Présent au Mali depuis huit ans dans le cadre du processus de paix, l’ancien président de la République du Burundi, Pierre Buyoya a décidé de remettre sa lettre de démission au Président de la Commission de l’Union Africaine, en tant que Haut Représentant de l’Union africaine au Mali et au Sahel (MISAHEL), depuis 8 années. Une démission qui est consécutive à sa condamnation à perpétuité par la justice de son pays, dans l’assassinat du président Melchior Ndadaye, afin d’avoir toute la liberté de se défendre et laver son honneur malgré les multiples entraves.
Condamné le 19 octobre dernier à la prison à perpétuité ainsi qu’une vingtaine d’autres hauts dignitaires et officiers supérieurs de son pays pour : « attentat contre le chef de l’État, attentat contre l’autorité de l’État et attentat tendant à porter le massacre et la dévastation », l’ancien président burundais Pierre Buyoya avait dénoncé un « procès politique » et une « parodie de justice » et avait de ce fait, annoncé de faire appel.
Au cours de son intervention, il dénonce l’instruction des dirigeants de son pays qui ont demandé de rouvrir le dossier afin de les condamner à huis clos. « Le plus curieux est que le tribunal a dressé tout un tas d’obstacles pour nous empêcher de faire valoir nos moyens de défense, dont : refus de visa à nos avocats étrangers ; à nos avocats burundais d’accéder au dossier ; refus de la greffe de réceptionner nos dossiers d’appel », déplore-t-il.
Ainsi, il a clamé son innocence et de rappeler que l’histoire retiendra qu’il a cédé pacifiquement le pouvoir au Président élu en juillet 1993 sans aucune contrainte, décision qui était rare en Afrique à cette époque.
Selon ses dires : « au cours de ces 8 dernières années, j’ai apporté ma modeste contribution au nom de l’Union Africaine dans la recherche de solutions aux problèmes qui affectent les pays du Sahel en général et le Mali en particulier ».
Il a révélé quitter ses fonctions au moment où, au Mali, la situation est encore critique, au moment où les défis de la région du Sahel sont entiers.
Avant de poursuivre sur son expérience en matière de résolution des conflits à travers l’Afrique. Il souligna qu’au Burundi, il a pu, à travers un processus de paix long et difficile, négocier et signer les Accords de paix d’Arusha le 28 août 2000, à la suite desquels le Burundi avait retrouvé la stabilité qui a été rompue en 2015 quand le Président de l’époque décida de violer les règles en rapport avec la limitation des mandats présidentiels à deux.
À l’en croire : « en Afrique des années durant, des organisations régionales ou internationales comme la CEEC, l’OIF et l’Union Africaine, mon fait honneur en me donnant l’opportunité de mettre mon expérience à l’œuvre, à travers plusieurs missions de médiation, dans des pays comme le Soudan, le Tchad, la République Centrafricaine et bien d’autres ».
Pour terminer sa déclaration, il a réitéré son engagement à continuer à user de tous les moyens possibles pour faire triompher la vérité au moment où son honneur est terni par une condamnation injuste : « je ferai de ma condamnation appel auprès des juridictions nationales et internationales ».
Aïssétou Cissé