Le 08 septembre est, depuis 1965, consacré journée internationale de l’alphabétisation. Selon les chiffres, environ 800 millions de personnes dans le monde ne savent ni lire ni écrire leurs langues maternelles. Les femmes représentent les 2/3 de ce chiffre, soit plus de 500 millions.
Au Mali, les statistiques donnent 74% de taux général d’analphabétisme. Ces chiffres sont largement inférieurs au taux d’analphabétisme en Français. Or c’est en Français, langue officielle, que les responsables du pays s’expriment même quand ils s’adressent aux villageois de Ber (Tombouctou) ou de Souransan (Kita). Point n’est besoin d’être expert pour comprendre que le développement d’un pays ne peut tenir la route aussi longtemps que les autorités et le peuple ne parleront pas la même langue, que les connaissances seront transmises par des langues étrangères. Certes de grands efforts ont été faits en faveur de l’alphabétisation des populations mais il reste encore beaucoup à faire et cela commence nécessairement par ériger les langues nationales en langues officielles. Qu’il soit possible de parler Songhoy aux paysans de Gabéro et Khasonké à ceux de Lontou etc. Il existe cependant une situation pire que l’analphabétisme c’est celle des intellectuels. Le Mali regorge de professeurs et de docteurs en tous genres sans compter ceux qui possèdent des diplômes intermédiaires. Rares sont, cependant, ces messieurs et dames qui font des publications dans leur domaine de compétence. Les titres qu’ils déclinent fièrement ne servent qu’à arrondir les salaires et surtout à assurer une retraite confortable. Il n’y a aucune contribution écrite dans les domaines essentiels de notre développement. Pourtant les journaux n’attendent que de recevoir des articles qui, assurément, s’en trouveraient améliorés. Et dire que les professeurs de l’enseignement supérieur reçoivent mensuellement des indemnités de recherche. Au lieu de dynamiser le secteur de la recherche par des conférences et des passages à la radio ou la télé, nos professeurs et autres docteurs ne cherchent que des postes de directeurs dans quelque service ou dans des cabinets ministériels. On a rarement vu des propositions de ces messieurs et dames durant toute la période de grave crise que notre pays a traversée. Or les sujets ne manquent pas car tout est à faire chez nous. Se pourrait-il que le souci de préserver leurs postes bâillonne ces docteurs et professeurs ? Ce n’est pas impossible et ce serait alors de la malhonnêteté intellectuelle. Ce sont les cadres d’un pays qui impulsent le développement par des animations permanentes.