La chute du mur de Berlin et le coup d’Etat en Roumanie contre le dictateur Nicolae Ceausescu, en 1989, ont contribué indirectement à une démocratisation déjà considérée comme une imposition des puissances étrangères sur l’Afrique. Si cette démocratisation a insufflé un vent d’alternance un peu partout sur le continent, il n’en demeure pas moins que l’acquis démocratique multipartite est devenu un labyrinthe sans réelle issue dans bon nombre de pays africains. Au Mali, le multipartisme a vu le jour avec la conférence nationale de 1991 et l’adoption de constitution de la troisième république suite à l’éviction du régime dictatorial du général président Moussa Traoré.
Depuis, une inflation effrénée de création de partis politiques gangrène la vie politique du pays. D’une quarantaine de partis politiques dans les années 1990 à plus de 200 aujourd’hui, on ne peut que donner raison au docteur en économie, Souleymane N’Diagne, qui affirmait que beaucoup de partis politiques en Afrique sont des groupes d’intérêts économiques (GIE). Une assertion d’autant plus incontestable que les soubresauts et autres rivalités souterraines minent la majeure partie des partis politiques maliens. S’il est de notoriété publique que dans tous les pays les formations politiques sont une famille que dans la forme, il en résulte qu’au Mali la plupart d’entre elles s’autodétruisent de l’intérieur. La faute aux ambitions individualistes démesurées mais également aux quêtes éhontées de strapontins. Cependant, il convient de faire une petite rétrospective sur l’histoire tumultueuse des plus grands partis politiques post 1990. En effet le 25 mai 1991 la grande association politique « Alliance pour la démocratie au Mali – ADEMA » fédérant des partis clandestins Côme le PMRD, le PAI et le PMT devint un une formation politique en prenant le nom d’ADEMA-PASJ (parti africain pour la solidarité et la justice). Idem pour la deuxième association appelée CNID (congrès national d’initiative démocratique), également érigé en parti politique en mars 1991. La déliquescence de ces deux grands partis, particulièrement de l’ADEMA-PASJ, est certainement l’une des explications de l’actuelle crise de croissance dans le landernau politique malien. Toutes choses qui en font la venimeuse racine du présent tiraillement social qui assombrit l’avenir du pays. La guerre de succession du premier président démocratiquement élu, en la personne de l’adémiste Alpha Oumar Konaré, aura contribué à l’effritement du plus grand parti politique malien que le Mali n’ait jamais connu en donnant naissance à la multitude de formations qui animent la science politique nationale dont le Miria, le RPM, l’URD, l’ASMA-CFP, etc. Quant au CNID, le choc des égos de ses figures de proue a enfanté le Parena, l’APM-Maliko, etc. D’autre part certains de ces partis n’apprennent pas des erreurs qui ont occasionné leurs naissances. Les véhémentes luttes internes qui ont mise à mal le RPM, parti présidentiel de 2013 à 2020, mais également l’adhésion convulsive de l’ex premier ministre Boubou Cissé à L’URD le prouvent à suffisance. Et que dire des bisbilles qui ont poussé l’emblématique cinéaste Cheick Oumar Sissoko vers la sortie du parti SADI ou encore la récente polémique ayant entraîné la démission du brillant jeune prometteur Cheick Oumar Diallo de l’ADP-Maliba. Ce parti ,troisième du dernier présidentiel, avait pourtant vécu un cas similaire avec la démission d’Amadou Thiam qui avait dans la foulée créé sa propre formation politique nommée FDP Mali-Koura.
En définitive, à force de querelles intestines inutiles le Mali risque de ne jamais avoir un parti fort et fédérateur des grandes potentialités en présence de l’acabit de l’ADEMA-PASJ version 1992.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source: Le Témoin