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Terrorisme: Bounty, FAMas & Barkhane en phase

La polémique autour du massacre de Bounty dans le cercle de Douentza ne cesse d’émouvoir l’opinion pendant les forces armées maliennes et leur allié de Barkhane tentent d’expliquer les circonstances de cette frappe qui a fait plusieurs morts. La Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDII) recommande l’ouverture d’enquêtes crédibles, indépendantes, impartiales et diligentes en vue d’identifier les auteurs et complices des violations et abus dénoncés et appelle à rendre publics les résultats desdites investigations.

 

Sur ce qui s’est réellement passé, le ministère de la Défense estime dans son communiqué qu’il s’agit de frappes aériennes menées dimanche 03 janvier 2021 contre une colonne de djihadistes suivie depuis son retranchement jusqu’au lieu d’impact à proximité de Bounty qui ont été faites sur la base de renseignements bien précis.

Au moment où le Président de la Transition Bah N’DAW rédigeait un Message de condoléances à son homologue du Niger Mahamadou Issouffi suite aux massacres de populations civiles dans les villages de Tchoma Bangou et Zaroumadereye par les terroristes, comme chacun de nos pays en a fait l’amère expérience, en particulier dans les zone dites des trois frontières, s’était-il déroulé dans le village Bouty dans cercle de Douentza presqu’au même moment un drame semblable ?

Versions contradictoires

Selon plusieurs sources confirmées par le Maire de la localité Adama GRIABA (en tout cas qui se présente comme tel à nos confrères de Studio Tamani) des frappes aériennes ont provoqué dimanche 3 janvier 2021 plusieurs dizaines de morts à Bounti dans le cercle de Douentza. Selon l’élu local, qui avance une centaine de morts, ces frappes ont été effectuées nuitamment par un hélicoptère non identifié tandis que plusieurs sources disent qu’elles ont eu lieu le dimanche pendant que le village célébrait un mariage.

Toutefois, selon un décompte de la Jeunesse Tabital Pulaku qui suivait toute la journée la situation sur le terrain, le bilan provisoire est de 20 morts et 28 blessés graves. Au cours de la journée, 30 blessés sont arrivés à Kikkara (le chef-lieu de la commune de Gandamia), mais malheureusement deux (02) ont succombé. Médecins sans frontière présente dans la zone a été sollicité.

Barkhane soupçonné

Bavure ou attaque contre des djihadistes ? La mort d’une vingtaine de personnes, le dimanche 3 janvier 2021, suite à une frappe aérienne dans le village de Bounty, cercle de Douentza, suscite beaucoup d’interrogations. Pour l’Association peule Tabital Pulaaku, les victimes sont des civiles qui célébraient un mariage.

L’Armée française, qui reconnaît avoir mené l’attaque, indique plutôt la neutralisation des djihadistes préalablement repérés après une opération de renseignement de plusieurs jours.

Selon l’Armée française ‘’une patrouille d’avions de chasse a ‘’neutralisé’’ des dizaines de djihadistes préalablement repérés après une opération de renseignement de plusieurs jours. Les informations relatives à un mariage ne correspondent pas aux observations effectuées’’, a indiqué l’état-major français à l’AFP.

Une liste provisoire des victimes a été partagée par l’Association Tabital Pulaaku sur les réseaux sociaux où l’affaire fait grand bruit. Beaucoup s’interrogent sur le silence des autorités maliennes qui ont tardé à en piper mot depuis la frappe aérienne.

Cette frappe aérienne est intervenue une journée après la mort de deux soldats français suite à une attaque à l’engin explosif improvisé (EID) lors d’une mission de reconnaissance et de renseignement près de Ménaka.

Barkhane clarifie la situation

L’armée française reste constante sur sa position. S’agissant de l’incident intervenu ce dimanche à Bounty, dans ce cercle de Douentza, la Force Barkhane persiste et signe mardi avoir bombardé uniquement des éléments terroristes dans la zone de Bounti vers 15h ce dimanche-là. Elle affirme de nouveau n’avoir utilisé aucun hélicoptère. Le porte-parole des FaMa, joint par RFI, confirme la version française et soutient que le récit d’une frappe contre des civils relève de la «propagande ». « Il n y a ni femmes, ni enfants parmi les blessés », dit-il encore. La preuve, à ses yeux, que la thèse de la noce ne tient pas.

Ce que souhaite la CNDH

Sur l’affaire de Bounty, la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDII) exprime sa très vive préoccupation face aux allégations de violations et d’abus des droits de l’Homme relatives à l’attaque, le dimanche 03 janvier courant du Village de Bounti, Cercle de Douentza, Région de Mopti s’étant soldés par de nombreuses pertes en vie humaine.

La CNDH s’incline pieusement devant la mémoire des victimes décédées et souhaite prompt rétablissement aux blessés.

Aussi, sur le fondement des instruments juridiques nationaux, régionaux et internationaux, relatif aux droits civils et politiques tous incriminant l’atteinte aux droits à la vie, à l’intégrité physique, à la sécurité, l’Institution Nationale des droits de l’homme, la CNDH :

-condamne avec fermeté les violations et abus des droits de l’Homme perpétrés ;

-recommande l’ouverture d’enquêtes crédibles, indépendantes, impartiales et diligentes en vue d’identifier les auteurs et complices des violations et abus dénoncés et appelle à rendre publics les résultats desdites investigations

Ce que pense le M5-RFP

Le Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) quant à lui dit suivre avec gravité l’évolution de la situation nationale.

Pour lui, cette situation est caractérisée par des arrestations extrajudiciaires et le silence du Gouvernement sur la récente attaque aérienne du village de Bounty, ayant causé des pertes en vies humaines, dans le cercle de Douentza au centre du Mali.

A l’issue de sa réunion du 5 janvier 2021, il condamne ces arrestations extrajudiciaires d’une autre époque qui tendent à se généraliser et à se banaliser.

Concernant le cas de l’attaque meurtrière de Bounty, le M5-RFP s’étonne du silence du Gouvernement alors que des versions contradictoires circulent sur cet événement. Le M5-RFP rappelle au Gouvernement son impérieux devoir de fournir aux Maliens toutes les informations nécessaires et crédibles sur la situation nationale, mais aussi d’assurer la protection des populations sur toute l’étendue du territoire.

Que dit l’Armée malienne ?

Sur le bombardement de Bounty, le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants, dans un communiqué daté du jeudi 7 janvier 2021, informe l’opinion nationale et internationale que depuis le dimanche 03 janvier 2021, une information sur les réseaux sociaux faisant état d’attaques aériennes contre les populations civiles est devenue virale et continue de défrayer la chronique, avec des bilans allant de 10 à 100 victimes.

Cette information tendancieuse vise à jeter l’opprobre sur le travail combien salutaire des FAMa et de leurs partenaires qui sont en train de mener une lutte implacable contre les terroristes. Des victoires sont engrangées sur le terrain, et des cellules d’intox et de propagande s’activent pour essayer d’annihiler tous les efforts visant au rétablissement de la sécurité et de la paix.

Sur ce qui s’est réellement passé, le ministère de la Défense estime dans son communiqué qu’il s’agit de frappes aériennes menées dimanche 03 janvier 2021 contre une colonne de djihadistes suivie depuis son retranchement jusqu’au lieu d’impact à proximité de Bounty qui ont été faites sur la base de renseignements bien précis. Ces frappes réalisées par la Force Barkhane ont permis la neutralisation de plusieurs dizaines de terroristes.

Le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants réaffirme ses engagements en faveur des Droits de l’Homme et du Droit International Humanitaire et ne saurait, en aucun cas, assimiler de paisibles populations à des groupes armées formellement identifiés par les Force Armées Maliennes.

Les forces alliées engagées dans la lutte contre le terrorisme continuent de communiquer sur la frappe aérienne de dimanche à Bounty dans le cercle de Douentza. Après l’Armée malienne, l’armée française donne sa version des faits.

Côté malien

Le Ministre de la Défense et des Anciens Combattants informe l’opinion nationale et internationale, qu’une opération conjointe FAMa – Barkhane – FC G5 Sahel, « Eclipse » est en cours afin de neutraliser les Groupes Armés Terroristes (GAT), dans la zone des trois frontières.

Au cours d’une mission de surveillance de cette zone, des mouvements individuels, suivis de regroupement d’une cinquantaine d’individus ont été observés le dimanche 03 janvier 2021, vers onze heures.

Ce regroupement ne comprenait ni femmes ni enfants. Par la suite, un motocycliste armé s’ajouta au regroupement, puis un véhicule pickup.

Aux environs de treize heures, ces éléments de la Katiba Serma, vêtus de la même façon, ont formé trois groupes.

Ce regroupement de combattants, principaux auteurs d’attaques et de poses d’Engins Explosifs Improvisés (EEI) sur la RN 16, principalement entre Doucntza et Hombori, ont été qualifiés d’objectif militaire et l’intervention aérienne sollicitée par le Poste de Commandement Conjoint.

Les frappes aériennes effectuées par un mirage 2000 sur ledit objectif ont fait un bilan d’une trentaine de GAT neutralisés selon les images de la mission d’Observation et de Surveillance.

Vers dix-sept heures, un groupe de villageois et d’hommes armés en véhicule pickup et motos, sont arrivés sur site et ont procédé à l’inhumation des morts. Les motocyclistes et les véhicules pickup ont récupéré les blessés avant de partir dans des directions différentes.

Les rescapés ont occupé les hauteurs avec jumelles et postes talkie-walkie. L’environnement observé n’a montré ni scène de mariage, ni enfants ou femmes. Tous les renseignements recueillis en direct justifiaient que les cibles neutralisées étaient des objectifs militaires confirmés. En d’autres termes des terroristes.

Par ailleurs, le Ministre informe l’opinion nationale et internationale de l’ouverture d’une enquête par les services compétents pour mieux comprendre ce qui s’est passé et appelle les populations de continuer à apporter leur soutien indéfectible aux FAMa et aux forces partenaires.

Côté français

Voici ce qu’explique l’état-major des armées françaises sur la Frappe contre un rassemblement de membres d’un groupe armé terroriste dans la région de Douentza.

– Le dimanche 3 janvier, la Force Barkhane a procédé à une unique frappe contre un groupe armé terroriste (GAT) dans la région de Douentza, un kilomètre au nord du village de Bounty.

– Cette neutralisation a été conduite conformément aux principes de ciblage en vigueur, dans la stricte application du droit des conflits armés.

– Aucun hélicoptère n’a été engagé au cours de cette action de combat.

– Les allégations consécutives à la frappe relèvent de la désinformation. Aucun dommage collatéral, aucun élément constitutif d’un rassemblement festif ou d’un mariage n’a été observé.

Selon le communiqué de l’état-major de l’Armée française, le dimanche 3 janvier dans l’après-midi, s’appuyant sur une manœuvre renseignement s’étalant sur plusieurs jours, la Force Barkhane a opéré dans la région de Douentza, zone caractérisée par la présence et l’action de groupes armés terroristes (GAT). Ce secteur abrite des éléments de la katiba SERMA. Le groupe y dispose d’emprises logistiques qui servent également à l’instruction, au maniement des armes et à la confection d’engins explosifs improvisés. Ces GAT y commettent régulièrement des actes terroristes à l’encontre des FAMa (forces armées maliennes) et des populations civiles.

Pour être complet, le communiqué de l’état-major de l’Armée française révèle que dans cette zone, plus d’une heure avant la frappe, un drone REAPER a détecté une moto avec 2 individus au nord de la RN16. Le véhicule a rejoint un groupe d’une quarantaine d’hommes adultes dans une zone isolée. L’ensemble des éléments renseignement et temps réel ont alors permis de caractériser et d’identifier formellement ce groupe comme appartenant à un GAT. L’observation de la zone pendant plus d’une heure et demie a également permis d’exclure la présence de femmes ou d’enfants.

Compte tenu du comportement des individus, des matériels identifiés ainsi que du recoupement des renseignements collectés, il a été ordonné à une patrouille d’avions de chasse – alors en vol – de procéder à une frappe ciblée à 15h00 locale.

La frappe (trois bombes) est localisée en 30 PWB 4436 83140, à plus d’un kilomètre au nord des premières habitations de Bounty. Il s’agit d’un espace ouvert et semi-boisé.

Cette action de combat mettant en œuvre un drone REAPER et une patrouille de deux Mirage 2000 a permis de neutraliser une trentaine de GAT. Les éléments disponibles, qu’il s’agisse de l’analyse de la zone avant et après la frappe, comme de la robustesse du processus de ciblage, permettent d’exclure la possibilité d’un dommage collatéral.

PAR BERTIN DAKOUO

Source : Info-Matin

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