A la fois jugées illégales, illégitimes et inhumaines, les sanctions infligées aux Maliens par les chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO et de l’UEMOA semblent être une porte de sortie pour Mme Sidibé Dédéou Ousmane, ministre de l’Education nationale. Les mesures désastreuses ont néanmoins été un « ouf de soulagement » pour la cheffe du département et son équipe finalement échappées aux actions syndicales envisagées par le corps syndical du monde scolaire.
Avec l’arrivée du colonel Assimi Goita, Président de la transition et de son PM Choguel Kokalla Maiga au pouvoir, l’un des problèmes phares de la nation restait la résolution de la crise que subisse, depuis quelques années, l’école malienne. À peine nommé en date du mois de juin 2021, l’actuel chef du gouvernement, le Dr. Choguel K. Maiga a su trouver une entente avec l’UNTM de Yacouba Katilé. A l’époque plaignante, cette plus grande centrale syndicale (UNTM) du Mali plaidait pour l’harmonisation des grilles salariales des fonctionnaires en plus de certains griefs. Comme tout le pays se trouve paralysé à chaque fois que l’Union nationale des travailleurs du Mali parte en grève, le PM Maiga a jugé utile, dès sa nomination à la Primature, de satisfaire ses revendications en harmonisant les salaires. Chose qui a déclenché la colère et l’incompréhension des syndicalistes enseignants estimant que cela « entrave l’application de l’article 39 du statut des enseignants ». Trouvant que le gouvernement issu d’une transition rectifiée avait alors sacrifié l’école malienne en satisfaisant les doléances de l’UNTM, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont, dans la foulée, engagé un bras de fer contre le gouvernement du Dr. Choguel Kokalla Maiga. « L’unification des grilles salariales bloque carrément l’application de l’article 39. Nous ne sommes pas contre la lutte d’aucun syndicat, mais nous allons aussi nous battre en utilisant tous les moyens légaux pour préserver cet acquis syndical. L’article 39 a été acquis suite à des longues luttes syndicales », confiait Ousmane Almoudou Touré, porte-parole des syndicalistes. Des semaines et des mois durant, les négociations menées entre la partie syndicale et le gouvernement représenté par le département de l’Education nationale en compagnie d’autres ministères ont voué à l’échec. Sur la base des différents programmes, les consignes données aux militants par les syndicalistes enseignants ne permettaient aucunement la tenue régulière des cours durant l’année scolaire 2021-2022. Dans la lettre circulaire du 28 octobre 2021, des instructions fermes avaient été données aux enseignants par les syndicalistes, quelques jours après la rentrée scolaire. S’agissant de la non évaluation des élèves ; la non prise des classes à double division et vacation ; la non prise des heures supplémentaires ; la non prise des classes à effectif dépassant 50 élèves…Même si certaines de ces mesures ont été par la suite levées, d’autres resteront en vigueur jusqu’au dimanche 9 janvier 2022.Date à laquelle des sanctions identiques à l’embargo vont être infligées aux Maliens par la CEDEAO et l’UEMOA. Dès le lendemain lundi, 10 janvier 2022, de nouvelles annonces favorables à l’apaisement du climat vont être faites par le corps syndical. « Les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont suivi à travers les médias d’Etat les sanctions imposées au Mali à l’issue des sessions extraordinaires des organisations sous régionales (CEDEAO et UEMOA). Ces sanctions disproportionnées et injustifiées eu égard à la disponibilité au dialogue exprimée par les autorités maliennes imposent à chaque citoyen un sacrifice », lit-on dans le communiqué du 10 janvier dernier. C’est pourquoi, « les syndicats de l’éducation décident de suspendre leur mot d’ordre de grève en cours ainsi que toutes les actions programmées jusqu’à l’amélioration de la situation », ont-ils exprimé. Après avoir officiellement pris cet engagement « patriotique », les syndicalistes et leurs militants enseignants ont correctement continué à dispenser les cours aux élèves, sans gêne. C’est grâce à cette parole donnée que l’année scolaire 2021-2022 n’a pas connu de perturbations comme les autres années. De par ce geste, d’aucuns pensent que les enseignants ont voulu se plier aux dispositions de l’article 22 de la constitution qui stipule : « La défense de la patrie est un devoir pour tout citoyen ». Avec l’annonce des examens de fin d’année prévus du mois de juin prochain au mois d’août 2022, ne peut-on pas dire que la ministre de l’Education nationale, Mme Sidibé Dédéou Ousmane a été finalement sauvée ? Surtout qu’on se rappelle encore les examens de l’année dernière ont été boycottés par les enseignants à cause de la même revendication (application de l’article 39) qui n’est pas à présent résolue.
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS