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Tribune : Moussa Traoré, un héritage qui divise

Les obsèques de l’ancien président malien Moussa Traoré se sont déroulées vendredi 18 septembre dans la capitale malienne, Bamako. Depuis son décès, le 16 septembre, à l’âge de 84 ans, on assiste à une pluie d’hommages contrastés. L’héritage politique de l’ancien président divise.

 

Moussa Traoré avait été condamné à mort pour « crimes de sang » et « crimes économiques », en février 1993, à l’issue d’un procès marathon qui avait tenu en haleine tout le pays. L’ancien dictateur sera détenu, pendant près d’une décennie, dans des conditions carcérales acceptables. Avant d’être gracié, en 2001, par le président Alpha Oumar Konaré, vers la fin du second mandat de ce dernier.

Puis, suivra une tentative de réhabilitation par le président déchu Ibrahim Boubacar Keita, en 2013, qui avait publiquement traité le Général Moussa Traoré de « grand républicain » lors de son investiture. Ce qui avait suscité un tollé.

Lourd bilan

Depuis sa remise en liberté, Moussa Traoré bénéficiait du statut d’ancien président. Il était consulté sur les questions d’intérêt national. Récemment, les protagonistes de la crise sociopolitique, l’ancien régime dirigé par Ibrahim Boubacar Kéita et le mouvement de contestation Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), mené par l’imam Mahmoud Dicko, avait sollicité sa médiation.

Aussi, sa dernière apparition publique remonte au 31 août, lorsque les militaires au pouvoir étaient partis lui rendre visite à son domicile. Les putschistes, conduits par le colonel Assimi Goita, avaient été qualifiés de « patriotes » par l’ex-président.

Moussa Traoré est parvenu au pouvoir en renversant Modibo Keita. À l’époque, il n’avait que 32 ans. C’est le plus jeune des présidents que le Mali a connu depuis son indépendance en 1960. Il a régné sans partage pendant 23 ans. Avant de connaitre à son tour un coup d’État, en mars 1991.

Controverse

Son bilan est lourd et continue de diviser au Mali. Beaucoup de zones d’ombre perdurent encore sur les circonstances de la mort du président Modibo Keita comme d’autres compagnons d’armes du Général Moussa Traoré qui ont connu les pires sévices dans les prisons tristement célèbres de Taoudenit, Menaka…

Rendre hommage à Moussa Traore, c’est porter atteinte à la mémoire de ceux qui ont fait face au régime dictatorial. À la Pyramide du souvenir, au Quartier du fleuve sur la rive gauche du district de Bamako, on peut lire les noms de ces hommes et femmes qui ont donné leur vie pour l’avènement de la démocratie, la liberté d’expression. Célébrer l’ancien dictateur, à mon avis, c’est faire preuve de « négationnisme » des évènements dans lesquels ils sont morts.

Source :  Benbere

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