De nouveaux heurts entre étudiants et forces de l’ordre ont éclaté mercredi dans plusieurs universités du Sénégal, au lendemain de la mort, causée par «une arme à feu», d’un étudiant dans le nord du pays lors d’une confrontation avec les gendarmes.
L’étudiant de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis tué mardi, Mouhamadou Fallou Sène, 25 ans, «est décédé suite à une blessure par arme à feu», a affirmé mercredi le procureur de cette ville du nord du Sénégal, Ibrahima Ndoye, se fondant sur les résultats de l’autopsie.
Le procureur de la république n’a pas précisé qui était l’auteur du tir mortel. «Mon devoir a été d’ordonner l’ouverture d’une enquête», qui a démarré mardi, et celle-ci «arrivera à son terme au plus tard à la fin de cette semaine», a indiqué M. Ndoye lors d’un point de presse.
Plus tôt dans la matinée à Dakar, des étudiants avaient lançé des pierres sur la police, qui a répliqué par des tirs de grenades lacrymogènes, aux abords de l’Université Cheikh Anta Diop, la plus grande du pays, où des événements similaires s’étaient déjà déroulés la veille, selon des journalistes de l’AFP.
À Ziguinchor, la plus grande ville de Casamance, des étudiants ont également affronté la police, qui a aussi fait usage de gaz lacrymogène, a affirmé à l’AFP une source policière. Des élèves du secondaire se sont joints au mouvement, selon la même source.
Plusieurs édifices publics ont été attaqués et saccagés dans cette ville, selon la presse locale.
À l’Université Gaston Berger (UGB), d’où sont partis les troubles mardi, les étudiants ont organisé une procession jusqu’au lieu où est tombé, selon eux, l’étudiant tué lors d’affrontements avec les forces de l’ordre, où ils ont observé un moment de prière, selon un correspondant de l’AFP.
Des protestations d’étudiants ont également eu lieu dans les universités de Thiès et Bambey, selon la presse.
L’un des principaux syndicats des enseignants du supérieur, le Saes, «solidaire des étudiants», a commencé mercredi une grève de 48 heures. «Il est inadmissible que la violence des forces de l’ordre ait entraîné une mort d’homme dans le campus», a indiqué le Saes.
Tous les gendarmes qui sont intervenus lors des heurts et les «auteurs des saccages» mardi seront entendus, a précisé le procureur Ndoye.
Ces nouveaux troubles dans les cinq universités au Sénégal surviennent après la mort mardi de Mouhamadou Fallou Sène, étudiant en lettres, à la suite de heurts avec les gendarmes à l’UGB.
Les étudiants de Saint-Louis, qui réclamaient le paiement de leurs bourses, avaient décidé de se servir sans payer pendant 48 heures dans les restaurants de la cité universitaire. Le rectorat avait fait appel aux forces de l’ordre pour empêcher cette action, ce qui a déclenché les troubles, selon les autorités.
Mardi soir, le président sénégalais Macky Sall avait fait part de sa «profonde émotion» et indiqué avoir «instruit le gouvernement de faire toute la lumière et de situer les responsabilités».
La mort d’un étudiant, rare au Sénégal, a suscité une vague d’émotion dans le pays. Le Front démocratique et social de résistance, une coalition de l’opposition, a dénoncé «la répression sauvage des étudiants» et «les retards récurrents dans le paiement» des bourses.
Des mouvements étudiants ont appelé à la démission du recteur de l’UGB et des ministres de l’Intérieur, Ali Ngouye Ndiaye, et de l’Enseignement supérieur, Marytew Niane.
Les deux derniers cas de décès d’étudiants tués dans le pays lors de confrontations avec les forces de l’ordre remontent à 2001 et 2014, à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
La presse.ca