Annoncé par le gouvernement dimanche soir, le décès de l’agresseur au couteau du colonel Assimi Goïta, lors de la prière de l’aïd-el-kebir, est un boulet supplémentaire pour les autorités de la transition. L’homme, dont on dit qu’il a rendu l’âme suite à une dégradation de son état de santé qui a motivé son admission dans deux hôpitaux de Bamako, s’en est ainsi allé sans que la moindre information ait été communiquée sur son identité, sa situation familiale, son statut professionnel. Un minimum dans les pays où l’on a souci de formalisme et qui ne pouvait en rien nuire au bon déroulement de l’enquête en cours, selon l’expression consacrée.
Le communiqué gouvernemental indique qu’ » une autopsie a été immédiatement ordonnée pour déterminer les causes du décès« . Lequel » ne fait pas obstacle à la poursuite de l’enquête déjà en cours au niveau du parquet de la commune 2, surtout que les premiers indices collectés et les informations reccueillies indiquent qu’il ne s’agissait pas d’un élément isolé « .
L’ennui, c’est que dans ce type d’affaire, une autopsie réalisée par les seuls experts locaux est toujours entourée de suspicion. D’où la propension des organisations de défense des droits de l’homme à réclamer des autopsies pratiquées par ou avec l’appui des experts internationaux.
Il s’y ajoute qu’une enquête pour » des infractions d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de tentative d’assassinat » sur la personne du président de la transition, chef de l’Etat, menée en l’absence de son principal auteur, celui qui tenait l’arme du crime, laisse à désirer.
De ces observations il apparaît que les autorités de la transition ont beaucoup à faire pour convaincre les Maliens et leurs partenaires de par le monde que l’homme qui a attenté à la vie du colonel Assimi Goïta n’est pas décédé d’une cause autre qu’ » un état de santé dégradé « . Cette cause peut résider dans des sévices corporels comme cela arrive, hélas, chez nous en de pareilles circonstances. Le leader estudiantin Abdoul Karim Camara dit Cabral a succombé sous la torture, le 17 mars 1980, au camp des parachutistes de Djikoroni. Notre confrère Birama Touré, disparu depuis le 29 janvier 2016, serait, selon des informations véhiculées par la presse, mort des suites de « mauvais traitements » subis durant sa longue détention au secret par un service officiel de l’Etat malien. Avant d’être jeté nuitamment dans un puits.
Deux exemples choisis parmi tant d’autres.
Pour tout dire c’est un cadavre encombrant que les autorités de la transition ont sur les bras. Déjà au ban de la communauté internationale pour leur refus obstiné de lever la mise en résidence surveillée de l’ex-président Bah N’Daw, de son premier ministre Moctar Ouane et d’officiers de l’armée nommés à des postes ministériels qu’ils n’ont pas eu le temps d’occuper, leur situation est devenue encore plus inconfortable avec cette mort suspecte. Au moins jusqu’à plus ample informé.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant