Le 18 août 2020, l’ancien Président Ibrahim Boubacar Keita dont le régime fut violement contesté par un mouvement hétéroclite, a rendu dans la soirée sa démission aux militaires qui l’ont conduit manu militari à Kati. Un an après sa chute, le statuquo est là. Les maux qui ont conduit à sa chute demeurent toujours.
Accusé par sa gestion calamiteuse du pays (corruption, népotisme, la mal gouvernance et son incapacité à résoudre la situation sécuritaire au (centre et au nord du pays), l’ancien Président, Ibrahim Boubacar Keita s’est vu une contestation spectaculaire contre son pouvoir par ses anciens proches parmi lesquels Choguel Kokalla Maïga, Mountaga Tall (tous des anciens ministres de son régime) en plus de ces deux, il y avait le très resauté imam Mahamoud Dicko.
Après plusieurs mois de manifestations souvent très violentes accompagnées d’une désobéissance civile, le 18 août 2020, une branche de l’armée dirigée par le Colonel Assimi Goïta a franchi le Rubicon en manu militarisant le Président pour le conduire à Kati à une quinzaine de kilomètres de Bamako. Il a demandé et obtenu la démission d’IBK et l’ensemble de son gouvernement ainsi que la dissolution de l’Assemblée nationale, l’énigme qui a mis le feu au poudre.
Un an après la chute de ce régime décrié que certains qualifiaient de « moribond et désastreux », le statuquo reste le même. Aucun changement significatif. Les mêmes problèmes pour lesquels l’ancien Président a été congédié par les militaires persistent toujours et s’empirent davantage.
La situation sécuritaire sous l’ancien régime demeure sous les nouvelles autorités dirigées par le Colonel Goïta et s’enlise davantage. L’insécurité a atteint son paroxysme sur l’ensemble du territoire alors que l’arrivée des militaires au pouvoir avait suscité beaucoup d’enthousiasme au sein de la population qui voyait en Goïta et ses hommes des messies capables de mettre fin à la recrudescence des activités des groupes armés dans plusieurs régions du pays, le long des routes, mais aussi les massacres à répétions dans certaines zones.
Sur le plan social, la situation est exécrable. Les populations ont la nette impression d’une action publique sans but, sans visibilité, d’un exercice du pouvoir qui tourne à vide le panier de la ménagère et qui ne répond plus aux besoins de la famille. La flambée des prix s’est généralisée. Tout est cher dans nos marchés. Cette cherté s’explique par plusieurs raisons dont la pandémie du Covid-19 qui couple avec la crise politique et institutionnelle.
Après 10 mois de grèves et de manifestions sous l’ancien régime pour l’application de l’article 39, les enseignants reviennent dans la rue et menacent de prendre les examens e otage et faire la rétention des notes si l’actuel gouvernement n’applique pas l’article 39. Cela malgré que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga a assuré le monde enseignant que l’article 39 n’a pas été abrogé. Côté enseignant, ils demandent si l’article en question n’a pas été abrogé, pourquoi le gouvernement n’arrive toujours pas à l’appliquer. De son côté, le gouvernement par la voix du Premier ministre affirme que c’est une question d’objectivité. Mais en réalité, le bras fer entre les syndicats et le gouvernement est tendu.
Certes les acteurs du coup d’Etat de l’année dernière n’ont pas un bâton magique pour changer radicalement les choses. Mais les maux qui ont fait partir IBK demeurent toujours. L’insécurité grandissante, la mauvaise gouvernance, la gabegie. Bref le tableau est à la fois sombre et catastrophique. Les Maliens pensent que le coup d’Etat militaire n’a rien résolu plutôt la situation s’enfonce davantage. Les militaires récalcitrants impossibles à contrôler, militarisent le pays. Ce qui juste permis aux anciens détracteurs d’IBK d’accéder au pouvoir avec en première ligne le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.
Ousmane Mahamane