Dans toutes les têtes, la même question lancinante revenait: combien de personnes se trouvaient à bord du MV Nyerere lorsque celui-ci a chaviré non loin du débarcadère de l’île d’Ukara, sa destination finale?
Des témoins ont rapporté à la télévision publique qu’environ 200 passagers se trouvaient à bord du ferry, d’une capacité de 100 personnes. Contacté par l’AFP, le gouverneur de la région de Mwanza, John Mongella, a indiqué ne pas être en mesure de confirmer ce nombre.
A la mi-journée, la radio publique tanzanienne TBC Taifa, citant l’inspecteur général de la police Simon Sirro, a annoncé que la tragédie avait fait plus de 100 morts. « Nous continuons à repêcher ces corps », a précisé M. Sirro.
Un peu plus tôt, le gouverneur Mongella avait donné un bilan de 86 noyés et 40 rescapés.
D’après des témoins contactés sur place par l’AFP au téléphone, aucun survivant n’a été retrouvé vendredi.
Le ferry MV Nyerere s’est retourné jeudi après-midi à quelques dizaines de mètres seulement du débarcadère de sa destination finale, l’île d’Ukara, dans le sud du plus grand lac d’Afrique, avait indiqué jeudi soir l’Agence tanzanienne des services électriques et mécaniques, l’exploitant public du navire.
Vendredi matin, les équipes de secours s’affairaient sur les lieux du drame, sous le regard de dizaines de personnes massées sur le littoral, tandis que la télévision publique mettait en garde contre tout faux espoir: « les chances de trouver des survivants sont quasi nulles ».
Sur place, d’après des témoins interrogés par l’AFP, la coque du navire affleurait à la surface de l’eau, à quelques dizaines de mètres de la côte.
« Mon fils se trouve parmi les corps repêchés sans vie. Il était parti avec sa femme mais son corps à elle n’a pas encore été retrouvé. Mon Dieu, qu’ai-je fait pour mériter ça? », a déclaré à l’AFP Dativa Ngenda, une dame âgée, en pleurs, jointe au téléphone à Ukara.
– Embarcations surchargées –
« Je n’ai pas encore de nouvelles de mon père et de mon petit frère qui étaient dans le ferry. Ils s’étaient rendus au marché à Bugolora pour acheter l’uniforme scolaire et d’autres fournitures scolaires pour mon frère car l’école reprend lundi prochain », a pour sa part témoigné Domina Maua, jointe par l’AFP au téléphone à Arusha (nord), où elle travaille.
« Je vais prendre le bus pour m’y rendre mais je sais qu’il n’y a aucun espoir de les retrouver vivants. Nous prions Dieu pour que leurs corps puissent être retrouvés afin que nous puissions leur dire adieu », a-t-elle ajouté.
Le ferry assurait la liaison entre l’île d’Ukara et celle, située juste en face, d’Ukerewe, qui abrite la localité de Bugolora, où les habitants d’Ukara viennent régulièrement s’approvisionner.
Les causes de l’accident n’étaient pas établies vendredi mais de précédentes tragédies dans cette région des Grands Lacs ont le plus souvent été imputées à des embarcations surchargées et au fait que la plupart des passagers ne savent pas nager.
De fait, plusieurs témoins interrogés par l’AFP au téléphone ont rapporté qu’à l’approche de l’île d’Ukara, des passagers se sont déplacés vers l’avant du navire pour se préparer à débarquer. Ce mouvement aurait déséquilibré le bateau, qui s’est alors retourné.
Outre ses passagers, le MV Nyerere transportait également des marchandises lorsqu’il a chaviré.
La navigation peut être difficile sur le lac et elle se fait avec des navires vétustes ou mal entretenus. Les registres des passagers sont par ailleurs lacunaires et les autorités peu regardantes sur la sécurité.
En 1996, quelque 800 personnes, selon la Croix-Rouge, avaient trouvé la mort dans le naufrage du ferry Bukoba, surchargé de passagers d’un ferry, à quelques milles marins au large de Mwanza.