La désobéissance civile, selon les spécialistes, est une forme de résistance passive qui consiste à refuser d’obéir aux lois et aux jugements d’ordre civil.
Elle a pour objectif d’attirer l’attention de l’opinion publique sur le caractère inique ou injuste d’une loi avec l’espoir d’obtenir son abrogation ou son amendement. Ceux qui pratiquent la désobéissance civile sont prêts à encourir les peines, dont l’emprisonnement, qui pourraient leur être infligées pour avoir enfreint la loi.
Avec l’avènement de la démocratie au Mali en 1991, les rédacteurs de la Constitution de la IIIè République ont pris en compte le principe de la désobéissance civile pour sauvegarder les acquis du Mouvement démocratique. En effet, l’article 121 de la Constitution du 25 février 1992 stipule : «Le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la Constitution. La forme républicaine de l’État ne peut être remise en cause. Le peuple a le droit à la désobéissance civile pour la préservation de la forme républicaine de l’État. Tout coup d’État ou putsch est un crime imprescriptible contre le peuple malien».
Pour la première fois dans notre pays, un mouvement politique, réclamant le départ du président Keïta, a appelé à la désobéissance civile le 10 juillet 2020 en déroulant une série de mesures destinées à occuper les services publics, les institutions de la République, à bloquer la circulation dans l’objectif de paralyser le pays.
À peine la désobéissance civile déclenchée, des milliers de manifestants se sont plutôt rués sur des structures publiques et privées pour piller, saccager, emporter les biens. Des scènes de chaos ayant provoqué la mort de plusieurs personnes, dont des enfants. Des actes fort regrettables dans un pays en proie aux attaques terroristes depuis huit ans.
La désobéissance civile ne s’accommode pas avec la violence. Mahatma Gandhi, homme politique et guide spirituel indien (1869-1948) et Martin Luther King, pasteur noir américain, leader antiségrégationniste (1929-1968), furent deux figures emblématiques de la désobéissance civile.
Le premier mena des actions non violentes en 1930, avec le mot d’ordre «satyagraha» (chemin de la vérité) pour dénoncer les lois injustes du colonisateur britannique et qui aboutira à l’indépendance de l’Inde.
Le second, inspiré par les actions salvatrices du premier, dirigea le mouvement des droits civiques aux États-Unis pour abolir les lois de ségrégation raciale.
Madiba KEITA