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Spectaculaire descente dans un quartier de Bamako : “La police frime pour redorer son blason”

Des dizaines d’hommes contraints de s’allonger à terre, dans la rue, sous la surveillance de policiers armés. La scène, impressionnante, s’est déroulée le 5 février. Elle été filmée et vue près de 50 000 fois sur Facebook. Le mode opératoire brutal de la police fait beaucoup réagir à Bamako, alors que l’opération intervient dans un contexte d’insécurité et de critiques envers les forces de l’ordre explique notre Observateur.

“À terre ! “: les policiers de la Brigade spéciale d’intervention (BSI) ne s’embarrassent pas de formalités pour interpeller les personnes présentes dans le quartier de la gare routière de Djikoroni Para, surnommé aussi “gare de Guinée “, lors d’une spectaculaire opération, qualifiée de “coup de poing “, mardi 5 février. Une vidéo de 12 minutes montre les agents, armés et cagoulés, faire le tour des commerces et des habitations pour amener toutes les personnes présentes à s’allonger face contre terre au milieu de la chaussée.

“Je suis resté comme ça une demi-heure”

Aliou Bah sortait de la mosquée lorsqu’il a été contraint par des policiers à se mettre au sol :

“Je suis resté comme ça environ une demi-heure. Les policiers ont ramassé tout le monde, tout le quartier. Quand on leur demandait des explications, ils ne faisaient que répondre en hurlant : “Taisez-vous, à terre, à terre “.

“Ils ont pris nos noms et nous ont amenés au commissariat. Pour ma part, ils ont fini par me libérer sans m’avoir posé aucune question.”

Cette descente s’inscrit dans le cadre d’une démonstration de force de la police malienne, entreprise depuis fin janvier, qui viserait à répondre au “sentiment d’insécurité généralisée au sein de la population” suscité par “la commission de certains crimes et délits dans le district de Bamako”, selon un communiqué du ministère de la Sécurité et de la Protection civile daté du 5 février. Une hausse de la criminalité symbolisée par le meurtre d’un imam, poignardé par un commerçant dans le centre-ville de Bamako le 19 janvier.

Selon les autorités, l’ensemble de ces opérations aurait mobilisé plus de 1 000 agents des forces de l’ordre et auraient permis de procéder au contrôle de plus de 1 300 personnes, dont une soixantaine étaient recherchées par la justice. Des armes à feu, des armes blanches et des stupéfiants auraient aussi été saisis.

“C’est un moyen pour la police de redorer son blason”

Dans ce contexte, mener une intervention aussi musclée dans le quartier de la “gare de Guinée “n’est pas anodin selon Issouf Koné, Mondoblogueur de RFI, vivant à Bamako.

C’est un endroit connu pour ne pas être très fréquentable, c’est un lieu de deal, de prostitution, de trafics divers. C’est normal que la police agisse dans ce quartier-là. Mais c’est la manière qui n’est pas bonne, ce qui m’a surpris, c’est d’avoir fait ça sans motif, en ne disant rien à personne…

C’est de la frime, le but c’est de montrer à la population que la police est bien là. Les gens les critiquent beaucoup en ce moment, c’est un moyen de redorer leur blason. Ce sont des bluffeurs. On parle beaucoup de cette vidéo à Bamako, c’est la première fois qu’on voit ça.

La vidéo avait été vue près de 50 000 fois sur Facebook le 8 février. La page Facebook regroupant des blogueurs “Ali 24 “revendique l’avoir réalisée.

Dès les premières secondes de la vidéo, on remarque que la personne qui filme sort d’une voiture en même temps que les policiers de la BSI dont le véhicule vient de s’arrêter à seulement quelques mètres devant. À 4’18, on entend une voix manifestement très proche du téléphone dire “je suis en intervention avec la police “. Toute la vidéo est filmée au plus près des policiers.

Capture d’écran de la vidéo postée sur Facebook par Police24

Questionné par notre rédaction pour savoir si l’auteur de la vidéo avait été prévenu par la police ou avait obtenu leur accord pour filmer l’opération, le manager de la page Ali 24 assure “n’avoir reçu aucun mandat de la police, de ne pas avoir collaboré avec eux “et de s’être trouvé au bon endroit au bon moment grâce à son réseau d’informateurs.

Également contacté, le ministère de la Sécurité et de la Protection civile ainsi que la police malienne n’ont pas apporté de réponses à nos questions. Nous les publierons si elles nous parviennent.

Cet article a été écrit par Pierre Hamdi (@PierreHamdi)

France24.com

 

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