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19 mois après la signature de l’accord : Le Mali, encore loin de la paix

Création tout azimuts de groupes armés, non effectivité des patrouilles mixtes, non mise en place des autorités intérimaires, insécurité sur la quasi-totalité du territoire malien, non retour des réfugiés… Les tergiversations continuent dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali 19 mois après sa signature.
La nouvelle année avait permis d’entretenir une lueur d’espoir pour le processus de paix au Mali. La Conférence d’Entente Nationale fixée en mars prochain par le président IBK et l’annonce du démarrage des patrouilles mixtes dans la région de Gao avaient laissé penser, enfin, à un redémarrage en trombe de l’accord issu du processus d’Alger sur lequel la communauté internationale,  les « amis » du Mali et les maliens fondent beaucoup d’espoir pour mettre fin à la crise malienne. Cependant, des observateurs restent pessimistes quand à une rapide solution à la crise malienne. C’est le cas de Serge Michailof, ancien directeur à la Banque mondiale. « Le Mali n’a toujours pas retrouvé la paix et l’accord d’Alger ne s’est pas vraiment concrétisé. La situation est préoccupante, car l’insécurité est toujours présente dans le Nord, en particulier autour de Kidal et de Gao, et se développe maintenant dans le centre très peuplé du pays, dans les régions anciennement touristiques de Mopti et Ségou. Là, le problème relève moins des djihadistes que d’un effondrement de la présence de l’Etat, et par là même de la loi et de l’ordre. Les villages et divers groupes ethniques s’organisent en milices d’autodéfense. Au Niger, à la frontière du Mali, le poste militaire de Tessalit a été pris d’assaut en octobre dernier et l’armée nigérienne a eu 22 tués. », explique-t-il à notre confrère Les Echos.
Spirale de violence 

 

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Le Sommet Afrique-France qui vient de se terminer au Mali dont une thématique phare était la paix, n’a pas, aussi, permis de dissiper les inquiétudes des Maliens face à la prolongation de la crise malienne. «  Le Mali doit avoir l’intégrité de tout son territoire et l’autorité de l’Etat puisse s’exercer sur l’ensemble du Mali. Les accords d’Alger doivent être mises en œuvre pour assurer l’effectivité de cette autorité. Et c’est ce que nous faisons en commençant par la politique qui s’est produit par les accords d’Alger et puis nous le faisons aussi sur le plan de la sécurité. Les patrouilles mixtes doivent maintenant se déployer et permettre justement que le drapeau malien puisse se flotter à Kidal », a laissé entendre François Hollande lors du Sommet.
Dans son dernier rapport sur le Mali publié en début d’année, le Secrétaire Général des Nations Unies dresse un tableau peu réjouissant du processus de paix au Mali qui traine plus de 19 mois après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali: «  Les faibles progrès accomplis dans la mise en place des dispositions de l’accord relatives à la sécurité ont propagé l’insécurité de l’extrême nord au centre du Mali, les groupes terroristes et extrémistes violents y ayant renforcé leurs activités et leur présence. La hausse de l’insécurité dans les zones frontalières avec le Burkina Faso et le Niger, ainsi que les effets persistants du trafic de drogues sur les efforts de paix, démontrent, une fois de plus, la nécessité d’améliorer la coopération régionale face aux menaces qui pèsent sur la sécurité. » L’Etat malien est, une fois de plus, sommé de prendre ses responsabilités. Pour « enrayer cette spirale de violence », le Secrétaire Général de l’ONU demande  « instamment au Gouvernement malien de redoubler d’efforts pour redéployer progressivement ses forces de défense et de sécurité et rétablir son autorité dans tout le pays. »
«  Les parties maliennes doivent absolument accélérer l’application des dispositions de l’accord relatives à la sécurité pour aider la population à retrouver la confiance dans le processus de paix et pour juguler la montée de l’extrémisme violent . »
Mauvaise foi des parties
Le Secrétaire Général exhorte le Gouvernement du Mali à prendre l’initiative politique de rassembler toutes les parties pour véritablement mettre en place les autorités intérimaires et établir le mécanisme opérationnel de coordination afin d’aider les groupes armés signataires à faire avancer le processus de cantonnement. « J’engage les groupes armés signataires à se montrer constructifs pour régler les points en suspens afin de faire sortir de l’impasse la question des patrouilles mixtes.»
La mise en place des autorités intérimaires et le Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC) continuent à diviser les parties signataires de l’accord de paix. Le blocage persiste au niveau du Comité de Suivi de l’Accord(CSA). La Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) a suspendu sa participation à la dernière session tenue en décembre passé à Bamako. La Coordination des ex séparatistes qui connait, aujourd’hui, des dissensions en son sein, accuse le gouvernement malien d’encourager la prolifération de groupes armés et de les entretenir « dans le but d’entraver la mise en œuvre de l’œuvre.
Les lenteurs dans l’application de l’accord voient apparaitre des nouveaux groupes armés, le Mouvement du salut de l’Azawad(MSA), la Coalition des peuples de l’Azawad (CPA) et la Coordination des mouvements, forces patriotiques de résistance (CMFPR2), qui dénoncent leurs exclusions et revendiquent leurs participations dans les patrouilles mixtes et l’installation des autorités intérimaires. Dans sa dernière communication, la CMA informe de sa restructuration, de la constitution et de l’installation des commissions dans leurs locaux. Aussi, la Coordination lance une diatribe contre le gouvernement qu’elle accuse, à nouveau, d’avoir posé des actions « de façon unilatérale et en contradiction avec l’esprit et la lettre de l’Accord. »
Tare congénitale 
Pour des observateurs, les lenteurs remarquées dans l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali sont dû à une tare congénitale : le processus n’a pas fait l’objet d’un large consensus. « Le bout du tunnel est encore loin. Le processus de paix est encore en grande souffrance, et on feint de ne pas voir la tare congénitale de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali qui est son inclusivité », explique une source diplomatique qui ajoute que la conférence d’entente nationale de mars serait une bonne occasion de rectifier l’accord en le rendant inclusive. Au Mali, les regards restent donc désormais braqués sur cette conférence d’entente nationale qui, promet le chef de l’Etat malien Ibrahim Boubacar Kéïta, sera inclusive. « Un jalon important dans la réhabilitation de la cohésion sociale et du vivre ensemble au Mali sera posé avec la tenue au mois de mars 2017 de la conférence d’entente nationale. Ainsi que cela est spécifié dans l’accord pour la paix et la réconciliation, cette conférence doit permettre un débat approfondi entre les composantes de la Nation malienne sur les causes profondes du conflit », avait indiqué le président malien lors de son discours du nouvel an.
Madiassa Kaba Diakité 

Source : Le Républicain

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