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12è édition des Rencontres de Bamako : La fête du jubilé d’argent

L’édition de cette année concerne plus de 85 photographes et vidéastes qui vont compétir pour les différents prix prévus par les organisateurs.

Photographes, galeristes, collectionneurs, critiques, organisateurs de festival, journalistes du continent et d’ailleurs se retrouvent à partir de ce samedi 30 novembre à Bamako pour la 12ème édition des Rencontres de Bamako. Ils célèbrent du coup, les 25 ans de cet évènement qui est désormais inscrit dans l’agenda des grandes manifestations artistiques africaines voire mondiales.
Ce sont plus de 85 photographes et vidéastes sélectionnés qui exposeront au Musée national du Mali. Ils vont compétir pour les différents prix officiels dont la proclamation aura lieu le mardi 3 décembre prochain. Plusieurs dizaines d’autres collections seront exposées dans d’autres lieux comme le Palais de la culture Amadou Hampaté Ba qui abritera le «Village de la biennale photo», une initiative du Réseau des opérateurs culturels Kya. Le hall de la gare ferroviaire de Bamako fait également partie des lieux d’exposition.
La 12ème édition sera consacrée au thème :«Courants de conscience», une métaphore littéraire, appelant à une réflexion profonde, lyrique, vibrante, sur l’acte photographique, sa spécificité, ses préalables, ses exigences, sa transmission, dans un monde «hyper-visible où circulent en permanence de millions d’images». Ce sera le meilleur moyen pour les organisateurs de célébrer le jubilé d’argent de cette manifestation panafricaine.
Pour Lassana Igo Diarra, le nouveau Délégué général des Rencontres de Bamako, cette biennale anniversaire se veut festive, amicale, populaire mais aussi intellectuelle, réflexive par les symposiums, conférences, master-classes, édition de catalogues. La direction artistique de la 12ème édition des Rencontres de Bamako a été confiée au Dr Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, du Cameroun. L’équipe des commissaires est composée de Aziza Harmel de la Tunisie, d’Astrid Lepoultier  du Mali et de  Kwasi Ohene Ayeh  du Ghana. Les conseillers photographiques sont Akinbode Akinbiyi  du Nigéria et   Seydou Camara du Mali, enfin le grand  designer et architecte malien Cheick Diallo est conseiller artistique et scénographe en Chef.

PHOTOGRAPHIE CONTEMPORAINE-Organisées par le ministère de la Culture du Mali avec le soutien de l’Institut français, les Rencontres de Bamako sont la principale manifestation consacrée à la photographie contemporaine et aux nouvelles images en Afrique. D’envergure internationale, les Rencontres de Bamako sont une plateforme de découvertes, d’échanges et de visibilité. Elles s’inscrivent comme un lieu incontournable de révélation des photographes africains, un temps d’échanges avec le public malien et les professionnels du monde entier.
Cette 12ème édition de la Biennale africaine de la photographie, créée en 1994, marque la célébration de ses 25 ans d’existence. Elle se tiendra dans notre capitale, du 30 novembre 2019 au 31 janvier 2020. Lassana Igo Diarra, directeur de la Galerie Médina (Mali) et directeur des éditions Balani’s, est le Délégué général des Rencontres de Bamako. Quant à Bonaventure Soh Bejeng Ndikung, commissaire d’exposition indépendant et fondateur de SAVVY Contemporary (Berlin, Allemagne), il est le directeur artistique de la 12ème édition des Rencontres de Bamako.
L’exposition panafricaine, au cœur de la manifestation, est le résultat d’une sélection de photographes et vidéastes africains. L’appel à candidatures pour la participation des photographes et artistes vidéo à l’exposition panafricaine de la 12ème édition des Rencontres de Bamako a été ouvert du 20 mars au 1er mai 2019.
Par le choix de ce thème, il s’agit de penser l’œuvre comme l’expression d’un monologue intérieur, comme un dialogue entre artistes, d’artiste à spectateur ou encore comme les réactions sensorielles de l’artiste face aux événements extérieurs. Il s’agit donc de porter une réflexion sur la notion de représentation du point de vue de l’artiste qui s’exprime par un courant de pensée artistique. Ainsi, le thème de l’exposition panafricaine cherche à amener les photographes à imaginer la pratique artistique du courant de conscience photographique dans le but de «penser en images».

«COURANTS DE CONSCIENCE » – L’œuvre photographique se conçoit comme le fruit des associations conceptuelles et esthétiques de son auteur. Elle est l’expression de son œil intérieur ou de sa voix intérieure, une évocation de ce qui ne se voit pas, mettant ainsi ce courant de conscience en action.
Les œuvres sélectionnées pour l’exposition panafricaine seront celles qui explorent à travers la pratique photographique cette notion de «courants de conscience» telle qu’elle est conceptualisée en psychologie et en littérature. Une attention particulière sera donnée aux œuvres qui emploient cette notion de «courants de conscience» comme métaphore pour aborder les courants de pensée des peuples et des cultures qui traversent le fleuve Niger.
L’accent sera également porté sur la notion de dialogue entre le continent et ses diasporas, notamment les passerelles qui composent et animent l’univers africain. L’Afrique a longtemps cessé d’être un concept géographique limité à son espace géographique. En tant que concept planétaire, l’Afrique concerne les personnes d’origine africaine reparties dans le monde entier (Asie, Océanie, Europe, Amérique) et sur le continent africain. à̀ travers la dynamique de la photographie, il s’agit de donner lieu à des courants de conscience qui naissent à partir et au-delà des côtes du continent africain.
Youssouf
DOUMBIA

 

UNE HISTOIRE DES PHOTOGRAPHES

Selon Erika Nimis, auteure du livre «Photographes de Bamako de 1935 à nos jours», les Rencontres de la photographie de Bamako restent le point de départ d’un mouvement de reconnaissance de la photographie africaine sur le plan international. Si les Rencontres africaines de la photographie ont été institutionnalisées en 1994, la photographie a longtemps existé en Afrique, particulièrement au Mali, depuis les années 1800 à la faveur des Missionnaires lors de la pénétration coloniale. C’est à partir de cette époque que les Soudanais (appellation des Maliens avant l’indépendance) vont découvrir les images photographiques en noir et blanc.
Après des années de pratique par des Pères Blancs pour des besoins de documentations et de recherches sur la société africaine que certains Soudanais curieux vont découvrir l’invention de Nicéphore Niepce. C’est la naissance de la première génération des photographes maliens, notamment Mountaga Dembélé, Seydou Keita, Abderrahmane Sissako, Félix Diallo, Malick Sidibé, Sadio Diakité pour ne citer que ceux-ci. Cette première génération des photographes a travaillé sur le portrait et le quotidien de la société africaine.
Après une première édition plein d’engouement, les initiateurs des Rencontres de Bamako vont se donner comme objectif de découvrir davantage les génies créateurs de la photographie africaine et de les exposer à travers le monde. Cette première génération des photographes sera suivie par certains jeunes photographes qui vont constituer, plus tard, la deuxième génération des photographes maliens dont la plus part a été révélé lors de la deuxième édition des Rencontres africaines de la photographie. Il s’agit de Youssouf Sogodogo, feu Alioune Ba, Emanuel Bakary Daou qui se sont démarqués par leur travail de recherche contemporain, notamment Alioune Ba qui a déposé ses marques dans beaucoup de pays, à travers ses œuvres intitulées, «pieds et mains».
Si les photographes de première génération ont pu fasciner le monde à travers leur objectif en remportant de prestigieux prix comme Lion d’or de Malick Sidibé, tel n’est pas le cas pour la nouvelle génération, malgré la création de plusieurs centres de formation et la matérialisation de la Maison africaine de la photographie.

L’IDÉE DES RENCONTRES-L’organisation administrative de cet événement international était confiée à une commission d’organisation sous la tutelle du ministère de la culture malienne qui nommait un directeur des rencontres.

Il faut attendre 2003, soit 10 années après les premières rencontres, pour voir créer la Maison africaine de la photographie de Bamako dont la mission principale est l’organisation des Rencontres africaines de la photographie. Les organisateurs sont au nombre de trois, à savoir l’artiste peintre Abdoulaye Konaté, le sociologue Moussa Konaté et l’archéologue Samuel Sidibé.
L’édition est de2019 confiée à Lassana Igo Diarra, opérateur culturel privé comme délégué général des Rencontres de Bamako. à la faveur d’une image du photographe Seydou Keita lors d’une exposition aux Etats-Unis que deux photographes français, Bernard Descamps et Françoise Huguier, ont décidé de venir à Bamako pour comprendre l’histoire de la photo dans le continent noir, notamment au Soudan français. Ce fut une surprise pour eux de découvrir que les Africains sont des grands artistes. Pendant plus d’un demi siècle, les photographes maliens avaient soigneusement classé leurs archives (cliches) sans pour autant savoir que les rencontres allaient même existe un jour. C’est ainsi que les premières rencontres ont vu le jour avec le soutien de l’Afrique en création, une structure française qui soutenait la création africaine à l’époque. En décembre 1994, la première édition a été lancée à Bamako au Palais de la Culture Amadou Hampaté Ba, sur la rive du fleuve Djoliba.
L’événement tant souhaité a été lancé par le président Alpha Omar Konaré, président de la République et grand défendeur de l’art et de la culture africaine. Ce fut un véritable engagement de la part des autorités maliennes qui ont favorablement accueilli l’implantation d’un évènement à caractère international sur le sol de Soundjata Keïta. Le premier flash fut déclenché par le président de la République pour montrer l’importance qu’accorde la République à la créativité et à la photographie.
D’édition en édition, les photographes s’investissent pour répondre à l’exigence de la création contemporaine. Cela va vite favorise l’émergence des jeunes photographes africains qui vont vite s’orienter dans la création contemporaine. C’est ainsi qu’ils vont déposer leur valise dans les grands festivals de l’art contemporain comme celui de Arles en France ou Da’kart au Sénégal. Parmi ces jeunes créateurs, les maliens Seydou Camara, Moussa Kalapo, Aboubacar Traoré, Salif Traoré, Thabiso Sekgala de l’afrique du Sud), le Sénégalais, Ibrahima Thiam (Sénégal)…
Vingt cinq années après sa création, la Biennale de Bamako est devenue une référence incontournable du paysage de l’art contemporain international même si, elle reste toujours en Afrique un événement moins populaire que le Fespaco du Burkina Faso et le Massa de la Côte d’Ivoire. Les Rencontres africaine de la photographie de Bamako, initiés par la France et le Mali, sont une manifestation artistique et culturelle, à caractère international, axée sur la création photographique du continent africain et de la diaspora. Elles constituent un crédo d’échange et de dialogue permettant aux artistes photographes de mettre en valeur leurs créativités et de rejoindre le Show-biz de l’art contemporain. Elles sont organisées tous les deux ans sur la base d’un travail de recherches proposé par des photographes et tout autres créations connexes comme la vidéo.
Nous sommes en 2007, soit douze années après sa création, les organisateurs ont décidé de faire une évaluation en vue de mesurer l’impact des rencontres sur la promotion et le développement de la photographie contemporaine. Cette réflexion tenue au Centre international de conférences de Bamako a permis de changer, pour un premier temps, le nom de la biennale de la photographie africaine. Pour certains experts du domaine, notamment, Simon Njami, l’un des grand artisan des rencontres et pour avoir diriger cinq éditions, pense qu’il n’existe ni la photographie africaine ni européenne mais des regards africains ou européens. Cette philosophie a été soutenue par plusieurs critiques lui permettant de changer le libellé des Rencontre africaine de la photographie pour devenir Biennale africaine de la photographie. Il a aussi été question de penser à rentabiliser économiquement l’événement qui était toujours budgétivore cofinancé par le gouvernement du Mali, la France et l’Union européenne.

TEMPS DE PAUSE-Si les rencontres ont été légèrement reportées à l’an 2000 lors de la 4ème édition pour rejoindre une année impaire en 2001, elles ont été freinée en 2012 après l’éclatement de la crise malienne au Mali. En effet, les Rencontres de Bamako n’ont pu être organisées pour des raisons d’insécurité, car notre pays était inscrit sur la zone rouge/orange dans les grands aéroports internationaux.
Les Rencontres de Bamako ont observé un temps de pause avant de continuer en 2014 sous la direction artistique de la Nigériane, Bisi Silva qui a redonné l’espoir aux photographes et créateurs africains à poursuivre leur voyage dans un univers de l’art contemporain.
La Biennale africaine de la photographie est aussi une histoire des grands professionnels de l’art visuel, des critiques d’art, des commissaires d’exposition, des collectionneurs et des amateurs de l’art contemporain. Parmi eux on peut retenir le camerounais Simon Njami qui continue de soutenir les rencontres à travers des conférences, des formations et des tables rondes pour des séances des critiques des œuvres. En plus, la nigérian Pendant un demi siècle d’existence, les rencontres ont été dominées par une série de thématiques traduisant le contexte dans lequel le monde évolue. Elles invitent chaque édition aux artistes de faire leur partition pour le développement et la restauration d’une paix dans nos pays. C’est pourquoi cette année, le commissaire invite les artistes sélectionnés à travailler sur le courant de la conscience, sous la direction artistique de Bonaventure Soh Bejeng Ndikung et Lassane Igo Diarra commissaire général de la 12ème édition des Rencontres de Bamako dont l’ouverture est prévue demain au Musée national.
Amadou SOW

Source: Journal l’Essor-Mali

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