Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des femmes, le 8 mars, la fondation Tuwindi en collaboration avec le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a tenu une visioconférence, mardi 16 mars 2021 autour du thème : « Media, parlez aux femmes, la moitié du monde vous entendra ! » Une occasion mise à profit pour inviter les patrons de presse à une meilleure promotion du genre dans leur organe.
La représentativité des femmes dans les médias, les moyens pouvant accroître la participation des femmes dans les instances décisionnelles au niveau des rédactions, la protection des femmes journalistes et le respect de leurs droits, c’est les grands points évoqués au cours de cette visioconférence initiée par la fondation Tuwindi, en collaboration avec le ministère de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille. Une conférence qui se situe dans le cadre de la campagne internationale « Woman4média ».
Les panélistes estiment paradoxal qu’au Mali les femmes puissent représenter 52 % de la population et qu’elles soient sous représentées dans les organes de presse.
Une politique genre
Selon la ministre de la Promotion de la femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Bouaré Bintou Founè Samaké, dans les organes de presse au Mali, les femmes ne représentent que 24 %. En plus, déplore-t-elle, elles sont rarement à la tête de structures de médias. Elles sont sous-représentées dans les postes de prise de décision, a-t-elle indiqué.
Face à cette situation qui encouragerait l’inégalité, voire la discrimination, Martin Faye, directeur de studio Tamani, a développé une politique genre au sein de sa rédaction afin de mieux représenter les femmes dans son organe. Ce qui fait que, a-t-il précisé, Studio Tamani compte 45 % de femmes contre 55 % d’hommes.
Contrairement à Studio Tamani, à Kunafoni, explique Awa Sénéga, directrice de publication, nous avons plus de femmes que d’hommes parmi le personnel de la rédaction. Chez elle, la rédactrice en chef est une femme, a-t-elle précisé.
À ceux qui pensent que ces traitements constituent une discrimination vis-à-vis des hommes, ces directeurs de publication prouvent le contraire. Selon eux, il s’agit d’une volonté de recherche d’équilibre dans les médias vu que les femmes sont sous-représentées. Tout compte fait, les recrutements se font à compétence égale, ont-ils précisé.
Donner plus de visibilité aux femmes journalistes
Pour donner plus de visibilité aux femmes journalistes, des organes de presse ont expliqué avoir adopté plusieurs initiatives, notamment des activités décernées à la promotion du genre. À Studio Tamani, dira Martin Faye, des campagnes de sensibilisation sur les droits des femmes sont fréquemment organisées par son organe.
En plus de ces activités, chaque année, une femme de l’année est désignée parmi le personnel féminin par ses pairs en fonction de son engagement quotidien. Une manière d’encourager ces femmes journalistes à persévérer. Lors des reportages également, Studio Tamani incite les reporteurs à privilégier la prise de parole des femmes.
À Kounafoni, une émission pour la promotion des femmes leaders a été également intégrée dans le programme, a témoigné la directrice de publication.
Retravailler l’image de la femme
Martin Faye invite les organes de presse à combattre les préjugés et les stéréotypes dont les femmes sont victimes dans les médias. Paraphrasant l’ex-députée Aoua Kéïta, il dira que l’évolution des femmes maliennes dépend de l’espace que leur accordent les médias dans leur traitement de l’information.
Selon la ministre Samaké, il convient de soutenir les femmes animatrices d’émission dans les organes de presse. Ce n’est pas tout. Elle juge important d’assurer plus de protection à ces femmes. Car selon Hawa Séméga, certaines d’entre elles sont victimes de harcèlement sexuel.
La ministre rappellera toutefois qu’il existe déjà des mesures pour la protection des femmes ainsi que des structures pour leur prise en charge. Dans les médias, il faut retravailler davantage l’image de la femme malienne, recommandera-t-elle.
La directrice de Kunafoni a saisi l’occasion qui lui est offerte par cette visioconférence pour inviter les patrons de presse à mettre l’accent sur la formation, la reconnaissance, mais aussi et surtout demander à donner envie aux femmes dans les médias à évoluer dans ce domaine.
Toutefois, il convient que les femmes se fassent confiance. Elles doivent s’intéresser davantage aux sujets difficiles, sortir de leur confort afin de s’affirmer, dira Mame Diarra Diop, journaliste.
Tidiani Togola, directeur de la fondation Tuwindi, rassurera que sa structure ne ménagera aucun d’effort pour une meilleure prise en compte du genre dans les médias.
Fousseni Togola