Dans son interview, il explique l’enracinement du phénomène en milieux scolaire et universitaire. « L’année dernière la violence a été très importante. Il y a eu des patrouilles et on avait retrouvé 257 coupes-coupes et machettes, plus d’une dizaine de pistolets de fabrication, traditionnelle, artisanale et aussi moderne. Des personnes ont été arrêtées, on a vu par le passé des personnes éventrées, etc.», a-t-il expliqué.
Cependant, il pense que ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs. Le premier, c’est qu’il y a des enjeux au niveau du leadership. Parce que chaque fois qu’un comité arrive à terme de son mandat, il y a un renouvellement qui se dessine, donc les préparatifs sont toujours l’occasion des tensions entre les différents responsables de classes et les différents membres du comité sortant et aussi de nouveaux candidats. Cela crée des tensions. Il a expliqué que ces occasions sont des sources d’« intimidation qui se font au sein de l’espace scolaire, souvent dans les quartiers, y compris au domicile des différents candidats pour les intimider verbalement et physiquement. »
Le second facteur qui alimente les violences est qu’une fois que les responsables sont élus, les secrétaires généraux mettent en place un comité. Et celui-là qui gère le parking de l’établissement. « Et quand vous êtes dans une structure où vous avez trois mille motos et chaque moto paye par exemple 50 à 100 FCFA selon les parkings, vous multipliez et vous voyez le montant que cela fait par jour et par mois. C’est une économie et une rente derrière. Après il y a un pourcentage au niveau des logements gérés par le centre national des œuvres universitaires. Donc il y a une certaine notoriété que les gens gagnent. Et tout cela fait que cela devient un poste convoité », explique le chercheur.
Mais au-delà, a-t-il expliqué, ce phénomène n’est pas nouveau et perdure. Parce que, précise-t-il, « à chaque fois, les coupables sont connus et on fait semblant d’ouvrir les enquêtes, il y a l’arrestation de quelques jeunes alors que les vrais leaders tournent entre les ministères ».
Approches de solution
Selon lui, la solution c’est très simple. On a besoin qu’il y ait une structure d’encadrement des élèves étudiants. Mais la procédure a changé, avant c’étaient les meilleurs qui étaient choisis et étaient légitimes pour revendiquer les meilleures conditions d’études, des infrastructures, la bibliothèque… et qui étaient moins violents que maintenant. « Ce qui peut se faire, c’est partir du récent incident, parce qu’un jeune a déjà succombé à la suite de ses blessures, arrêter toutes les personnes qui sont mêlées dans cette récente affaire, les juger et faire en sorte qu’ils soient des exemples pour d’autres », a-t-il conseillé.
Mais aussi, pense-t-il que dans l’espace scolaire on peut créer « une police universitaire pour endiguer le fléau à la base et ensuite toute personne qui est mêlée dans ces genres de phénomène doit être définitivement exclue de l’espace scolaire et universitaire ». Pour lui, il faut aller vers des mesures fortes et faire en sorte que l’intéressé ne puisse pas s’inscrire dans les universités privées.
« La lutte contre l’impunité est l’élément fondamental. Le second élément c’est de casser les sources de revenus, c’est-à-dire que la gestion des parkings doit revenir au centre national des œuvres universitaires (CENOU), retirer l’AEEM de la gestion du Campus. Donc, si on tarit les sources de revenus, il y a moins de convoitise et dans ce cas-là, on peut encourager les meilleurs étudiants et élèves et qu’ils représentent leurs camarades dans les instances de l’AEEM », a-t-il conclu
Bourama Kéïta