A l’intérieur comme à l’extérieur du Mali, les nouvelles sanctions prises par les Chefs d’État de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) continuent de susciter des réactions. Des faits qui, aisément, laissent comprendre que les présidents décideurs ont été dénoncés par les populations des différents pays. Les déclarations de soutien en faveur du Mali pleuvent.
Au Sénégal de Macki Sall, passant par la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara ; le Niger de Mohamed Bazoum ; la Guinée du colonel Mamady Doumbouya ; le Burkina Faso de Rock Marck Christian Kaboré, ils sont nombreux à contester les nouvelles sanctions des Chefs d’Etat de la CEDEAO. Citoyens lambda comme personnalités des pays concernés, en plus de certaines organisations, tout le monde estime que les Chefs d’Etat ont eu tort de prendre des sanctions pareilles contre le Mali, un pays déjà fragilisé depuis près d’une décennie, par une crise multidimensionnelle et multiforme. Parmi les protestataires sénégalais figure Ousmane Sonko, l’opposant N°1 du président Macki Sall. Sur la base d’une publication largement relayée sur les toiles, le politique a donné son point de vue depuis Dakar, capitale sénégalaise. « Les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO ont annoncé des sanctions extrêmement sévères contre un(Mali) des leurs, sous prétexte que le chronogramme de transition prévu ne les satisfait pas. Que la CEDEAO nous édifie sur ce qu’elle considère comme un gouvernement légitime. L’avons-nous déjà vu sanctionner un régime lorsque les présidents violent leur constitution et s’engagent dans un 3ème mandat anticonstitutionnel, souvent sur le corps des pauvres citoyens ? », s’interroge Ousmane Sonko. Le politique estime que la CEDEAO souhaite ainsi piétiner sur ses principaux fondamentaux, uniquement pour protéger des intérêts étrangers. « La CEDEAO veut substituer une souveraineté communautaire factice à une souveraineté légitime du peuple malien qu’elle n’a jamais pu aider ni dans sa lutte contre le terrorisme djihadiste, ni contre les dérives politiques du président déchu(IBK), membre de leur syndicat d’affairistes », soutient l’opposant sénégalais. Et de cracher ses vérités à qui veut l’entendre : « Nous réaffirmons tout notre soutien au peuple malien qui va être pris en otage par une CEDEAO complice de présidents illégitimes, et qui sera tenue pour responsable de toutes les conséquences que subira le peuple malien, déjà tellement éprouvé ».
Sur l’aire ivoirienne, des réactions n’en manquaient aucunement, pour dire qu’il y a des ivoiriens qui ne partagent pas l’avis de l’homme fort, Alassane Ouattara. Sur les soutiens du peuple malien figure l’artiste Alpha Blondy qui ne mâche pas ses mots. « Je suis ivoirien. Je soutiens les Maliens. L’Afrique soutient le Mali », a posté sur sa page Facebook l’humoriste Adama Dahico. Sur la terre de la Guinée de Sékou Touré, le colonel Mamady Doumbouya et ses compagnons se sont désolidarisés de la CEDEAO.Via une déclaration, la junte décide de ne pas fermer ses frontières avec le Mali. Aussi, les militaires guinéens ont mis leur port à la disposition des Maliens, pour tout usage en cas de besoin. « Le comité national du Rassemblement pour le développement(CNRD) tient à informer l’opinion nationale et internationale que le République de Guinée n’a pas été associée à la décision du 4ème sommet extraordinaire des Chefs d’Etat de la CEDEAO, relative aux sanctions prises contre le Mali ».Par conséquent, le CNRD réaffirme que les frontières terrestres, aériennes et maritimes de la République de Guinée restent ouvertes à tous les pays frères, conformément à la vision panafricaine, lit-on dans le communiqué signé par le colonel Sadiba Kouloubaly. Au Niger, le mouvement dénommé « Tournons la page » qualifie la CEDEAO et l’UEMOA des organes devenus « un machin à la solde des puissances étrangères ». Comme beaucoup de citoyens d’ailleurs, les responsables du regroupement disent condamner les sanctions brandies par la CEDEAO contre le Mali. « Face à cette absurdité, TLP-Niger condamne avec fermeté et détermination les velléités des Etats africains, particulièrement ceux de l’UEMOA et de la CEDEAO à empêcher au peuple souverain malien de jouir de la plénitude de sa souveraineté, pour faire plaisir à des puissances étrangères, notamment la France… », Déplore-t-on dans le communiqué des Nigériens. Quant à l’éventuelle arrivée de Force en entente activée par la CEDEAO contre les militaires au pouvoir, certains africains rassurent qu’ils soient aux côtés du peuple, pour combattre ladite force sur le sol malien.
Mamadou Diarra
Source: LE PAYS