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Sans Tabou: sommet Russie-Afrique, le choc des générations

Au deuxième jour du sommet Russie-Afrique, le vendredi 28 juillet 2023, le Chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré a prononcé un discours dans lequel il a dit ses vérités à ses pairs et à l’Occident. Si le discours magistral (sans papier) du plus jeune chef d’État au monde le président de la transition Burkinabé, le capitaine Ibrahima Traoré, soulage de la nostalgie du Capitaine Sankara, il irrite en même temps.

À la tribune du sommet non seulement il a su par sa prestance retenir l’attention de l’auditoire notamment ses pairs, mais également irriter les vieux caciques pour la dire valet, de la Françafrique et les sortir de leurs gonds. En vrais émissaires de l’impérialisme, Macki Sall qui se sentait morveux de tous a répondu à son «cadet», non au chef de l’État souverain du Burkina Faso. Quel propos du capitaine Sankara N°2 a incommodé le président sénégalais ?
Au détour d’un développement, IB a dit : «Je voudrais m’excuser auprès des ainés que je pourrai vexer dans mes propos à venir. Africanité, oblige, le droit d’ainesse, je me dois de m’excuser. J’ai quelques questions de ma génération. Mille et une questions qu’on se pose. Mais nous n’avons pas de réponse. Il se trouve qu’ici nous pouvons laver notre linge sale parce qu’on se sent en famille. On se sent en famille en ce sens que la Russie est aussi une famille pour l’Afrique. C’est une famille parce que nous avons la même histoire».
Selon le capitaine Traoré, la nouvelle génération africaine se demande comment «l’Afrique avec tant de richesses sur son sol reste le continent le plus pauvre du monde ?
Quant à la lutte contre le terrorisme, c’est un officier de terrain qui martèle ses convictions et les écueils que ses soldats rencontrent sur le terrain : «le problème, c’est de voir des chefs d’État africain qui n’apportent rien à ces peuples qui se battent (Ndlr : contre le terrorisme) mais qui chantent les mêmes choses que les impérialistes en les traitant de milices et d’hommes qui ne respectent pas les droits de l’homme ». Le Chef de l’État burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré s’est offusqué face à une telle attitude qu’il qualifie de « honteuse ». Pour lui, l’objectif est et reste de restaurer l’intégralité du territoire national et de libérer son peuple de la barbarie des groupes armés terroristes.
« Dans cette lutte, les vaillantes populations sont engagées à prendre les armes contre le terrorisme, celles que nous appelons affectueusement les VDP (Ndlr : Volontaires pour la défense de la patrie). (Mais) Nous sommes surpris de voir les impérialistes disent que ce sont des milices. C’est décevant parce qu’en Europe, lorsque les peuples prennent les armes pour défendre leur peuple, on les appelle des patriotes », dit-il. « Nous, chefs d’États africains, nous arrêtons de nous comporter en marionnettes qui dansent chaque fois que les impérialistes tirent sur la ficelle » a-t-il dénoncé.
Citant son devancier feu capitaine Thomas Sankara : « L’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort », le président Traoré lance à l’Occident : « Nous ne nous apitoyons pas sur notre sort et on ne demande pas à quelqu’un de s’apitoyer sur notre sort ».

Sur la question des céréales, le président du Faso ne va pas par quatre chemins : «la Russie a fait un don de blé. Nous lui disons merci. Mais, c’est en même temps un message adressé aux chefs d’État africains. Parce qu’au prochain Forum nous ne devrions pas venir ici sans avoir assuré l’auto- suffisance alimentaire à nos populations. Nous devons prendre l’expérience de la Russie qui a réussi dans ce domaine pour aller le reproduire chez nous…» Comment se fait-il que nos chefs d’État traversent le monde à mendier ?… ».
Tout en remerciant comme on le voit le président Vladmir Poutine pour son geste de générosité d’envoyer des céréales en Afrique, il a attiré l’attention des chefs d’État africain et de leurs peuples sur l’impérieuse nécessité qu’au prochain sommet : « nous ne devons pas venir ici, sans avoir assuré pour ceux qui ne connaissent pas la guerre, l’autosuffisance alimentaire de nos peuples ». Un peu comme pour dire que l’Afrique doit sortir de la mendicité comme l’ont toujours fait ses présidents envers l’Europe.
Le Sénégalais Macky Sall n’a pas du tout goûté à ces propos, même s’il ne croit pas être du cercle des présidents mendiants. «C’est pour répondre à notre jeune frère, notre cadet, le président du Faso. L’Afrique, les chefs d’Etat africains, ne sont pas venus ici pour mendier. Tout comme nous n’allons pas ailleurs pour tendre la main. Nous travaillons pour un partenariat de la dignité entre les peuples. C’est le même discours qu’on tient à Dakar, ici à Saint-Pétersbourg, ou à Washington. Je pense que le combat de l’Afrique, c’est d’abord un combat pour la dignité, et ce combat,il transcende les générations », a déclaré Macky Sall.
Il dit être heureux d’être aux côtés du « président Museveni (Ouganda) ou du président Denis Sassou Nguesso (Congo) qui ont été pour l’un des combattants de la liberté et pour d’autre des modèles de résilience ». Chaque génération a son combat à mener, a poursuivi Macky Sall.
« Le nôtre est de combattre le terrorisme qui est train de gangrener notre continent, mais aussi c’est de travailler pour le développement de notre continent », lance-t-il à l’endroit de IB.

PAR ABDOULAYE OUATTARA

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