Suite à l’échec des négociations le week-end dernier entre le gouvernement et les différents syndicats de l’enseignement primaire et secondaire autour de leur grève de 240 h qui a commencé le lundi 21 janvier et prendra fin le 1er février, une équipe de reporters du journal ‘’Le pays’’ s’est rendu dans certains établissements scolaires publics de la rive droite afin de constater l’effectivité du mot d’ordre décrété.
Au Lycée Massa Makan Diabaté, l’ambiance était plutôt calme du côté des élèves qui étaient, pour la grande majorité, rentrés à la maison. Ceux qui profitaient des derniers instants avec leurs camarades étaient dispersés un peu partout aux alentours du lycée. Thomas Assoumane Stéphane Piscass Diango est l’un de ces élèves encore présents et fait la classe de terminale. Il trouve cette grève de dix jours inacceptable surtout pour ceux en classe d’examen. Pour lui, les élèves risqueront d’aller faire les épreuves avec plein de handicaps. Il dira que l’AEEM doit provoquer une assemblée générale pour supplier les enseignants d’entrer en classe. Toutefois, il se dit favorable à une amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants. Il demande alors à l’État de s’assumer.
Du côté des enseignants, le mot d’ordre a été largement suivi malgré que trois enseignants titulaires et un stagiaire se sont présentés pour dispenser les cours.
Amadou Guindo, proviseur de ce lycée, appelle les deux parties à s’entendre pour le bien et l’avenir de l’école malienne. Il dira que cette situation doit être à tout prix évitée du moment où l’état envisage d’uniformiser les examens avec ceux des pays de l’UEMOA, précisément le bac à l’horizon 2023. C’est pour dire que le baccalauréat sera un examen sous-régional de tout l‘espace UEMOA. Avant donc d’arriver à l’irréparable, selon lui, l’État doit trouver la solution et les enseignants aussi de faire des efforts pour mettre fin à ces grèves à répétition qui deviennent une habitude pratiquement au cours de chaque année scolaire.
Aux dires de Broulaye Sangaré, professeur de mathématique au même lycée, les enseignants ne demandent pas trop, mais c’est seulement un manque de volonté politique de l’état. Il lancera un appel à tous les enseignants de rester unis derrière les différents syndicats pour l’aboutissement de leur lutte commune.
Au groupe scolaire Mamadou Kounta de Kalaban-Coro, nous avons rencontré Mr Seydou Diakité, Secrétaire General du SYNEC de Kalaban-Coro, qui a accepté de nous parler. Il dira qu’ils ont accepté de sursoir la fois passée pour seulement permettre un dialogue en tant que premiers acteurs de l’éducation et en ayant le souci de l’avenir des enfants. Ce qui explique selon lui l’intervalle d’une semaine observée entre les deux grèves afin de donner au gouvernement, s’il a véritablement la volonté, le temps de réfléchir à une solution de réconciliation. À ses dires, l’état les a appelés dans la semaine deux fois. Une première fois, c’était les mêmes propositions et la deuxième fois s’est conclue sans consensus.
Il dira qu’ils n’iront jamais au-delà de l’impossible, car, ils estiment connaitre certaines réalités économiques du pays. Ce n’est pas donc trop ce qu’ils demandent à l’état, mais juste un manque de volonté politique. Estime-t-il. À le croire, quand on prend le cas de la prime de documentation qui fait partie des points de revendication, il suffisait juste que l’Etat l’accepte d’abord et ensuite discuter du montant. Mais non, sur les dix points de revendications, seulement deux concernent un côté financier, tout le reste des points concerne le bon fonctionnement de l’éducation malienne. L’État a seulement accepté deux points d’accord et deux points partiels sans toucher aux six autres points, ce qui prouve concrètement le manque de volonté de l’Etat à résoudre le problème.
En fin, M. Diakité a profité de notre micro pour demander la contribution de la société civile et surtout des médias afin de faire comprendre à tous que le problème ne se trouve pas juste du côté des enseignants. Selon lui, les grèves à répétition dans un secteur clé du développement comme l’éducation n’honorent aucunement notre pays, surtout en cette période de crise multidimensionnelle qui exige une solution rapide.
ISSA DJIGUIBA
Ibrahim Sidibé, stagiaire
Source: Le Pays