruption sous les cieux des démocrates ont fait pire que ces derniers. Des milliards sont détournés. Le plus emblématique dans ce gâchis incroyablement de nos maigres ressources est celui de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT, plus de 04 milliards de Francs CFA). Cette même corruption a mis à genou la société Énergie du Mali (EDM-SA), incapable de fournir depuis quelques années de l’électricité à la population malienne. Elle est à l’origine de la faillite de nombreuses petites et moyennes entreprises. Et les auteurs de ce crime abominable continuent de courir. L’administration est plus que jamais atteinte par le laisser- aller. Des agents de l’Etat, par leur comportement, ont transformé les services en business center. Tout est presque moyenné. Les retards et l’absentéisme plombent le fonctionnement normal de l’administration malienne.
Les nominations souffrent toujours de népotisme, de clientélisme. Des recrutements clandestins dans des sociétés à sou permettent à des proches des tenants du pouvoir d’être embauchés. Les cas de l’EDM-SA, de l’Institut national de prévoyance sociale (INPS), la Caisse nationale d’assurance maladie (CANAM) font foi. Ils ont provoqué un tollé au sein des diplômés qui se sont sentis trahis par le slogan «Mali Koura».Sur le plan de la demande sociale, la satisfaction est loin d’être atteinte. Les produits de première nécessité n’ont pas connu de baisse de prix, malgré les subventions accordées à des opérateurs économiques triés sur le volet. Le Mali continue toujours à importer 73% de ce que sa population consomme. Le chômage grimpe. L’école reste le parent pauvre de la gestion des militaires.
En dehors des rénovations des salles de classes, point de nouvelles constructions. L’existant ne dégrade. Des stades sont rénovés, même si le Mali n’est pas candidat à une compétition.Certes, tout n’est pas rose. Mais, il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Dans un pays en guerre, tout ne peut pas être réglé par un coup de baguette magique. Des efforts sont consentis dans certains domaines. En dépit de l’insécurité, l’armée malienne a été dotée. L’outil de défense se modernise.
La formation n’est plus au rabais. Et les résultats sont visibles sur le terrain (récupération de Kidal des mains d’une coalition narco-terroriste, djihadiste, soutenue par des impérialistes). Dans le domaine de la santé, des structures sanitaires sont et continuent d’être équipées de matériels, souvent de dernière génération. Elles sont en train de bénéficier d’installations solaires pour faire face à la crise énergétique. En ce qui concerne les moyens de communication, les routes sont dans un état piteux. Alors que le développement d’un pays repose sur les infrastructures routières qui relient les zones de production aux zones de consommation. L’organisation des concours d’entrée à la fonction publique donne de l’espoirL’arbre ne saurait jamais caché la forêt.
Les attentes sont en deçà des promesses tenues et qui ont été un tournant dans l’accompagnement de la transition contre l’embargo de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). L’espoir est toujours permis. À condition que la transition réoriente sa politique vers la réduction du train de vie de l’État, la lutte implacable contre la corruption et la délinquance financière, la satisfaction des besoins vitaux, le retour des sanctions dans l’administration publique.
Yoro SOW
Source: L’Inter de Bamako