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31 touaregs tués dans le Cercle de Gao

Jets d’obus à répétition, rapts suivis d’enlèvements, affrontements de plus en plus fréquents entre communautés, etc. Dans la Région de Gao, les clivages intercommunautaires et la menace jihadiste se confondent; à un point tel qu’une réorientation des missions et vocation des forces étrangères en place pourrait être envisageable.

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C’est l’impression qui se dégage, en tout cas, des odieux épisodes dramatiques qui se succèdent, dont le dernier en date s’est produit dans la journée de jeudi dans la bande Djebock- Ansongo.

 

Plus d’une trentaine de corps en début de décomposition y ont été constatés par les forces de la Minusma, dans la journée du vendredi, c’est-à-dire un jour après leur massacre collectif.

 

Les victimes, selon des sources concordantes, sont des forains, des marchands de la communauté touarègue qui prennent périodiquement part à la foire de la commune rurale de Tamkoutat.

 

Sur les circonstances de la tuerie, les explications divergent autant que sur les motivations des auteurs, une horde de combattants peul basée au Niger d’où  ils ont même répliqué à la traque des forces militaires par une puissance de tirs irrésistible. D’aucuns affirment que la trentaine de forains, de retour du marché, a été interceptée par leurs bourreaux et ont dû subir un supplice à peine différent des atrocités commises  à Aguelhoc contre l’armée nationale : poings liés au dos, balles en pleine tête, etc. D’autres, en revanche, expliquent qu’il s’agit d’une provocation des combattants peuls à laquelle la partie adverse voulait vaillamment répliquer, lorsqu’elle a été prise en embuscade.

 

La même source indique, en clair, que le drame est consécutif à une information propagée quant à la présence d’une quarantaine de combattants peul à bord d’autant de motos dans les environs et que les jeunes volontaires touareg ont tenté d’en découdre avec eux sans se douter de l’éventualité d’une mise en déroute.

 

Ce qui devait arriver arriva de toute façon. Alertés par l’épaisse fumée des véhicules incendiés, les autres forains demeurés au marché se sont précipités sur les lieux pour constater que la contre-offensive (ou le convoi) s’est embourbée dans une embuscade dont seule une femme serait sortie vivante, poursuit la même source. Les descriptions sur les motivations exactes de l’épiso de ne ont pas plus édifiantes. Il s’agit, selon certains, d’une réponse à l’arrestation, il y une dizaine de jours, d’un combattant peul assimilé au Mujao et livré aux forces étrangères par des touareg. Une explication battue en brèche par d’autres qui estiment qu’il est plutôt en rapport avec un récent meurtre perpétré par des membres de la tribu Imghad dans les rangs adverses, en représailles à l’exécution d’un proche du Général Gamou. Il s’agit notamment d’un notable de Djebock froidement exécuté, novembre dernier, suite à une autre expédition meurtrière que les siens ont réprimée à leur tour par la loi du Talion. Une source intermédiaire fait état par ailleurs d’un conflit en veilleuse depuis une dizaine d’années, à cause des vols et extorsions de bétail dont la communauté peule est constamment la cible dans la zone.

 

Comme on le voit, ce que les uns veulent faire passer pour une vengeance sur des citoyens inoffensifs est présenté par les autres comme un affrontement en règle ayant tourné à la faveur des assaillants.

 

 

Quoi qu’il en soit, l’épisode dramatique de la semaine dernière vient rallonger le long cycle de vendetta où semblent s’enliser des rapports intercommunautaires qui se moquent éperdument de la forte présence des forces nationales et étrangères. Toutes déployées pour la stabilité du septentrion, les unes sont comme sous la tutelle des autres et restent cantonnées sur une partie du territoire national transformée en No Man’s Land, malgré le retour de l’ordre constitutionnel.

 

Au rythme actuel de l’enchainement des événements dramatiques, il n’est pas superflu de crier gare à la ‘’centrafricanisation’’, surtout que par-delà leur assimilation au Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, la communauté peule semble développer une ardeur de revanche historique qui pourrait bien profiter au rebondissement des jihadistes

 

Par ailleurs, les auteurs de l’expédition punitive, traqués par les forces militaires  ont replié selon nos sources à Inafous (territoire nigérien), une base à partir de laquelle ils ont répliqué par une puissance de feu irrésistible. De quoi offrir des indications sur leur origine nigérienne quoiqu’ils détiennent visiblement des ramifications maliennes.

 

A.    KEITA

 

Source: Le Témoin

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