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22 septembre 1960 – 22 septembre 2020: quel Mali pour demain ?

Le Mali éternel, notre Maliba a soufflé hier sa soixantième bougie. Dans les abysses de son parcours saccadé pour ne pas dire chaotique, la République désormais septuagénaire contemple mille ans d’histoire de la nation malienne. Descendants de pharaons et héritiers des grands ensembles ouest-africains, nous fûmes…

Mais où en sommes-nous aujourd’hui, 60 ans après l’accession de notre pays à la souveraineté internationale ?
Un pays coupé en deux, déchiqueté par une décennie d’insécurité et de guerre contre un ennemi invisible ; un pays à genoux (sans contredire l’Imam) au plan militaire et territorial qui ne doit sa survie et à sa souveraineté qu’à des arrangements avec les rebelles et sous la dictée et la bénédiction de la communauté internationale ; un pays où tout est divergence, division et opposition sur tout et sur rien…
Voici le Mali sur le dos duquel on commémore soixante années d’aventure sans lendemain, soixante années de projets sans lendemain… Le Mali éternel sur lequel les gens s’entre-déchirent pour se goinfrer et pour s’adjuger la meilleure place.

En six décades, le Mali moderne, celui des pères fondateurs aura connu quatre régimes successifs et quatre regrettables remises en cause : coup d’Etat, soulèvement orchestré, révolution confisquée, jacquerie machiavélique.
Le père de cette nation, Modibo KEITA a expérimenté le socialisme, les valets de l’impérialisme ont infiltré son régime pour y semer la corruption et la prévarication (opération taxi). Le régime de l’Union soudanaise RDA a été balayé par une junte militaire de 14 jeunes gens qui se prenait chacun comme Dieu sur terre, dit-on.
Après des règlements de compte à l’interne, le lieutenant bombardé rapidement Colonel puis général introduit le libéralisme. Synonyme de laisser-aller, le CMLN qui a troqué son treillis contre les grands boubous de l’UDPM s’est laissé corrompre. Résultat : c’est dans un bain de sang que le Lieutenant-colonel Amadou Toumani TOURE balayera le régime dictatorial, corrompu et sanguinaire de Moussa TRAORE.
Après un jeu de chaise musicale avec Alpha qui a su tirer son épingle du jeu, ATT ‘’an be sa i no fè’’ est chassé du pouvoir et traité lui aussi de tous les noms. Dans l’intermède, Dioncounda chargé de garder la case Mali en attendant le nouveau locataire est battu à mort pour avoir simplement voulu simplement répondre à l’appel du devoir.
Arrive le IBK dont le plébiscite en 2013 restera légendaire à la tête d’un pays sous-tutelle assisté déjà par 11.000 soldats étrangers. Dormant sur ce confort sécuritaire à Bamako pourrie par la corruption et le racket, et oubliant que le reste du pays brûle, Ladji Bourama est déposé par ceux qu’il appelle ses enfants, le Colonel GOITA et ses compagnons du CNSP.
Comme si l’histoire a ce sacré plaisir de bégayer sur les bords du Djoliba, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) s’accroche au délice du pouvoir comme le capitaine Amadou Aya SANOGO et son CNRDRE en dépit des sanctions brandies par la CEDEAO et la Communauté internationale.
Comme en 2012, il se trouve des apôtres du Malin pour dresser les Maliens contre les Maliens, les militaires contre les civils, la société civile contre les politiques, les politiques contre les religieux, les religieux contre les gouvernants… par-dessus le pays contre ses voisins, ses alliés et ses partenaires.
Jamais le présent de ce grand pays n’a été aussi affligeant, jamais l’horizon de notre cher et pourtant beau pays n’a été aussi ténébreux en terme d’absence d’alternatives et surtout de perspectives. Comme voilà soixante ans, c’est encore et toujours la fuite en avant, la politique du bouc émissaire et l’accusation facile : « Tous nos malheurs c’est la France », la « France dehors »… Si ce n’est pas la France, c’est la CEDEAO !
Pour notre faiblesse d’esprit, le nationalisme, ce n’est pas le chauvinisme. Et aucun pays continental ne peut vivre en autarcie. L’instrumentalisation des sentiments anti-français ou anti-CEDEAO n’est et ne peut en aucune manière suffire à résoudre nos problèmes. Parce que sans eux, c’est la fin du Mali. En tout cas tel que les pères fondateurs l’ont rêvé, conçu et posé les jalons. À nous d’être digne de leur héritage, à nous de mériter de cette patrie déjà trop meurtrie. Et ça, ça ne se fera ni avec les à bas la France, ni à bas la CEDEAO !

Par BERTIN DAKOUO

Source : INFO-MATIN

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