Le maire de la commune VI du district de Bamako, Alou Coulibaly, a été révoqué de ses fonctions de Maire, par un décret pris en Conseil des Ministres du mercredi passé. Depuis l’annonce de cette information des voies se sont levées, aussi bien sur les réseaux sociaux qu’au sein de la classe politique pour dénoncer cette décision du Gouvernement. Plus particulièrement celle de l’URD, le parti du maire révoqué. Cette situation risquera de provoquer un soulèvement, en cette veille des élections.
Pour l’une des rares fois dans l’histoire démocratique et de la pratique de la décentralisation dans notre pays, un maire en cours de mandat a été révoqué de ses fonctions. Cela après une suspension de trois mois, pour des raisons de fautes commises dans sa gestion des affaires de la collectivité. Notamment : inscrire le nom d’une illustre inconnue en qualité de conseillère municipale sur un ordre de mission pour la France, délivrer des dispenses de payement des taxes à des personnes qui ne respectent pas les conditions en la matière, faisant perdre à la maire des dizaines de millions de CFA, passations de marchés sans passer par la procédure normale.
Certes les fautes sont graves, mais au regard des enjeux de l’heure et du statut politique du maire sanctionné (membre du parti de l’opposition) de nombreux observateurs parlent d’un règlement de comptes politique. Cela en raison du fait que le parti au pouvoir fut battu à plate couture par la liste conduite par ce jeune maire.
Dans un communiqué rendu public, le parti du maire, l’ URD dénonce et condamne la décision et la qualifie de politique : « l’URD dénonce et condamne avec la dernière énergie cette décision, injuste et anti-démocratique à caractère politique » dit le communiqué. Et plus loin le parti soutient son maire et lance un appel à ses militants en ces termes: « l’URD suivra avec l’attention requise le déroulement de cette affaire et appelle ses militants et sympathisants à rester vigilants et mobilisés ».
D’autres activistes sur les réseaux sociaux estiment qu’il s’agit d’une opération de chasse à l’homme contre la nouvelle génération d’élus. Cela étant donné que le nommé Alou Coulibaly était le plus jeune élu parmi tous les six maires des communes du district de Bamako. De ce fait, en l’écartant de cette manière, l’on veut, selon eux, empêcher les jeunes de siéger à des instances de décisions locales.
Pour rappel, au moment de la proclamation de sa suspension, il y’a eu des actions de protestations, qui ont été vite contenues. Cela, compte tenu du fait que la suspension ne courait que pour trois mois. Après cette décision de révocation, les protestataires vont-ils revenir à la charge pour allumer un nouveau feu en cette veille des échéances électorales ? Rien n’est moins sûr.
En tout état de cause, le Gouvernement par la voix de son ministre en charge des Collectivités Territoriales a affirmé qu’il n’y a aucun dessous politique.
De même, au regard des textes qui régissent les collectivités, le parti en question ne perd rien, car c’est le 2ème sur la liste qui va désormais supplanter le maire fautif.
Par Jean Joseph Konaté
Par Le Sursaut