Suite à l’assassinat à Kayes d’un jeune motocycliste par un policier, cette semaine, la capitale des rails a encore basculé dans la violence qui a occasionné des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants. Autant l’atteinte à la vie d’un humain est condamnable, autant les dégâts occasionnés par les violences le sont également. Il est regrettable de constater qu’à chaque mouvement d’humeur de la population, des biens publics soient vandalisés. Avec soixante années d’indépendance, notre peuple doit être suffisamment mature pour conduire sa destinée dans le respect strict des lois en vigueur.
Après deux jours de violentes manifestations, le calme est revenu dans la cité des rails suite au déplacement d’une délégation ministérielle et l’intervention des sages de la ville. Les manifestants laissent derrière eux, ruines et désolation. Des sanctions ont été promises contre l’auteur de l’assassinat du jeune motocycliste. Mais n’empêche aujourd’hui à Kayes, que le constat soit à la désolation et à l’amertume. Et pour cause ? En plus des trois jeunes morts de manière tragique lors des manifestations, d’importants dégâts ont été enregistrés. Ce qui est déjà une perte énorme, un recul pour le développement de Kayes. À Kayes, l’on s’interroge toujours, comment on en est arrivé à ce niveau ? S’il est déplorable que ces genres de manifestations spontanées pour protester contre une situation se soldent toujours par à d’autres drames, le plus souvent, il ressort des indiscrétions que les mouvements sont très vite infiltrés par des personnes malintentionnées, qui manipulent les foules à leur guise.
Des bandits profitent de la manifestation pour piller et vandaliser des biens publics et privés. Ce qui n’est pas sans conséquence. En plus d’incendier les édifices publics construits à grands frais, d’importants documents administratifs partent en fumées. Après, ce sont les populations qui encaissent les frais.
Pour preuve, lors de l’incendie dans la préfecture de Kayes, des caisses remplies de cartes NINA ont été sauvées de justesse par un jeune manifestant. Les conséquences de la destruction des documents administratifs pèsent en premier lieu sur les populations. Le bilan suite à l’incendie de la préfecture de Kayes est désastreux. Le mémoire historique du Conseil de cercle datant de plus d’un siècle est parti en fumée, dit-on.
Les populations seront dans l’impossibilité d’avoir certains documents administratifs le temps que le commissariat et la préfecture soient rétablis et équipés de nouveau.
Aussi, les sommes colossales consacrées à la reconstruction de ces édifices et au rééquipement de ces infrastructures pouvaient servir à autre chose pour la région de Kayes et par-delà le Mali. C’est pourquoi les manifestants doivent penser à protéger les biens publics qui n’appartiennent pas qu’aux autorités, mais à eux-mêmes. Comme le dit l’adage, ‘’les hommes passent, le Mali demeura’’.
L’on peut manifester sa colère et son mécontentement sans brûler un bâtiment administratif ou un bien public. Malgré la colère, la population doit savoir raison garder et éviter de commettre des actes qui peuvent retourner contre elle. Il existe plusieurs manières pacifiques de se faire entendre par les autorités sans arriver à l’extrême.
De leurs côtés, les autorités doivent tout faire pour apporter des réponses adéquates aux causes réelles du malaise profond que vivent les populations. Déjà, en cette année 2020, le pays a enregistré plusieurs manifestations violentes qui ne sont que l’expression de l’insatisfaction de la population face à la mauvaise gestion du pays.
PAR MODIBO KONE
INFO-MATIN