Le dimanche 19 avril, malgré la psychose de la pandémie du Covid-19 et le contexte sécuritaire toujours difficile dans les régions Nord, de Mopti et de Ségou, le second tour des législatives s’est tenu. Les électeurs maliens sont donc retournés dans les urnes pour faire l’ultime choix de leurs députés.
Comme au premier tour, les électeurs ne sont pas sortis nombreux le dimanche dernier. Le taux de participation autour de 35% au plan national l’atteste. A Bamako, il était encore plus bas avec environ 13%. Dans la capitale, le RPM connaît un net recul avec seulement un seul élu, Karim le fils du président, contre 9 sur 14 dans la législature sortante. Ce recul du parti présidentiel se confirme sur le plan national. De 70 sièges dans la législature sortante, le RPM ne recueille que 43 sièges dans cette 6è législature. L’URD devient la première force politique dans la capitale avec 4 sièges. Mais il recule sur le plan national puisqu’il n’obtient que 19 sièges et se classe 3è sur le plan national. L’ADEMA sort la tête de l’eau sur le plan national pour devenir la deuxième force politique sur le plan national avec 24 sièges.
C’est dans la région de Mopti que le Parti du Tisserand est le mieux représenté avec un élu dans chacune des circonscriptions à l’exception de Koro. On note le retour du président de la Haute cour de justice Abdrahamane Niang mais aussi l’élection du ministre et secrétaire du parti Baber Gano en cinquième région qui compte au total de 7 députés RPM, soit le même nombre qu’à Koulikoro où les élus de même obédience proviennent de trois circonscriptions sur 7. La moisson du RPM y est surtout confortée par l’apport incomparable du questeur de l’Assemblée nationale, Mamadou Diarrassouba, locomotive de l’unique liste propre gagnante de sa famille politique avec 5 sièges sur les sept obtenus de la première région.
C’est dans cette même région qu’est réélu le président sortant de l’Hémicycle porté par un candidat de l’opposition ainsi qu’un autre de ses camarades à Nara. Les autres régions pourvoyeuses de députés dans une moindre mesure sont Kayes et Ségou. Dans la première région, les Tisserands raflent la mise à Kita pour trois sièges, tandis qu’ils ne disposent que d’un seul élu sur les listes gagnantes de Kayes, Kéniéba et Diéma. Les six parlementaires RPM de la quatrième région proviennent quant à eux des cercles de Ségou pour trois élus, de Baraouéli pour un seul et de Bla pour deux d’entre eux.
Dans la région de Sikasso, le parti présidentiel n’en compte qu’une demi-dizaine dont 2 sièges à Bougouni, 1 seul à Kolondièba, Yorosso et Kadiolo. En sixième région, la formation majoritaire s’en sort avec les sièges de Diré et Tombouctou, soit deux au total, tandis qu’elle rafle l’ensemble des quatre élus de la région de la région de Kidal et trois sur les 7 que compte la région de Gao.
De plus ou près de 70 députés à l’entrée de la cinquième législature, la famille politique d’IBK chute à 43 députés tout au plus, mais avec une avance largement confortablement sur ses deux poursuivants. Il s’agit de l’Adema qui, à la faveur du nombre de ses listes communes avec le vainqueur, s’en sort avec 24 députés au total selon nos décomptes, soit près d’une vingtaine de députés de moins que le Rpm.
Les députés de l’ancien parti majoritaire proviennent majoritairement de la région des 3ème et 1 ère régions pour 7 élus dans l’une et 6 dans l’autre. A Sikasso, ils proviennent essentiellement du cercle de Sikasso pour 3 sièges, de Koutiala pour 2 ainsi que de Yorosso et Kadiolo pour un seul siège dans chacune des deux circonscriptions. Le parti de l’Abeille, selon toute évidence, rate d’un cheveu un autre siège tant convoité avec la CDS à Bougouni où le fief de son président Tiémoko Sangaré a tiré leur liste vers le bas. En 1 ère région où l’ancien questeur Mahamadou Cissé Bagagnoa a été élu dès le premier tour, l’Adema compte 6 sièges au total dont 2 dans la circonscription électorale de Kayes, autant à Bafoulabé, 1 seul siège à Kéniéba ainsi qu’à Diéma où l’ancien ministre Marimantia Diarra fait son baptême du feu parlementaire. Quatre des 24 députés d’obédience Abeille proviennent de la quatrième comptant pour les sièges de circonscription de Ségou pour deux élus, de Baraouéli pour un seul et un autre à Bla. Deux sièges sont par ailleurs rapportés par chacune des structures Adema du District de Bamako, de Mopti ainsi que de Gao qui consacre le retour fracassant du redoutable duo parlementaire Assarid Ag Imbarcaouane- Arboncana Boubèye Maïga.
Si l’Adema-Pasj remonte timidement ainsi la pente en passant d’une dizaine de députés à plus du double, le parti du Chef de file de l’opposition se stabilise avec près d’une vingtaine, soit les mêmes proportions que sa représentativité de la législature sortante. L’Urd réalise ses plus impressionnantes merveilles dans le District de Bamako avec 4 députés élus en Communes III, VI et V, et autant de sièges acquis dans la région de Tombouctou dont Goudam et Niafunké, ainsi qu’en cinquième région dont 1 siège dans chacune des circonscriptions de Mopti, Teninkou, Douentza et Djenné.
Avec leur tandem à trois dans nombre de circonscriptions à travers pays, le trio de tête aurait pu totaliser beaucoup plus d’élus si des jeunes loups aux dents longues n’avaient joué aux empêcheurs de tourner en long. Les députés sortant Hadi Niangadou effectué par exemple son retour par la Commune II, son bastion, en drainant pas moins de 6 autres parlementaires d’obédience MPM, son nouveau parti politique. Idem pour ADP-Maliba dont le président, Alou Boubacar Diallo, après son élection dès le premier tour dans la circonscription électorale de Kayes, sera la tête de proue d’un collège de pas de six députés. La sixième législature va comprendre d’autres partis comme la Codem de Housseini Amion Guindo, Yelema de Moussa Mara finalement retenu en Commune IV, le Parena, PRVM, etc, dont un éventuellement regroupement pourrait empêcher les composantes du trio de tête de profiter arrogamment de leur relative suprématie.
La configuration de la 6è législature se distingue de la précédente par la qualité des personnalités en voie d’être admises à l’hémicycle. On y dénombre d’anciens parlementaires chevronnés, d’anciens ministres et un Premier ministre, des juristes et autres notoriétés très respectées dans leurs domaines respectifs.
Falaye Keïta
Source : Le Pélican