Quarante-cinq ans se sont écoulés depuis la disparition tragique d’Abdoul Karim Camara, connu sous le nom de Cabral, leader emblématique du mouvement estudiantin malien. Assassiné sous la torture le 17 mars 1980, sous le régime du Général Moussa Traoré, son combat pour la justice et la liberté continue d’inspirer les générations actuelles. Cependant, une question demeure : où repose-t-il vraiment ?
Un martyr de la liberté
Bamada.net-Né le 2 juillet 1955, Abdoul Karim Camara fut un acteur majeur de la contestation étudiante au Mali. Secrétaire général de l’Union Nationale des Élèves et Étudiants du Mali (UNEEM), il incarnait la détermination face à un régime oppressif. Son arrestation et son exécution restent parmi les pages les plus sombres de l’histoire du Mali.
Un combat brutalement réprimé
Les années 1970 furent marquées par une répression intense contre les mouvements étudiants. Cabral et ses compagnons furent traqués, leurs familles harcelées, et leurs vies brisées par un appareil d’État impitoyable. Arrêté le 16 mars 1980 à Mansala, il fut emmené au commissariat du 2e arrondissement de Bamako, où il fut soumis à d’horribles tortures avant d’être transféré au Camp Para. Le 17 mars, il était officiellement porté disparu.
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Un lieu de sépulture incertain
Dès l’annonce de sa mort, sa famille et ses camarades ont tenté de retrouver son corps, en vain. Selon l’ex-président Amadou Toumani Touré (ATT), Cabral aurait été enterré au cimetière de Lafiabougou. Cependant, d’autres sources affirment qu’il aurait été inhumé à Gao, près de la piste de l’aérodrome. Aucune preuve formelle n’a jamais confirmé l’une ou l’autre version.
Un silence complice
ATT, qui était alors un officier influent du Camp Para, n’a jamais pleinement levé le voile sur les circonstances exactes de l’assassinat de Cabral. L’ancien régime et ses successeurs ont entretenu une omerta troublante autour de cette affaire. Pourquoi ce mutisme persistant ? Pourquoi aucun gouvernement n’a-t-il réellement enquêté sur ce crime d’État ?
Une mémoire qui perdure
Chaque année, des cérémonies commémoratives sont organisées en son honneur. Le Premier ministre ou un ministre dépose une gerbe de fleurs devant le monument qui lui est dédié. Des activités sont aussi menées par les anciens de l’UNEEM et les organisations de la société civile. Mais au-delà des hommages, la vérité demeure enfouie.
Un appel à la vérité et à la justice
Quarante-cinq ans après, la question reste entière : où est enterré Cabral ? La justice malienne doit faire la lumière sur cet assassinat. Un peuple qui oublie son histoire se condamne à la répéter. Exiger la vérité, c’est honorer la mémoire de ceux qui ont donné leur vie pour un Mali plus juste et démocratique.
Comme le disait si bien l’adage : « Nul n’a le droit d’effacer une page de l’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un monde sans âme. »
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Ladji Djiga Sidibé
Source: Bamada.net