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Spécial 22 septembre 2019 : 1960-2019 : Que reste-t-il de notre souveraineté 59 ans après !

Naissance de la République du Mali et les premiers actes posés

Jeudi 22 septembre 1960, le dortoir du lycée technique, transformé pour la circonstance en salle de conférence, a refusé du monde, tout comme la cour de l’établissement. Les Bamakois, toutes tendances politiques confondues, s’étaient mobilisés pour le congrès extraordinaire de l’US-RDA qui devrait se prononcer sur la proclamation de l’indépendance de notre pays. Ce 22 septembre 1960, jour du destin, c’était l’union sacrée des fils et des filles du pays pour un seul et unique objectif : l’indépendance.

A la tribune du congrès extraordinaire, Idrissa Diarra a lu un  discours en martelant que : « Le Mali continuera quoiqu’il arrive et nous prouverons que les maliens du XXe siècle sont les dignes héritiers de ceux qui surent, dans le passé, exposer au monde leur culture, leur civilisation, leur sens de l’organisation ».

A sa suite, Modibo Keïta, a brossé la situation politique du moment et a invité le congrès «à autoriser l’assemblée législative à appréhender les compétences transférées par la République soudanaise à la Fédération du Mali, à proclamer comme Etat indépendant et souverain la République soudanaise, à proclamer que la République soudanaise s’appelle République du Mali, libre de tous engagements et liens politiques avec la France… »Le secrétaire général de l’US-RDA a proclamé ensuite l’indépendance de notre pays. « La République du Mali est née. Le Mali continue ».

Après les discours, des commissions de travail ont été constituées. Les travaux se sont poursuis durant toute la journée. C’est en début de soirée qu’ils ont pris fin par des résolutions qui épousaient les orientations définies par les différentes interventions.Le congrès extraordinaire a « approuvé la proclamation de la République du Mali, Etat indépendant, indivisible et souverain ».

A la fin des travaux, la foule a tenu à accompagner les dirigeants qui devraient se rendre à l’Assemblée législative pour la proclamation officielle de l’indépendance de la République du Mali. Tout le monde, y compris les leaders, ont effectué le trajet à pied. Les gens étaient portés par l’enthousiasme et la flamme patriotique. Sous la présidence de Mahamane Alassane Haïdara, l’Assemblée législative a proclamé l’indépendance du Mali. Il s’agissait de poser des actes juridiques pour reprendre les compétences dévolues à la Fédération du Mali par la République soudanaise. L’indépendance de la République du Mali laïque, sociale et démocratique a été proclamée. Sans surprise, les soudanais ont tenu à préciser que leur jeune République était libre de tous liens juridiques  avec la France.

L’instant était émouvant. Les gens étaient partagés entre la joie et l’inquiétude. On ne pouvait pas ne pas se poser la question : de quoi demain sera fait ?

Aussi, l’histoire retiendra-t-elle que c’est l’épouse du Président Modibo KEITA, Mariam TRAORE, qui a cousu à la main les trois bandes du drapeau national.

Dès le lendemain de l’indépendance, des négociations se sont engagées avec la France en vue de l’évacuation de ses forces armées. Et le 20 janvier 1961, recevant le corps diplomatique, Modibo Keïta a annoncé sa décision de faire évacuer toutes les forces   militaires françaises stationnées à  Kati, Bamako, Gao, Kayes et Tessalit. Ce qui n’était pas du goût des autorités françaises, dans la mesure où les accords conclus dans le cadre de la Fédération du Mali autorisaient leur maintien, lesquels accords n’avaient pas été dénoncés par la République du Sénégal. Les autorités du Mali ne l’entendaient pas de cette oreille.

La fédération du Mali, faut-il le remarquer, avait donné une nationalité à 7 millions d’hommes et femmes et avait remis son étendard à une armée qui a apporté sa contribution à la lutte que menait le peuple congolais pour la consolidation de son indépendance et le maintien de son  l’intégrité territoriale. En effet l’unité  de la jeune République du Congo était  menacée par « des forces impérialistes ».

Le commandant du bataillon malien, les membres de l’État-major en République soudanaise, le président Modibo Keïta, par ailleurs ministre de la Défense, ont créé, et organisé, un bataillon commandé par le Capitaine Pinana Drabo et un État-major commandé par le Capitaine Sékou Traoré. Ils  avaient à leurs côtés comme officiers d’Etat-major : le capitaine Tiemoko Konaté, les lieutenants Demba Diallo et Malick Diallo et le sous-lieutenant Boukary Sangaré. Le 29 Septembre 1960 (jour de l’adhésion du Mali à l’ONU), un accord a été conclu avec Paris en vue du regroupement sur la base de Kati, près de Bamako, de diverses troupes françaises stationnées à Gao, Tombouctou, Kayes, Ségou et Nioro ainsi qu’en d’autres lieux du pays.

Naissance de l’armée malienne

Le 1er octobre 1960 (soit 8 jours, seulement après la proclamation et de l’indépendance et 2 jours après l’adhésion du Mali à l’ONU comme 98ème membre), le président Modibo Keïta, à travers une allocution radiodiffusée, a annoncé la naissance de l’Armée malienne. Ce même 1er Octobre 1960, le Chef d’État-major de l’armée malienne, le Capitaine Sékou Traoré, après l’allocution du Commandant en Chef, ministre de la Défense, Modibo Keïta, a rassemblé ses hommes et leur a tenu le premier discours d’un Chef militaire malien en ces termes: « Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’Armée du Mali. La journée du 1er octobre 1960 fera date dans notre histoire, car elle a vu la naissance de notre Armée nationale. C’est avec une joie et une fierté bien légitimes que je vous adresse le salut fraternel de celui que le gouvernement a bien voulu désigner pour vous commander. Je mesure dans toute son ampleur le redoutable honneur qui m’échoit. Le peuple de la République du Mali et le gouvernement qui en est authentiquement l’émanation vous font confiance et sont convaincus que par votre tenue, votre discipline, votre dévouement exemplaire et votre sens élevé du devoir vous serez les dignes héritiers de nos pères, de nos anciens qui nous ont légué tant de traditions d’honneur, de loyauté, de fidélité et d’héroïsme. Maintenant que vous avez une armée nationale, un drapeau et une patrie retrouvée vous avez la tâche de défendre la Patrie contre les ennemis de l’intérieur et ceux de l’extérieur, vous saurez, j’en suis persuadé, utiliser pleinement votre bravoure légendaire. La noble et exaltante mission qui vous incombe exige le don total de soi-même allant jusqu’au sacrifice suprême. L’esprit d’abnégation qui vous caractérise tous et dont vous avez toujours fait preuve en d’autres circonstances et en d’autres lieux, vous le manifesterez, ici, sans défaillance pour que la République du Mali vive libre et prospère. Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de l’Armée du Mali, aujourd’hui plus qu’hier, ici, plus qu’ailleurs, le peuple et le gouvernement comptent sur vous. Je suis convaincu que vous ne les décevrez pas quoiqu’il arrive. Je salue vos drapeaux et étendards. »

“Mali sordassiw

An yanyerè ta bi,

Ankawili,

Ankanamalo…”

Avant ce discours, le 12 Octobre 1960, l’armée malienne fut présentée au président Modibo Keïta à travers une cérémonie solennelle sur la Place Maginot, l’actuelle Place du Souvenir en face du Ministère de l’Éducation nationale et de la mairie.

Évacuation des bases militaires françaises.

Trois mois plus tard, le 20 janvier 1961, après avoir été adoubé par l’Assemblée nationale et investi à l’unanimité comme Chef de l’État, le président Modibo Keïta a invité le corps diplomatique accrédité dans son pays et leur a tenu ce discours sans ambigüité : « Je vous remercie de vous être distraites de vos augustes occupations et de vos nombreuses préoccupations pour répondre à mon invitation.

L’importance de la communication exige que je vous la fasse moi-même.
À l’heure qu’il est, l’Ambassade de France en République du Mali est informée par mes soins de la décision de mon parti et de mon gouvernement de voir la France évacuer les bases militaires de Bamako, de Kati, de Gao et de Tessalit, qu’elle occupait du fait des accords franco-maliens signés à Paris le 22 juin 1960, entre elle et la Fédération du Mali et qui deviennent caducs après les événements du 19 et du 20 août 1960 et l’acte de reconnaissance par la France du gouvernement du Sénégal, acte qui consacre la dislocation de la Fédération du Mali.

La République du Mali a affirmé sa volonté de coopérer avec la France sur la base de la non-ingérence dans nos affaires intérieures et du respect de notre souveraineté. La décision de mon parti et de mon gouvernement ne met nullement en cause cette volonté. Elle est l’expression de notre conviction qu’à moins d’abandon volontaire de souveraineté de la part d’un État jeune ou d’accords particuliers dans le domaine de la défense, les troupes de l’ex-puissance coloniale ne peuvent stationner sur le territoire de l’ex-colonie aux côtés des troupes du jeune État. D’autre part, le peuple du Mali, l’Union Soudanaise-R.D.A., et le gouvernement de mon pays ont toujours affirmé leur option en faveur de la politique de non-alignement sur l’un ou l’autre des deux blocs. Cette attitude est en contradiction avec la présence, sur son territoire, des troupes d’une puissance étrangère et à laquelle ne le lie aucun accord et qui d’autre part est engagée dans le pacte militaire d’un bloc. Je prie vos Excellences d’informer vos gouvernements respectifs et d’attirer leur attention sur notre ferme décision de l’évacuation rapide des troupes stationnées en République du Mali. Je vous remercie. » Les troupes françaises sont donc priées de plier bagage, telle est la volonté et la position clairement affirmées des nouvelles autorités souveraines de Bamako. Volonté de matérialiser l’indépendance ? Affirmation de la souveraineté ? Ou une manifestation de solidarité sans faille à l’égard du peuple frère algérien qui à travers le FLN avait était passé à la lutte armée contre l’armée coloniale ? Les historiens diront que l’anticolonialiste, le progressiste et panafricaniste Modibo Keïta n’était pas homme à laisser sur son territoire une armée coloniale qui continue de dominer et d’asservir un peuple frère qui lutte pour recouvrer sa liberté et sa dignité.

Dans les conditions de l’époque, pour les combattants de l’indépendance, ce fût un acte courageux, téméraire, patriotique et surtout visionnaire de créer dès le 1er octobre 1960 notre armée et d’exiger dès le 20 janvier 1961 l’évacuation des bases militaires maliennes qui étaient occupées par les troupes coloniales.
Mais l’Histoire retiendra que c’est à partir du juin 1961 que l’armée coloniale a commencé son retrait de notre territoire. Ainsi, de juin à Septembre 1961, toutes les bases françaises ont été évacuées. La dernière, la Base 162 de Bamako, actuelle Place d’armes du Génie, a été évacuée le 5 Septembre 1961.
C’est donc, le 5 septembre 1961, et non le 20 janvier 1961, que le dernier contingent des militaires français a quitté le sol malien. À cette occasion une cérémonie militaire solennelle a été organisée au cours de laquelle le drapeau malien a été hissé à la place du drapeau français. C’est pour cette raison du reste que l’avenue reliant le Monument de la paix et celui de l’Indépendance a été baptisée, « Avenue du 5 septembre 1961 ».

Les missions de la nouvelle armée.

C’est le 3 août 1961, que l’Assemblée nationale souveraine du Mali, a adopté la loi N° 81/AN-RM portant organisation générale de la défense dont l’ambition était d’assurer en tout temps, en toute circonstance, contre toutes les formes d’agressions, la sûreté et l’intégrité du territoire, ainsi que la sauvegarde de la vie des populations. Elle pourvoyait en outre le respect des alliances, traités et accords internationaux. L’armée malienne est donc légalement créée. Avec la naissance de l’armée malienne, notre pays ne devrait plus confier sa défense à une  tierce puissance  (du moins jusqu’à la crise de 2012) et a développé d’ailleurs une diplomatie militaire multiforme et diversifiée, fondée sur l’intégration et la recherche de la paix et la sécurité dans le monde.

Qu’à cela ne tienne, le concept de souveraineté militaire au double plan interne et externe n’a pas nui à la coopération technique avec des puissances militaires étrangères, notamment en ce qui concerne la formation des cadres maliens. Nombre d’entre eux ont ainsi été formés dans les grandes académies militaires en France, dans l’ex-URSS, aux États-Unis, en République fédérale d’Allemagne, en Roumanie, en ex-Yougoslavie.

Le nouveau Chef d’État-major a poursuivi la politique d’appel sous le drapeau et rapatriement des soldats maliens engagés sur les fronts extérieurs, une politique on le sait initiée par le Capitaine Pinana Drabo. C’est dans ce cadre que le Général Soumaré a fait revenir de Saint-Cyr, six jeunes aspirants, dont le Sous-Lieutenant Moussa Traoré, pour compléter leurs études sur le terrain et participer à la formation des hommes et au commandement des unités.

L’armée face à sa première guerre :Le Conflit de l’Agacher

Au nom de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation, le Mali de 1974 n’a accepté sous aucun prétexte qu’on viole impunément sa souveraineté. Pour ne l’avoir pas intégré, la Haute-Volta voisine a eu maille à partir avec le Mali souverain autour de ce qu’on a appelé la « Bande d’Agacher ».

Agacher est réputée receler d’importantes ressources naturelles : du gaz naturel et des ressources minières. Alors, on comprend aisément l’importance de l’Agacher et son enjeu pour les deux États pauvres qui espéraient sur l’exploitation du potentiel de la zone pour booster leurs économies. Aussi, Maliens et Voltaïques ne pouvaient-ils qu’avoir des ambitions et/ou convoitises sur cette zone. Ces velléités de part et d’autre ont débouché, le 25 novembre 1974, en conflit armé entre le Mali et la Haute-Volta. Mais de guerre, s’était-il agi vraiment ?

Contrairement à 1985 avec le Burkina Faso, le conflit frontalier avec la Haute-Volta n’a été marqué par aucune opération militaire d’envergure. Aussi, les pertes avaient-elles été minimes pour les deux pays, parce que les deux armées s’étaient livrées uniquement à quelques escarmouches frontalières impliquant des échanges de tirs d’armes légères entre la fin du mois de novembre et le début du mois de décembre 1974.Les escarmouches continuèrent jusqu’ au début de l’année 1975. Était-ce aussi parce qu’une diplomatie réactive a pu rapidement éteindre le feu ? En tout cas, très vite, une médiation a été enclenchée par les voisins des belligérants, notamment les présidents togolais et nigériens, Gnassingbé Eyadéma et Seyni Kountché. C’est ainsi que lors d’une rencontre à Lomé (Togo), les deux parties acceptèrent le principe du tracé de la frontière qui mit un terme provisoire aux hostilités. En 1977, la Haute-Volta et le Mali s’engagèrent dans la voie de la médiation politique dans le cadre de l’ANAD (Accord de non-agression et de défense). Ce processus ne déboucha toutefois pas sur une solution concrète et pérenne…

Le gouvernement libyen essaya, sans succès, d’amener les belligérants à un cessez-le-feu en vain et le  conflit  autour de la bande l’Agacher  reprend dans la nuit du 24 au 25 décembre    1985. C’est pourquoi, on a parlé de guerre de noël.   Cette fois-ci c’est une confrontation directe entre les deux armées. Dés le premier jour des combats l’armée malienne reprend Djoulouna Konia et Selba. Le  déploiement  de l’armée malienne est impressionnant   avec  des équipements lourds au sol. Plus de  150 chars de l’armée du général Moussa Traore traversent  la frontière le 25 décembre tôt le matin, 22 foncent sur la ville de Kologo  et les combats aériens ont été déterminants pour l’armée malienne. En effet des MIGS 21 bombardent les localités de DJibo et Ouigouya . Le bilan à la fin des opérations est évalué  à:141 morts et 257 blessés, côté Burkinabè, 2 prisonniers maliens ; contre 38 morts et 57 blessés, côté malien et 16 militaires burkinabés capturés.

La France exige la démocratie :

C’est le fameux discours de la Baule de François Mitterrand du 20 juin 1990, à l’occasion de la 16ème conférence des chefs d’Etat de France et d’Afrique qui s’est tenue dans cette ville balnéaire française qui a exigé aux pays africains d’aller à la démocratie pour pouvoir bénéficier de l’aide française au developpement.

C’est ainsi que, le 10 décembre 1990, à l’appel du CNID, une dizaine de milliers de personnes défilent dans les rues de Bamako en réclamant la démocratie. La veille, l’ADEMA avait organisé un meeting au quartier Bolibana. Le 30 décembre, c’est une marche unitaire qui est organisée par le CNID et l’ADEMA. Les estimations de la participation vont de 30 000 à 50 000 personnes c’était du jamais vu depuis l’indépendance du pays !

Finalement, c’est le 26 mars 1991 après plusieurs manifestations populaires et des dizaines de morts que le régime de Moussa Traoré  tombe.

La République démocratique est née

La révolution du 26 mars a été menée au nom de la démocratie et du multipartisme. Les institutions mises en place ont-elles respecté ces louables revendications ? Depuis 1991, la vie politique respecte-t-elle ces lignes de crête de conduite ? Telles sont les deux questions auxquelles il faut essayer de répondre. Dans tous les cas notre démocratie a affaibli notre armée. C’est ce qui a rendu possible le 22 mars et l’occupation  du nord de notre pays. Avec la dictature le pays était en sécurité. Elle a pu équiper et formé notre outil de défense que la démocratie est venue affaiblir sinon  saboter.

La mise en place des institutions de la démocratie et le pluralisme politique

La mise en place des institutions de la démocratie s’est  déroulée en plusieurs étapes : elle a débuté par l’institution du Comité de  transition  pour le salut du peuple, la tenue de la Conférence Nationale en juillet 1991 dont le nombre de participants est compris entre 1080 et 1880 et par l’adoption de la nouvelle constitution qui a été promulguée le 25 février 1992. Aujourd’hui c’est cette constitution que le régime veut  adapter à l’accord d’Alger pour la paix et la réconciliation. Alors que c’est l’Accord qui devrait se conformer à la constitution.

Le premier Président élu démocratiquement

Après avoir été porté au pouvoir à la suite des élections de 1992, le Président Alpha Oumar Konaré a usé en trois ans deux premiers Ministres. Le troisième premier ministre devrait faire face à une autre tribulation. L’irrédentisme touareg était revenu au galop. Certes, le 12 avril 1992, un « Pacte pour la paix et la réconciliation » avait été signé entre le Gouvernement et les touaregs. Mais c’était sans  compter  la grande diversité des mouvances qui ont exigé la réalisation de leurs revendications. Depuis le mois de juin 1994, les affrontements avaient repris entre les forces de l’ordre et les rebelles qui refusaient le Pacte pour la paix de 1992, tout en provoquant des exodes importants vers les pays voisins, près de 100 000 personnes en Algérie, 30 000 en Mauritanie et 25 000 au Burkina-Faso, en octobre 1994. Les attaques des rebelles dans la ville de Gao ont fait des morts, en même temps  s’organisaient des mouvements d’auto-défense, tel que les GandaKoy. Toute l’année 1995 a été empoisonnée par le problème touareg, le Président de la République, a fait une tournée dans les Etats voisins, y compris dans les camps, et a demandé aux réfugiés de rentrer au pays. Et pour bien manifester leur désir de faire la paix, les mouvements touaregs ont remis leurs armes. Une « Flamme de la Paix » a été organisée à Tombouctou le 26 mars 1996, quelques mois plus tard, le 4 octobre, des touaregs issus des mouvements rebelles regroupés au sein des mouvements et fronts unifiés de l’Azawad ont été intégrés dans l’armée malienne. Toutes ces actions ont permis au pays de retrouver la paix pendant une longue période.

Le retour du plus gradé de l’armée malienne au pouvoir.

Le deal était désormais connu entre le Président Alpha et l’ancien président de la transition ATT. Ce dernier a mis Alpha au pouvoir en 1992, contre son retour à la tête des affaires en 2002 après les deux  mandats d’Alpha Oumar. Ce deal a floué les candidats des partis politiques au pouvoir à la suite de l’élection présidentielle de 2002. Cependant peu de temps après  les hostilités ont repris après quelques années de répit. En plus la situation qui prévalait dans le nord du pays était devenue plus grave. Depuis 2006, la rébellion touareg y a pris une nouvelle tournure et une  nouvelle dimension. A cette date, chassé d’Algérie, le Mouvement salafiste est arrivé au nord du Mali et a sympathisé avec les rebelles touaregs à la tête du mouvement un certain Halid qui s’installe  dans le cercle de Goundam. Il s’est radicalisé sous l’appellation d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et a utilisé les rebelles comme hommes de main. Ceux-ci attaquaient les garnisons militaires, enlevaient les véhicules, posaient des mines et aidaient les terroristes à cacher   les  touristes enlevés  ailleurs. Ils finirent par  enlever eux-mêmes un français à Ménaka du nom de Pierre Camatte , tous servant de monnaie d’échange aux Islamistes d’AL Qaïda. Les deux mouvements se sont donc de  plus en plus imbriqués et vivaient l’un à côte  de l’autre. Dans ces conditions, on n’était pas certain que les ripostes  militaires à des attaques armées atteignaient forcément les vrais auteurs. Ainsi, tout au long du mois de janvier 2009, une poursuite sévère a été lancée contre des éléments d’Ibrahim Ag Bahanga pour des actes commis à la veille des fêtes de fin d’année dans la zone de Nampala.

Et depuis cette date, le Mali n’a plus vécu un semestre sans qu’il y ait des razzias sur les populations de Ménaka, de Kidal ou autres villes du nord. Se refusant à faire « couler le sang de maliens » le Président ATT a hésité … quand son armée voudrait bien en découdre. Et manifestement, ces troubles ne pouvaient pas être réglés tant que certains Etats voisins continuaient de mettre de l’huile sur le feu.

ATT a voulu qu’une grande concertation soit organisée sur la question des populations nomades du Sahara par les principaux pays intéressés, à savoir le Niger, la Libye, l’Algérie, la Mauritanie et le Mali ? Malgré l’insistance d’ATT cette rencontre n’a jamais eu lieu, jusqu’à la chute de Kadhafi en 2011 et la chute d’ATT en mars 2012, après que les FAMA démunies en équipements soient partis de replis stratégiques, en replis tactiques et en fuite finalement, laissant des centaines de morts dans le Sahara malien à la suite d’affrontements meurtriers.

La chute du soldat président démocrate le 22 mars 2012, à quelques mois de la fin de son deuxième mandat est intervenue. Elle est l’œuvre d’une junte militaire constituée d’officiers subalternes, sans orientation politique, mais tout simplement fâchée contre la manière dont les soldats sont tombés au front par dizaines  faute d’équipements.

L’armée venait de mettre fin au pouvoir d’un président militaire qui a troqué son treillis  pour venir une  2ème fois en tant que civil  entrainant un « 3 eme  changement de régime depuis notre indépendance en 1960 par la force . Une transition fût imposée par la Communauté Internationale et la CEDEAO. Dioncounda Traoré fut nommé président de la transition en sa qualité de président l’Assemblée Nationale. Entre avril 2012 et janvier 2013, les rebelles touaregs, appuyés par les terroristes et les djihadistes étaient parvenus à Konan à une quarantaine de kilomètres de Mopti. Ils étaient en position de force contre l’armée malienne cantonnée en partie à Mopti sans espoir de répliquer. C’est dans ces conditions que Dioncounda Traoré a sollicité l’intervention aérienne de la France, tout en espérant, que les FAMA pouvaient s’occuper de l’intervention terrestre. C’est ainsi que l’armée française a commencé à pilonner le 11 janvier 2013 afin de desserrer l’étau autour de Konan et Mopti. Si l’intervention avait un but précis pour le Mali, la France avait des enjeux cachés par rapport à cette opération Serval, car lorsque les forces d’occupation ont fui du territoire malien, les FAMA opérant ensemble avec les forces françaises au sol ont été stoppées à Annefis afin de ne pas mettre le pied à Kidal, dont le MNLA avait été chassé par leur allié de djihadistes-terroristes. C’est ainsi que les FAMA ont été empêchées depuis pour rentrer à Kidal et cela jusqu’à ce jour. Hollande a fini de dire aux maliens que Kidal ne se prendra plus par la force, mais par négociation. Cela a donné encore plus de forces au MNLA qui a fini de proclamer l’indépendance de l’Azawad le 6 avril 2012, même si elle n’a été reconnue par aucun pays. Cette armée qui depuis 51 ans a su garder l’intégrité territoriale du pays, venait de perdre la guerre, par le fait que le sauveur du pays est devenu le bourreau de l’armée malienne un 21 mai 2014. Sur les 2/3 du territoire les FAMA sont absentes, sans aucune possibilité d’y remettre pied.

Quelle aura été donc l’utilité des généraux de l’ère démocratique ?

Entre 1960 et 1968, il n’y a eu qu’un seul général sous la 1ère République avec Modibo KEITA comme président. L’intégrité du territoire a été maintenue. Entre 1968 et 1991 il y a eu neuf généraux sous la deuxième République. Egalement l’intégrité du territoire a été préservée. Entre 1991 et 2002, sous la 3ème République avec Alpha Oumar Konaré comme président il y a eu 8 généraux nommés. Ils ont su maintenir en l’état l’intégrité du territoire. Entre 2002 et 2010 toujours sous la 3ème Réplique, il y a eu 42 généraux nommés lorsqu’un des leurs était à la tête du pays en la personne d’Amadou Toumani Touré. C’est avec lui que le désengagement du nord des FAMA a commencé à travers des accords suicidaires pour notre intégrité territoriale.

Sous la transition présidée par Dioncounda Traoré, et sous la pression de la junte militaire auteur du coup d’Etat du 22 mars 2012, il y a eu 5 nominations de généraux au moment même où  l’intégrité du territoire était fortement menacée, faute de moyens pour la réinstaurer.

Toujours sous la 3ème République avec comme président Ibrahim Boubacar Keïta, il y a eu une vingtaine de nominations au grade de général dans l’armée à un moment où le nord de notre pays est totalement interdit aux FAMA, le président de la République et les membres du gouvernement sans autorisation préalable de la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA) et le déboursement des centaines de millions F CFA. Par rapport à ce qui se passe sous le régime d’IBK les généraux des 1ères et 2èmeRépubliques se sont-ils retournés dans leurs tombes ? Ceux-là même qui ont été les tueurs des éléments des FAMA se baladent à Bamako librement sous la protection du Président IBK qui par cet acte a vendu le pays à la Communauté Internationale au profit des rebelles touaregs. Cette trahison est actée par la  suite par  la signature sous la  pression française d’un Accord qui morcelle l’intégrité territoriale et l’unité nationale du Mali.

L’Arrivée d’Ibrahim Boubacar KEITA à la tête de l’Etat

«Kidal ne saurait être un Etat dans un Etat » disait-il pendant la campagne électorale.

A la suite du coup d’Etat de mars 2012 ayant consacré la perte de Kidal, le caractère d’homme d’Etat d’Ibrahim Boubacar KEITA a séduit les maliens. Ce qui lui a valu son plébiscite à la présidentielle de 2013, avec un score à la soviétique, plus de 77% des suffrages contre 22%.

Bénéficiant de la confiance totale des maliens, l’avènement d’Ibrahim Boubacar KEITA à la tête de la magistrature suprême est intervenu dans un contexte extrêmement difficile. Pour renforcer cette confiance nationale, le Président IBK a multiplié des actions visant à ramener Kidal dans les girons de l’Etat. De l’accord dit d’Alger sous la conduite de la communauté internationale, où il a été décidé de respecter l’intégrité territoriale du Mali à la nomination d’un gouverneur dans ladite région en passant par l’adoption de la loi d’orientation et de programmation militaire consacrant un investissement de 1 230 563 972 349F CFA, afin d’avoir des équipements adéquats, des soldats bien formés, un commandement à hauteur de mission. Si cette loi a permis à l’armée malienne de monter en puissance, il y a eu des aspects politiques et diplomatiques à gérer avec pédagogie. Ce qui fait que le problème de Kidal demeure une épine dans le pied du régime. Le président de la République l’a d’ailleurs avoué lors d’une interview réalisée par la télévision nationale, dans le cadre du premier anniversaire de son deuxième quinquennat. Au-delà des actes, le chef de l’Etat a avoué qu’il y a un problème à Kidal, avant de réaffirmer son engagement à résoudre cette question. Dans son intervention, il a affirmé que : « Kidal ne saurait être un Etat dans un Etat », alors que c’est le cas actuellement.

Il a trouvé un accord sur place, signé par le Président de la transition appelé Accord de Ouaga de juin 2013 qui devrait permettre au Mali de récupérer ce qu’il avait perdu pendant l’envahissement des régions du nord. Malheureusement, il trouvait que cet accord n’était pas le bon et qu’il faille en découdre avec les rebelles touaregs. C’est ce qui fut fait le 21 mai 2014. Cette volonté contraire à l’Accord de Ouaga a fait quitter totalement Kidal du giron malien. Comme conséquence, le Gouvernement est parti affaibli aux négociations d’Alger en octobre 2014. Après huit mois de négociation, le Mali s’en sort avec un accord déséquilibré qui le partage en deux états en réalité, celui du nord avec 6 régions, une superficie de 750 000km2, doté d’une armée, d’un hymne, d’un drapeau, un chef d’état et celui du sud comprenant 6 régions, une armée, un drapeau et un chef d’Etat du sud.

Les autorités de Bamako ne peuvent mettre pied à Kidal supposé être la capitale de l’Etat du nord sans payer le ticket d’entrée. La séparation des deux parties semble être désormais une réalité avec la complicité de la Communauté Internationale garant de l’Accord d’Alger de 2015.

Cette communauté ne peut pas ne pas le voir, ne peut pas ne pas le savoir, mais elle ne fait rien, et le Mali lui-même semble tétanisé devant cet avenir inéluctable. Et que les groupes armés puissent prétendre que « la stabilité et la paix dans le sahel passent par une gestion autonome par les populations locales azawadiennes de tous les aspects de la vie aussi bien politique, économique que sécuritaire » montre simplement qu’ils n’ont rien appris des mésaventures du MNLA.

Les autorités intérimaires

Quant à la démocratisation, elle a été remplacée sous nos yeux par la dévolution du pouvoir local et régional aux groupes armés avant tout cantonnement et tout désarmement. Autrement dit, ce sont des hommes en armes et les comparses qu’ils auront adoubés qui ont été installés, avec la bénédiction de la communauté internationale, à la gestion des collectivités territoriales des cinq régions du nord, où elles auront en particulier la tâche de préparer les listes électorales et d’organiser les futures opérations électorales et référendaires. Le représentant de l’Etat dans la région sera flanqué de deux conseillers spéciaux, désignés par les mouvements armés, le représentant de l’Etat dans les cercles et arrondissements d’un seul (art. 4) : on ne saurait être plus clair. La présidence algérienne du comité de suivi de l’accord d’Alger impose dès aujourd’hui au Mali, par les nouvelles dispositions concernant les autorités intérimaires, une partition de fait de l’Etat, puisque les collectivités territoriales seront gérées différemment au nord et au sud. Cette situation a poussé l’ambassadeur du Niger a quitté le comité de suivi de l’accord

De même, le caractère immédiatement exécutoire des décisions des autorités intérimaires (art. 5.2) signifie en pratique que l’Etat n’aura aucun moyen de rattraper des décisions inconsidérées. Certes, le texte de l’entente signé, précise que les membres des anciens conseils pourront être nommés, mais ils ne le seront que s’ils sont choisis par les groupes armés qui n’ont pas déposé les armes et qui ne sont pas cantonnés. L’opposition a invoqué plusieurs arguments : i) la nouvelle loi consacrerait de facto un statut particulier pour les régions du nord ; ii) le Haut conseil des collectivités aurait dû être consulté ; iii) la loi est contraire au principe constitutionnel de la libre administration des collectivités par des conseils élus.

La réalité est que, s’il était si important, aux yeux des groupes armés, d’installer les autorités intérimaires avant de cantonner, c’est parce que ces groupes voulaient obtenir à la fois la légitimité d’un acte du gouvernement et la garantie offerte sur le terrain par leurs troupes encore armées. C’est exactement ce que leur accorde ‘’l’Entente’’ du 12 juin 2016. Mais l’Etat en sort à nouveau mutilé tant par le progrès vers la partition que par le mépris affiché des principes de vérité et de justice. Jusqu’où peut aller la déception ?

Les citoyens réalisent de plus en plus que les autorités étatiques n’ont pas la capacité de les résoudre. La démobilisation des citoyens qui se conjugue avec l’érosion de la confiance à l’égard de l’Etat et la hausse du sentiment d’insécurité sont autant de signaux inquiétants qui doivent être pris en compte pour éviter un basculement du pays dans l’instabilité. Aujourd’hui, comme le montrent la constitution de mouvements peuls armés qui prétendent devoir se défendre contre les sédentaires, l’instabilité s’est installée partout. Quelle institution peut rétablir la paix civile ?

C’est un fait universel, désormais, qu’un Etat ne se limite plus à un territoire, mais un Etat reste indissociable d’un pouvoir sur les hommes, par la règle de droit qu’il édicte et par le monopole de l’usage de la force qu’il exerce, ces fonctions régaliennes sont exercées par une administration publique. Evidemment, tout contexte de crise justifie des modalités particulières qui peuvent exiger un assouplissement de ce schéma. Mais le cas du Mali est grave car le pouvoir légitime n’est plus le seul à détenir le monopole de la force légitime.

Traité de défense du 16 juillet 2014

Kidal le 21 mai, la France a imposé au Mali un traité de défense qui remplace l’accord de coopération sécuritaire qui existait entre le Mali et la France depuis 1985.

Le texte est conclu pour une durée de cinq ans renouvelable par tacite reconduction. Le déclenchement de l’opération Serval a nécessité la signature d’un accord par échange de lettres signées les 7 et 8 mars 2013 afin de conférer un statut juridique aux forces françaises sur notre territoire et de faciliter leur intervention.

Mais si pour les autorités des deux pays, la signature de cet accord est une formalité, l’opinion publique malienne s’est montrée hostile à sa conclusion. Pour beaucoup de Maliens cet accord est « néocolonial » et constitue un «grave retour en arrière sur le plan de l’indépendance et de la souveraineté maliennes » comme on a pu le lire dans plusieurs médias locaux et internationaux.

Il a abrogé et remplace l’Accord de coopération militaire technique entre le Gouvernement de la République du Mali et le Gouvernement de la République française signé à Bamako le 6 mai 1985 et les accords et arrangements subséquents.

De ce que l’on sait, certains points sont déjà contestables. En effet, on peut se demander s’il est sain de confier la formation de l’armée malienne à l’ancienne force coloniale, toujours très présente dans le pays dont elle est le premier partenaire commercial. Il semblerait, d’après le peu d’informations rendues publiques, que la France allait devenir le principal fournisseur en matériel militaire. Ces achats de matériel, en marge des règles du marché, sont-ils propices au contribuable malien qui devra payer la note finale ?

Le Mali sous tutelle de la ‘’communauté internationale’’ : une impasse !

Depuis quatre ans, le Mali est sous tutelle de la ‘’communauté internationale’’. Est-il parvenu à reconstruire un Etat capable d’assumer ses fonctions régaliennes et la gestion d’une administration efficace ? S’est-il au contraire engagé dans des voies qui le conduiront inéluctablement à disparaître ? Telles sont les questions à aborder, si l’on ne veut pas voir la crise s’approfondir et se durcir. Mais les dirigeants maliens ne se rendent pas compte de cette situation.

L’Incapacité d’un Président attendu longtemps par le peuple

Il est difficile de savoir quelle a été la part de responsabilité du président dans l’évolution du processus d’Alger, et dans quelle mesure il a été contraint par d’encombrants amis et médiateurs. L’Algérie fustige aujourd’hui le mutisme des membres de la délégation malienne. Mais les consignes rendues publiques parmi celles qui ont été données par le président à cette délégation, depuis les négociations de Ouagadougou (à savoir : intégrité territoriale, unité nationale, forme républicaine et laïque de l’Etat,…) étaient beaucoup trop sommaires et l’Algérie a eu la bride sur le cou. Le résultat est là : un accord inapplicable, et des groupes armés revendiquant toujours plus de pouvoir hors de tout contrôle démocratique, tant au nord qu’à Bamako.

Quant à la capacité de ce président à tracer les grandes orientations de la politique de son gouvernement, et à la faire partager par la population qui l’a élu, elle est visiblement très limitée si l’on en juge par exemple par ses discours successifs. Il faut dire qu’il a fort à faire pour étouffer une succession de scandales qui mettent en cause ses proches, et parfois lui-même.

La cour constitutionnelle n’a été consultée ni sur l’accord d’Alger, ni sur la loi du 30 mars 2016 organisant des autorités intérimaires ni la loi d’entente nationale. Dans les deux cas, les observateurs ont immédiatement relevé les points sur lesquels les dispositions de ces textes pourraient être contraires à la constitution.

L’opposition a donc soulevé un motif d’inconstitutionnalité, mais la cour a jugé l’argument infondé ! Faut-il croire que le bon peuple avait tort de distinguer entre une nomination par une institution sans existence légale et une élection ? Sans s’embarrasser de pareilles considérations, le chef du gouvernement a voulu tout récemment convaincre le conseil de sécurité du fait que ‘’la conformité des dispositions de cette loi à la constitution malienne a été établi par l’organe juridictionnel compétent, mettant ainsi fin à toutes formes de contestation’’. Retenons que la cour était incapable de donner à ses auditeurs des explications plus convaincantes.

Les autorités intérimaires

Quant à la démocratisation, elle est remplacée sous nos yeux par la dévolution du pouvoir local et régional aux groupes armés avant tout cantonnement et tout désarmement. Autrement dit, ce sont des hommes en armes et les comparses qu’ils auront adoubés qui vont être installés, avec la bénédiction de la ‘’communauté internationale’’, à la gestion des collectivités territoriales des cinq régions du nord, où elles auront en particulier la tâche de préparer les listes électorales et d’organiser les futures opérations électorales et référendaires.

Les citoyens réalisent de plus en plus que les autorités étatiques n’ont pas la capacité de les résoudre. La démobilisation des citoyens qui se conjugue avec l’érosion de la confiance à l’égard de l’Etat et la hausse du sentiment d’insécurité sont autant de signaux inquiétants qui doivent être pris en compte pour éviter un basculement du pays dans l’instabilité.

Conflits au centre du pays

Les conflits ont transhumé du nord vers le centre du Mali. Les occidentaux disent que ce sont des conflits intra et inter ethniques. Ce qui est faux. Ce sont les djihadistes qui ont été formés et transportés par l’occident pour déstabiliser le Mali à partir de son centre également. Les dogons et les peuls ont vécu ensemble des siècles et aucun d’eux n’est capable de tuer ou d’égorger d’autre. Tous ces conflits sont liés au fait que l’armée malienne n’a pas les moyens pour être partout sur le territoire national. Elle se trouve très démunie en conséquents quoi qu’on dise.Aujourd’hui, comme le montrent la constitution de mouvements peuls armés il est évident que désormais ils ont décidé défendre contre les sédentaires, l’instabilité est installée par conséquent à travers ce conflit.

L’Instabilité s’est installée aussi au centre

Les problèmes d’envergure perdurent, voire s’aggravent : menace terroriste, conflit armé, corruption endémique etc….

Le Mali des pères fondateurs va-t-il être partagé par la Communauté Internationale sans que le peuple ne puisse plus avoir de ressort pour sauter et prouver qu’il est le seul souverain de son existence ?

Le dialogue national inclusif proposé par l’opposition et accepté sous une certaine forme excluant une bonne partie de nos problèmes va-t-il être une occasion pour unifier le pays ou un forcing de la Communauté Internationale pour répéter la solution du Soudan au Mali ? Ce dialogue constitue-t-il une dernière chance pour un Mali unifié ?

Conclusion

C’est un fait universel, désormais, qu’un Etat ne se limite plus à un territoire, mais un Etat reste indissociable d’un pouvoir sur les hommes, par la règle de droit qu’il édicte et par le monopole de l’usage de la force qu’il exerce, ces fonctions régaliennes sont exercées par une administration publique. Evidemment, tout contexte de crise justifie des modalités particulières qui peuvent exiger un assouplissement de ce schéma. Mais le Mali :

  • A laissé s’installer des groupes hostiles et des narco-trafiquants dans ses zones septentrionales ;
  • A été incapable de résister à l’envahissement de deux tiers de son territoire par ces groupes et leurs alliés extérieurs ;
  • S’est montré complètement passif et donné dans le processus d’Alger ;
  • Se voit maintenant amené à satisfaire aux revendications des groupes armés avant d’avoir obtenu leur désarmement et leur cantonnement ;
  • N’a jamais voulu analyser et nommer les causes profondes de la crise de 2012, et donc ne propose rien dans aucun des domaines d’où naissent des conflits locaux violents et où s’exprime l’insatisfaction profonds de la population : la justice, le foncier, l’emploi des jeunes, l’éducation…

La défense est assurée par la MINUSMA et par Barkhane, puisque la reconstitution d’une armée malienne est une tâche décennale, à peine commencée (quelques bataillons et une formation qui prête à discussion).

Elle exerce de fait, d’ores et déjà, un protectorat, sans le dire bien sûr, sur un Etat fantôme, vide de toute ambition et de toute compétence, qui ne dispose plus que des signes extérieurs de son rôle.Fin

Badou S KOBA    

 

Source: Le Carréfour

 

 

 

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